Monatsberichte über Kunstwissenschaft und Kunsthandel (2.1902)

Albert Bartholome.

Par Paul Lafond.

La premiere manifestation d’une civilisation,
Ja plus essentielle, est architecture. Elle affırme
jes conditions du climat, la nature du sol, les ca-
racteres de la race ot elle se produit. Elle en-
gendre la sculpture qui en est la continuation et
le complement et qui, semblable ä une plante
grimpante, prend son essor, croit et s’epanouit d&s
qu’elle peut s’accrocher aux aretes et aux saillies
dun editice. Mais si architecture perd ses qua-
lit&s de mesure et de proportion, la sculpture ne
lui sert plus que d’ornement, ne fait plus corps
avec elle: V’abandonnant en quelque sorte et obligee
_de se suffire 4 elle meme, elle tend vers l’individua-
lisme. C’est ce qui a eu lien au XVI® siecle; ce
que on voit encore aujourd’hui. Aux approches
de la Renaissance ’art a cesse d’e&tre l’expression
de la collectivit& pour se mettre au service des princes
et des grands; si, a notre €poque de&mocratique, les

princes et les grands ne regentent plus l’art, ses
manifestations n’en restent pas moins individuelles.

Il s’est cependant trouve de nos jours un ar-
tiste, M. Albert Bartholom&, qui, dans une magni-
fique inspiration, a dote Paris d’un monument con-
sacr€ aux masses impersonnelles et anonymes,
c’est-A-dire ä la nation entiere et dans lequel l’archi-
tecture et la sculpture forment un ensemble complet
d’une homogeneite absolue.

Le Monument aux morts, eleve€ par Iuil
au cimetiere du Pre La Chaise, s’adresse bien
A la foule, A tous ceux qui ont souffert, qui souffrent,
aux iches comme aux pauvres, aux puissants comme
aux faibles. Il les r&unit indistinctement dans cette
meme pensde de l’in&vitable, de la mort, mais de
la mort melancolique et presque douce, laissant
derriere elle dans un sentiment de recueillement et
de tendresse, l'esp&rance d’une resurrection.

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