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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0714

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DES ANCIENS ÉGYPTIENS. 7°7

Dans divers mémoires sur les somptueux édifices de la haute Egypte, j'ai fait
remarquer dans les proportions et les mesures la symétrie exacte et la régularité
qui ont présidé à la construction de ces ouvrages ; et le chapitre iv de ce mémoire,
sur-tout, a offert un grand nombre d'exemples de ces proportions parfaitement
régulières. C'étoit peut-être dans ce balancement harmonieux de toutes les parties,
et non dans leur grandeur absolue, que résidoit le principal mérite de cette archi-
tecture, qui n'étoit pas dépourvue, autant qu'on le croit, de grâce ou d'élégance;
et l'on ne peut refuser ce mérite aux Égyptiens, quoiqu'on ait dit avec plus d'esprit
que de justesse, qu'ils avoient sacrifié à tous les dieux, excepté aux Grâces. Com-
ment croire que les immenses lignes de ces bâtimens gigantesques eussent pu être
établies dans les projets des architectes, et tracées sur les plans et sur le terrain,
sans les ëlémens de géométrie ou sans l'usage du compas, comme on l'a soutenu,
enfin sans les moyens de l'art dont nous-mêmes faisons usage î II leur falloit
d'ailleurs des moyens particuliers, appropriés à la dimension extraordinaire des
matériaux.

Les pylônes, ces vastes portails qui précédoient les temples et les palais, avoient
leurs façades inclinées. Ces deux massifs, d'une hauteur prodigieuse, comprennent
entre eux une porte qui a ses montans verticaux. Si les lignes inclinées qui les
terminent eussent tombé tant soit peu en dedans de la porte, il en seroit résulté
un porte-à-faux dont l'œil eût été choqué, et qui auroit nui à la solidité appa-
rente de l'édifice. Les constructeurs ont évité avec soin cette faute : ils n'avoient
garde de blesser, même en apparence, les règles de la solidité. En effet, les
grandes lignes des pylônes, étant prolongées, viennent toujours aboutir exacte-
ment à la naissance des montans de la porte, et, après tant de siècles, rien n'a
changé dans cette direction précise, là où les portes et les pylônes sont restés
intacts. Il est évident que l'exécution de ces ouvrages demandoit au moins des
connoissances élémentaires en géométrie et d'excellentes méthodes pratiques, sans
parler de la perfection de .leurs moyens mécaniques (i).

C'est un fait constaté par l'accord des auteurs, que le projet de faire commu-
niquer les deux mers qui baignent l'Egypte, fut différé, chez les anciens Egyptiens,
dans la crainte qu'on avoit d'inonder le pays, les eaux de la mer Rouge étant plus
élevées que le sol. Cette connoissance du niveau supérieur de la mer Rouge fait
honneur aux anciens, si on ne leur suppose pas d'instrumens comme les nôtres;
et si on leur en suppose d'analogues, c'est admettre encore quelque avancement
dans les moyens d'observation : mais, outre qu'ils savoient l'existence de la diffé-
rence de niveau, ils en connoissoient encore la quantité. En effet, ce n'étoit pas
seulement une conjecture, une opinion probable ; Pline s'explique de manière à
faire voir qu'il fut fait une opération, une mesure précise : Ultra déterrait inun-
dationis metus, excelsiore tribus cubitis Rubro mari comperto qaàm terra ALgypti (2).
On peut être curieux d'apprécier l'exactitude de ce résultat.

Les trois coudées d'élévation de la mer Rouge au-dessus de la vallée d'Egypte
sont une mesure exacte; en effet, elles répondent, d'après notre évaluation de fa

(1) Voyez la Description d'EcJfoû, A, D, chap, V. (2) PHn. Hist. nat, Iib. VI, cap. 29.
 
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