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Monatsberichte über Kunst und Kunstwissenschaft — 3.1903

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Müntz, Eugène: Le portrait dans l'antiquité chrétienne, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.47725#0110

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89

Giorgio in Velabro, Saint Georges ä cöte de son
cheval, ne soit la copie de l’ancienne mosaique
de cette eglise. Cette image se trouvait „in cameris
tribunalis“, c’est-ä-dire, selon tonte vraisemblance,
comme M. Schmidt l’a fait observer, dans le por-
tique ou la halle oü l’on rendait la justice1). En
effet, un document de 908, publie par Muratori2),
parle precisement de ce tribunal de Pavie attribue
ä Theodoric: „dum in Dei nomine, civitate Papia,
in sacro Palatio, hubi domnus Berengarius preerat,
in laubiam3) majorem, ubi sub Teuderico dicitur,
in judicio residerat Johannes, etc.“
Dans l’autre, le puissant monarque, tenant
d’une main la lance, de l’autre le bouclier, etait
place entre deux figures, l’une, celle qui se trou-
vait du cöte du bouclier, personnifiait Rome, rede-
vable ä Theodoric de son nouvel eclat; eile etait
coiffee d’un casque et armee d’un javelot. La
seconde, Ravenne, s’avancait vers son vainqueur,
le pied droit pose sur la mer, le pied gauche sur
la terre ferme.
Ce portrait devint le point de depart d’une
legende fort curieuse. On regarda comme autant
de presages de malheur — c’est Procope qui le
raconte — la chute des differentes parties du portrait
en mosaique deTheodoric, incruste sur un monument
du forum de Naples. Le haut de la figure se detache
d’abord: presque aussitöt Theodoric mourut. Huit
annees plus tard disparurent les cubes d’email qui
dessinaient la poitrine du conquerant goth: on ne
tarda pas ä apprendre la mort d’Athalaric, son petit-
fils et successeur; on fit coincider la ruine de la
partie centrale de la figure avec la mort d’Amala-
sonthe; enfin, au moment de la prise de Rome par
Belisaire, on vit tomber ce qui restait encore de la
mosaique, et personne ne douta plus que le regne
des Goths ne touchät ä sa fin.
La mosaique absidale de Saints Cosme et
Damien, executee sous le pape Felix Ier (526-530),
contient, ä l’extremite gauche, le portrait du fonda-
teur, portant sur ses mains le modele du sanctuaire
qu’il a fait construire. Cette figure a malheureuse-
ment partage le sort de certaines statues d’em-
pereurs romains: eile a change plusieurs fois de
töte. Notons qu’ä cette epoque les donateurs
avaient la möme taille que les autres personnages
— apötres ou saints. Ce qui les faisait souvent
paraitre plus petits, c’est qu’ils etaient places ä
l’extremite du demi-cercle dessine pour la „concha“
et que, partant, ils pouvaient se developper infini-
ment moins que les figures placees au centre et
occupant toute la hauteur de l’arc.
Des lors les artistes concentrerent tous leurs
efforts sur le visage. Si nous nous attachons au
reste du corps toujours recouvert de vetements (ce
qui est plus commode pour le peintre), la decadence
est dejä bien sensible; les corps sont trop courts,
les extremites surtout sont defectueuses; les pieds,
trop petits, sont comme atrophies, les jambes ä peine
modelees, les mains faibles; seules, les tetes et les
draperies sont parfaites.

1) Jahrbücher für Kunstwissenschaft. 1873, p. 3.
2) Antiquitates italicse medii eevi, t. II, p. 933.
3) Ducange: sub verbo „laubia“.

Dans l’intervalle avait eu lieu la terrible guerre
des Goths qui tua toute culture d’art dans la
malheureuse Italie. Il y a un abime entre la mosaique
de SS. Cosme et Damien, somme toute encore si
grandiose, et celle de Saint Laurent-hors-les-Murs
(577-590). D’ailleurs dans celle-ci le portrait du
pape Pelage est trop restaure pour nous fournir un
point de repere certain. Ce personnage porte sur
ses bras le modele de l’eglise qu’il a edifiee. II
n’a ni nimbe circulaire, ni nimbe carre.
Vers le fin du VIe siede et le commencement
du VIIe, Gregoire le-Grand (590-604) fit placer les
portraits de l’empereur Phocas et de son epouse
dans l’Oratoire de Saint Cesaire (Cesaree). Citons
encore, parmi les productions du VIIe siede, le
portrait du möme Gregoire le Grand, place par
ordre de ce pape, ä cöte de celui de son pere et de sa
mere dans le couvent qu’il avait fonde sur le Ccelius.
Le VIIe siede, ä son tour nous offre quelques
portraits interessants. Si, ä Sainte-Agnes-hors-le s-
Murs, les deux papes, debout aux cötes de la
Sainte les tetes des deux papes Symmaque et
Honorius Ier (626-638) ont ete completement refaites
et qu’il n’y a donc pas lieu de s’y arröter, par contre,
les mosai’ques de l’oratoire de Saint Venance
contiennent dans la ,,concha“ de l’abside, les portraits
des papes Jean IV (639-642) et Theodore (642-649).
Le premier porte sur ses deux mains, recouvertes
par les plis de son vetement, le modele de l’eglise
qu’il a fait construire; le second, sous le pontificat
duquel la mosaique fut achevee un livre.
Au VIIIe siede, la mosaique de l’Oratoire de
Jean VII (705—707) dans l’ancienne basilique du
Vatican, nous offre un portrait, de tout point
excellent, de ce pontife d’origine grecque. II est
represente debout, legerement inclinö, la töte
ceinte d’un nimbe carre, et tenant des deux mains,
sous les plis de sa toge, le modele de l’oratoire.
A cöte de lui, mais de dimensions beaucoup plus
grandes, se tient la Vierge, les mains etendues.
L’inscription: „Johannes indignus episcopus fecit“,
revele l’humilite du personnage. Remarquons la
difference de taille du pape et de la Vierge: desor-
mais les donateurs seront presque invariablement
de dimensions presque microscopiques.
Le buste de Jean VII existe encore, il est
conserve dans les Grottes du Vatican. Je repro-
duis ici la description que j’en avais donnee jadis:
„II mesure 0,75m de large, sur 0,75m de haut;
le bas du corps manque. Le pape est vu presque
de face, il porte sur ses bras, couverts de sa Cha-
suble, le modele de l’oratoire qu’il a fait construire.
Ses traits expriment une certaine souffrance; ce
sont ceux d’un homme soucieux, malingre. Sa
töte se detache sur le nimbe carre: indicium viven-
tis. Son costume se compose d’une tunique jaune,
ä plis rouges, et d’un pallium sans croix. La
technique de ce portrait merite une mention
speciale: dans la face, qui seule parait intacte, les
cubes sont beaucoup plus fins et plus petits que
dans le reste du corps; ils ont d’ailleurs perdu
tout eclat par suite de l’usure, et en maint endroit
le ciment a pris la place de l’email ou du marbre.
Mais le soin avec lequel ils ont ete choisis et assem-
 
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