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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Sarcey, Francisque: Art dramatique: Blanche Pierson
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0039

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ART DRAMATIQUE

BLANCHE PIERSON

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aimable artiste dont nous allons par-
ler, Blanche Pierson, est créole. Elle est
née à Saint-Paul dans l'île Bourbon.
Faut-il dire la date exacte du jour où
cette jolie blonde naquit de l'écume
des flots? pourquoi non? « Quel âge
désirez-vous avoir? » lui demandai-je
en souriant, quand j'eus l'idée d'écrire
cette biographie. La forme de cette
question n'était pas des plus correctes,
je le reconnais, mais que voulez-vous? j'ai pour principe
que les femmes — et les comédiennes sont dix fois plus
femmes que les autres — ont tout droit sur leur acte de
naissance. Elles le portent sur leur visage, et quand il leur
plaît de dire : « J'ai vingt ans! » elles ont raison en dépit
de tous les greffiers de mairie et de tous les sacristains
d'églises, si leur front n'en marque pas trente. Et voilà
pourquoi je ne sens nulle honte à la demande que j'a-

Fragment d'un plafond exécuté par Galland, dessin de Scott, dreSSai â M"6 PierSOn :

gravure de A. Leveillé. /"Y 1 â ' " J / •

« Quel âge desirez-vous avoir?

— Le mien! répondit-elle fièrement. Je suis née le 9 mai 1842. »

Et comme j'ajoutais : « Prenez garde! ètes-vous sûre de ne jamais vous repentir d'être née si
loin de nos grands jours de 48 ?

— J'me l'demande!... » s'écria-t-elle avec ce petit geste coquét et mutin, dont elle nargue Moris-
seau dans Nos Bons Villageois, de Victorien Sardou.

Va donc pour le 9 mai 1842. C'était ce qu'on appelle un enfant de la balle. Son père occupait
au Théâtre-Français de l'île Bourbon la place de régisseur général ; elle était en outre nièce de Pierson,
l'artiste de la Porte-Saint-Martin, et de l'excellent Numa, qui avait épousé une sœur de son père.

Des affaires de famille rappelèrent en 1847 ses parents en France où ils abordèrent en mai 1848,
après un voyage qui avait duré plusieurs mois. Ils coururent tous ensemble les provinces de l'ouest, et
c'est à Rennes que la petite Blanche, alors âgée de onze ou douze ans, monta pour la première fois sur
les planches d'un théâtre. Elle jouait, dans la Gabrielle d'Emile Augier, ce rôle d'enfant, qui joue avec la
terre, où débuta également à la Comédie-Française la jolie Céline Montaland, qui devait plus tard de-
venir au Gymnase dramatique sa rivale et son amie.

Elle fut choyée, fêtée, applaudie. Mais ses parents eurent le bon sens de ne pas exploiter ce succès
précoce, de ne pas surmener cette jeune et hâtive intelligence. On la mit en pension, dans un couvent,
je crois, à Besançon, où elle apprit ce qu'apprennent toutes les jeunes filles de notre génération, c'est-
à-dire fort peu de chose.

Au sortir de là, elle fut engagée à Bruxelles. Elle était alors toute grandelette, quelque chose
d'indécis entre la jeune fille et l'enfant, un joli petit fruit vert. Fechter la remarqua dans quelques
bouts de rôle, où il goûta fort les grâces un peu acides de cette ingénuité de treize ans, l'aida de ses
 
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