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Marolles, Michel de
Tableaux Du Temple Des Muses: Tirez Du Cabinet De Feu Mr. Favereau ... & gravez en Tailles-douces par les meilleurs Maistres de son temps ... — Amsterdam, 1676 [Cicognara, 4722]

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https://doi.org/10.11588/diglit.4177#0391

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BELLE R.OPHON. XLÎs.
UELLE chimère voicy representée dans cette
taille-douce ! Une Beste comportée d'un triple
corps, de Lyon en la première partie, de Dragon
en la dernière, & de chèvre en ceile du milieu,
jettant des siâmes ardentes d'une gutule affreuse I
Ceîuy qui a feint que de tels animaux ont du nai-
stre au monde d'une terre nouvelle, & d'un jeu-
ne Ciel, ne s'est authorisé en cela que du vain prétexte de la nouveau-
té, quoy qu'il ait débité bien d'autres mensonges de pareille sorce,
comme d'avoir dit que des sleuves doréz ont coulé sur la Terre, 8c
que des arbrhTeaux ont porté des perles, ou qu'un homme a efté veu
au monde avec vne taille Ci demesurée, & des membres si prodigieux,
qu'il pouvoir traverser à pied les Mers les plus prosondes, Se que de
ses mains il pouvoit ébranler le Ciel, & le faire tourn er autour de soy.
Homère à qui le Poëre Lucrèce fait ce reproche, sans le nommer,
raconte à peu près en cette sorte, sous la personne deGIaucus par-
lant à Diomede, î'histoire qui a donné sujet à ce Tableau. Dans
une ville asfez renommée du païs d'Argos, qui se nomme Ephyre,
on tient que Sisiphe sils d'Eole en sut le premier Roy, son fils Glau-
cus luy succeda, & de celuy-cy estant désia sur l'âge, sortit Beîîe-
rophon , que les Dieux enrichirent de dons exquis, & qui sut admiré
pour son esprit & pour sa beauté, sans parler de sa valeur incompa*
rabîe; mais Prsetusqui de (on temps commandoit dans la Grèce, 6c
sous le pouvoir de qui Beîlerophon sut élevé, luy porta une si gran- .
de envie, que ce Roy prévenu de la malice de sa femme, pîuftoft
que de son propre mouvement, conspira contre luy. Cette femme
appelîée Antia (d'autres néanmoins la nomment Stenboée) ayant
regardé cejeune Seigneur avec trop de curiofité, en devint si paffion-
née, qu'elle en perdit la pudeur & le refpect; mais elle ne le pût
émouvoir à siiivre fa volonté, ny à violer la couche de ceîuy qui l'a-
voir élevé, bien qu'elle y employait les larmes avec les prières ; de
forte que son amour changée en rage defevoirainfîméprifée, luy
conseilla de l'aceufer devant fon mary, & de le charger fauflèment
du crime dont elle-meûne estoit coupable. Le Roy adjoufta foy aux
T t paro-
 
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