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Monatsberichte über Kunst und Kunstwissenschaft — 3.1903

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Müntz, Eugène: Le portrait dans l'antiquité chrétienne, 1/2
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https://doi.org/10.11588/diglit.47725#0019

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7

Le Portrait dans l’Antiquite chretienne
par Eugene Müntz.

L’art chretien primitif, qui avait fait tant
d’emprunts au symbolisme paTen, ne pouvait manquer
de se penetrer egalement des effigies si frappantes,
si saisissantes, dans lesquelles les artistes de la fin
de l’Empire avaient perpetue les traits de tant de
leurs contemporains.
L’antiquite romaine avait donne ä l’art du
portrait une perfection rare: d’innombrables statues
et bustes, peintures ou mosaTques, monnaies et
medailles, sont lä pour le proclamer. II suffit de
rappeler les merveilleuses effigies ä l’encaustique
ou ä la fresque conservees au Louvre et au British
Museum1), ou encore celles du Fayoum, exposees
ä Paris, il y a quelques annees, par la maison
Graf de Vienne2).
En proclamant le talent deploye par les por-
traitistes romains, sculpteurs, peintres, mosa'istes,
je me trouve, je le sais bien, en contradiction avec
une declaration formelle de Pline l’ancien. L’auteur
de l’Histoire naturelle n’a-t-il pas emis ce
jugement memorable (livr. XXXV): „La pein-
ture, qui transmettait ä la posterite la ressemblance
la plus parfaite des personnages, est completement
tombee en desuetude, on consacre des ecussons de
bronze, des effigies d’argent; insensible ä la diffe-
rence des figures, on change les tetes des statues,
et lä-dessus depuis longtemps courent des vers
satiriques, tant il est vrai que tous aiment mieux
attirer les regards sur la matiere employee, que
de se faire connaitre. Et cependant on tapisse les
galeries de vieux tableaux, on recherche les effigies
etrangeres; mais pour soi-meme on n’estime que
le metal de l’effigie, afin sans doute qu’un heritier
la brise, et que le lacet d’un voleur la saisisse.
Ainsi, aucun portrait n’etant vivant, on laisse l’image
de sa fortune, et non la sienne. Ces memes gens
ornent les palestres, les salles d’exercice, de por-
traits d’athletes; ils ont dans leur chambre ä cou-
cher et portent avec eux le portrait d’Epicure.

') Cros et Henry, FEncaustique et les autres Procedes
de Peinture chez les anciens. Paris. 1884.
2) Ebers, die hellenistischen Portraits aus dem Fajjum.
Leipzig. 1893.
Longue est la bibliographie du sujet. Je me bornerai ä eiter ici
les C a u s e r i e s d’un C u r ie u x de Feuillet de Conches (t. I, p. 307—459),
la Revue archeologique de 1895 (t. II, p. 293), le Jahrbuch des
k. k. arch. Instituts de 1886 (article de M. Helbig sur les portraits de
Platon), le grand ouvrage de M. Bernouilli etc.
Jacques Burckhard s’est occupe de la peinture de portrait chretienne
des premiers siecles dans ses: Beiträge zur Kunstgeschichte von
Italien (p. 146—147), mais sans penetrer dans l’esprit de la question.
Voyez egalement: Schlosser, Beiträge zur Kunstgeschichte aus
den Quellen des frühen Mittel a Iters, p. 121, et suiv.

Le temoignage de Pline toutefois ne nous
embarrassera guere: il ne s’agit dans l’espece que
d’une simple boutade, ä laquelle il ne convient pas
d’accorder trop d’attention.
Dans l’art du medailleur, non moins que dans
la sculpture, l’Empire romain avait laisse d’in-
comparables modeles, tont ensemble si precises
et si souples! Ces qualites, qui s’etaient main-
tenues jusqu’au temps des Flaviens, commencerent,
sous les Antonins, ä faire place ä la secheresse;
celle-ci ä son tour degenera en lourdeur et en
banalite. Cependant, longtemps encore, les artistes
romains reussirent ä fixer du moins la ressemblance
physique. L’un d’eux meme mettra une haute poesie,
un rare melange de beaute et de vie, dans la
medaille qui represente de face le tyran. Posthume
(258—267)’).
Venons-en aux debuts de l’art chretien, tel
qu’il se manifeste dans les Catacombes. Rien n’est
plus rare, soit ä Rome, soit ä Naples, qu’une effigie
offrant quelque accent de realite ou de vie: tout
y est conventionnel et estompe 2). A peine, de loin
en loin, une figure tant soit peu individualisee, le
buste de femme ou le buste de guerrier, la poitrine
nue, publies par Garrucci (pl. 32, 68 — cf. pl. 93,
99, 101, 102), pour ne point parier des innom-
brables orants et orantes; ou encore, dans une
peinture de la catacombe d’Ostie, la Scene
d’agapes oü chaque convive a son nom ecrit
au-dessus de lui: nous avons affaire ici de vrais
portraits3).
Des Catacombes proviennent egalement deux
portraits en mosaique conserves ä la Bibliotheque
Chigi. Ces mosaTques trouvees au cimetiere de
Cyriaque en 1656, representent Flavius Julius
Julianus, mort prefet de Rome en 388, et sa femme
Maria Simplicia Rustica (Abbildg. a). Ce sont des
portraits encore un peu flottants, mais cependant
d’une grande sincerite. L’attitude de la femme est
celles des orantes.

!) Imhoof Blümer, P o r t r a i t-K ö p f e auf römischen Münzen
der Republik und der Kaiserzeit, pl. III, n° 91. Leipzig, 1892. —
2) Il faut reconnattre ä ce sujet que Palmyre, cette Ecole ä moitie
grecque ä moitie orientale, offre un ensemble de portraits realistes tres
fins et tres penätrants, qui tranchent nettement sur les types romains.
Vov. les Comptes-Rendus de PAcademie des Inscriptions.
189'1, et 21 Juillet 1893.
La peinture de portrait etait plus developpee chez les chretiens
d’Orient si l’on en juge par les excellents portraits d’une crypte de
Palmyre, datee de Fan 259 apres Jesus-Christ. (Strzygowski, Orient
oder Rom; Leipzig, 1901; p. 31 et suiv.)
3) Venturi, Storia dell’ Arte italiana, t. I, p. 10.
 
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