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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0338

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DES ANCIENS EGYPTIENS. 333

dans l'intérieur de la grande pyramide, et que nous avons retrouvée dans le nilo-
mètre d'Éléphantine (i).

Nous voilà donc parvenus, par une suite d'hypothèses sur l'unité de mesure
agraire, à découvrir une valeur de la coudée Égyptienne absolument identique
avec celle que l'on connoissoit déjà, et sur l'exactitude de laquelle il ne pouvoit
rester aucun doute (2) : d'où il suit que ces hypothèses sont conformes à la vérité,
et qu'à l'époque de la construction des pyramides, il existoit en Egypte une unité
de mesure agraire double de l'espace que l'on pouvoit labourer en un jour; que
cette unité étoit un carré dont le côté contenoit vingt caîines d'arpentage; enfin,
que cette canne d'arpentage avoit sept coudées de longueur.

Nous avons fait ;voir ailleurs comment, avant l'invention des mesures porta-
tives , les Egyptiens furent conduits naturellement à se servir d'une coudée com-
posée de sept palmes (3). Nous venons de montrer comment les premières notions

(1) Voyez le Mémoire sur le nilomètre d'Éléphantine,
déjà cité.

(2) J'ai rapporté, dans mon Mémoire sur le nilomètre
d'Éléphantine, diverses preuves qui constatent l'existence
et l'usage en Egypte d'une coudée de sept palmes, c'est-
à-dire, d'un palme plus longue que la coudée naturelle
dont les Grecs avoient adopté l'emploi. Depuis la publi-
cation de ce Mémoire, j'ai eu occasion d'en recueillir de
nouvelles à l'appui de celles que j'ai citées ; comme elles
sont propres à jeter un nouveau jour sur ce point fonda-
mental de métrologie, elles trouvent naturellement place
ici.

« Sésostris,ditDiodorede Sicile, Iaissaen quelquesen-
3) droits sa statue en pierre , ayant des traits et une lance
33 à la main , et de quatre palmes plus haute que les quatre
» coudées de sa taille naturelle. » [Livre i, page 12.0,
traduction de l'abbé Terrasson.)

On savoit que la stature humaine étoit de quatre cou-
dées naturelles : si donc on suppose que l'usage d'une
coudée de sept palmes de longueur fût établi en Egypte,
et que cette mesure , devenue portative, fût entre les
mains des sculpteurs Égyptiens, il falloit nécessairement
que les figures auxquelles ils donnoient quatre de ces
coudées pour conserver les proportions du corps humain,
eussent quatre palmes de hauteur de plus que les quatre
coudées naturelles. Peut-être aussi, tandis que la coudée
naturelle servoit de module aux statues des autres hommes,
par une exception que commandoient la puissance de
Sésostris et le rang qu'il occupoit dans l'ordre sacerdotal,
prit-on pour module de ses statues la coudée sacrée de
sept palmes, de même que l'on exprima en coudées sep-
ténaires les dimensions des édifices sacrés des Hébreux.
L'accord que présentent l'observation de l'historien Grec
surles statuesde Sésostris, et les prescriptions du prophète
Ezéchiel à l'occasion du temple et de l'autel , dont il
donne les dimensions, mérite d'être remarqué.

Nous voilà donc conduits, par le témoignage de Dio-
dore de Sicile, à reconnoître une coudée de sept palmes,
employée en Egypte du temps de Sésostris. Un témoi-
gnage plus récent va nous indiquer sa longueur absolue.

Edouard Bernard [Deponderibus et mensuris, lib. m,
pag. 217) compte parmi les différentes coudées Arabes,

dont il donne la définition d'après Kalkachendy, la coudée
noire, et la coudée dite de Joseph, laquelle est de deux
tiers de doigt plus courte que la coudée noire. Celle-ci
étant, comme on sait, la coudée nilométrique du Meqyâs
de l'île de Roudah, se trouve aujourd'hui parfaitement
connue; il ne reste, par conséquent, qu'à déduire de sa
valeur celle de la coudée de Joseph, d'après le rapport
qui vient d'être donné entre ces deux unités de mesure.

Observons d'abord que leshabitans actuels de l'Egypte,
Juifs, Chrétiensou Mahométans, attribuent généralement
à Joseph les anciens monumens ou les anciens usages dont
ils ignorent l'origine. Ainsi un ancien canal qui se rend
de la Thébaïde dans Ja province de Fayoum, est appelé le
canal de Joseph. Le mode actuel d'irrigation de cette pro-
vince est particulièrement attribué à Joseph. Le puits de
la citadelle du Kaire est appelé le puits de Joseph. Une
grande salle de ce château s'appelle le divan de Joseph.
Les magasins du vieux Kaire où l'on dépose les grains
provenant de l'impôt en nature ievé dans la haute Egypte,
sont désignés sous le nom de greniers de Joseph. Ils attrù
buent à Joseph le mode de perception des impôts et
l'invention du .papier : quelques auteurs Orientaux disent
même que ce fut Joseph qui construisit les pyramides. Ce
préjugé général, qui rapporte à ce patriarche tout ce dont
l'origine est inconnue, ne fonde-t-il pas à conclure de
la dénomination même de coudée de Joseph, quecette cou-
dée est la coudée Égyptienne antique, dont l'usage re-
monte au-delà des périodes connues de l'histoire! 11 nous
reste à montrer comment le calcul le plus simple justifie
cette conjecture.

Nous avons fait voir ailleurs (Aîéinoire sur le nilomètre
d'Eléphantine) que la longueur de la coudée noire est de
o'",5412- E^e est divisée en 24 doigts de om,022Ç
chacun, dont les deux tiers sont par conséquent de
ora,oi50. La coudée de Joseph, de deux tiers de doigt
plus courte que la coudée noire, est donc de o"',526, c'est-
à-dire, précisément égale à la coudée du nilomètre d'Élé-
phantine et des pyramides. Ainsi cette preuve s'ajoute
à toutes celles que nous avons déjà données de l'authen-
ticité de cette unité de mesure.

(3) Mémoire sur le nilomètre d'Eléphantine , sec-
tion 11, pag. ij.
 
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