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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0203

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D INSTRUMENT DE MUSIQUE DES EGYPTIENS. I ç p

Il seroit donc encore possible que le mot cnic^çyv, quoique très-différent en
apparence du mot Egyptien cmcén, en fût cependant dérivé.

Pour résoudre plus clairement cette question, il ne sera pas inutile de nous
assurer si le mot cencen ne se reproduiroit pas avec de légers changemens dans
d'autres langues, Comme le nom de l'instrument que nous appelons sistre.

D'abord ce mot se reconnoît sans peine dans le mot Éthiopien Sfihki [tçena-
çel (i) ou cenacel]', qui signifie en cette langue un sistre ; car il est évident que ce
mot ne diffère du mot Egyptien cencen que par le changement des lettres fortes
en lettres foibles, et parce que l'on a substitué la consonne linguale / qui finit
ce mot, à la consonne linguale n qui termine celui de cencen. Quant à la voyelle a,
qui se trouve dans le mot Éthiopien et qui n'est point dans le mot Égyptien, on
sait que dans les langues Orientales il n'y a que les consonnes qui soient regardées
comme les parties essentielles des mots, et que les voyelles n'en changent point la
nature et l'acception.

Par la même raison que les Éthiopiens ont pu substituer la consonne lin-
guale / à la consonne linguale n, d'autres auront pu, en substituant deux / aux
deux n du mot Égyptien cencen, transformer ce mot en celui de ce/ce/; et c'est
ce qu'ont fait les Hébreux ou plutôt les Chaldéens, en ajoutant à ce mot la
terminaison propre à l'idiome de leur langue, et en changeant les lettres fortes
en lettres douces. Ainsi, au lieu de cencen, ils ont d'abord eu le mot celcel; et
en adoucissant la première et la quatrième consonnes, ils ont formé le mot de
tieltielei ou t^jlt^elei. Il n'a donc fallu, pour opérer un aussi grand changement
dans le mot Égyptien, que substituer une consonne linguale à une autre consonne
linguale et une lettre foible à une lettre forte.

Nous attribuons aux Chaldéens le changement de \'n en l, d'après ce que nous
apprend Scaliger, qui remarque, dans son livre De emendatione temporum, que les
Chaldéens étoient dans l'usage de substituer le lamed au îiun (2) dans les mots où
ce dernier se rencontroit; qu'ils prononçoient Labonassar pour Nabonassar, et
Labonidas pour Nabonidas. Or, comme les Hébreux perdirent presque totalement
l'habitude de leur langue par l'usage continuel qu'ils firent de la langue Chal-
daïque pendant leur captivité à Babylone, et qu'ils contractèrent l'habitude de
prononcer comme les Chaldéens, il est très-probable aussi qu'ils se seront con-
formés à la manière dont ces derniers prononçoient le mot cencen.

Les Grecs, qui ont emprunté presque tous leurs instrumens des Asiatiques,
auront pu en recevoir aussi celui-ci, ou au moins son nom. Ils auront, suivant
leur usage, écarté du mot tiiltielei tout ce qui leur en rendoit la prononciation

voix; depUbv, rosa, rose; de xvkaoç, circulus, cercle; de
KtL7rcu/y[, cabane; de Jca,6ciMn?, cheval; de tÎtmç, titulus,
titre; d'otTroçsAo?, apostolus, apôtre ; immtomç, episcopus,
en allemand bischojf, en italien vescovo, et en français
évêque. Mais les altérations deviennent bien plus grandes
dans les mots des langues Orientales qui ont été pronon-
ces et écrits par les Grecs, et qui nous sont parvenus de
cette manière. Les Grecs, qui sacrifioient tout à la déli-
catesse de leur oreille, loin de chercher à se rapprocher

le plus possible de la prononciation de ces mots, lors-
qu'elle leur paroissoit trop dure, ne se faisoient aucun
scrupule d'en retrancher les lettres dont la prononciation
les embarrassoit, ou d'y en substituer d'autres souvent
très-différentes.

(1) Nous écrivons toujours les mots Éthiopiens d'après
la prononciation des prêtres Abyssins, et non d'après
l'usage Européen.

(2) C'est-à-dire, la lettre / à la lettre n.

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