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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Vosmaer, Carel: Courrier des Pays-Bas: (correspondance particulière de l'Art)
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Nos planches hors texte
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Eugène Fromentin
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0281

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240 L'ART.

sont représentés par une foule de petits objets. Les hommes
illustres par leur talent ou leurs livres scientifiques sont présents
dans leurs portraits. Il y a plusieurs beaux portraits de Vondel
par Philip Koninck; Ephraïm Bueno, par Rembrandt; Maria
Tesselschade Visscher et sa sœur, deux superbes sanguines par
Goltzius. Les dix figurines en bronze, représentant les plus
anciens portraits connus des comtes de la Hollande, datant du
xvc siècle, sont également remarquables au point de vue histo-
rique et artistique.

La section des arts contient encore une foule de dessins
ayant rapport à Amsterdam, ainsi que des peintures par Rem-
brandt, Hobbema, Bol, Koninck, De Keyser, Van der Helst,
Bakhuysen, Du Jardin, Mierevelt.

M. Cuypers a eu la bonne idée d'arranger trois apparte-
ments du xviic et du xvme siècle, avec leurs meubles, tableaux,
cheminées, plafond à poutres, etc.

Vous entrez, et vous vous croyez transporté tout à coup
dans une de ces vieilles maisons du temps passé. Le maître est

absent, mais il va certainement revenir. Tout est exactement de
l'époque, et contribue à l'illusion. Ce livre négligemment posé
sur ce vieux bahut est encore à moitié ouvert ; le lecteur sans
doute n'est pas loin ; ces tapisseries, ces tableaux, ces menus
objets de la vie ordinaire que l'on voit traînant çà et là, ces
ustensiles de ménage d'une couleur locale si parfaite, si propres
et si luisants, racontent la vie néerlandaise du xvne siècle. Non,
vous ne rêvez pas! Et si vous allez jusqu'à la cuisine, en voyant
une femme maigre aux traits accentués, qui taille des légumes ou
plume une volaille, oh ! alors, vous ne douterez plus, car dans
cette robuste créature, qui parle, marche, travaille, qui certes
est bien vivante, vous reconnaîtrez une des servantes de Nicolas
Maas, avec le même costume très-authentique, dont le maître l'a
affublée dans son tableau.

Voilà un exposé sommaire de cette exposition bien digne d'être
visitée par les étrangers. La commission directrice mérite les plus
grands éloges.

C. V

os m aïr.

NOS PLANCHES HORS TEXTE.

Cette livraison est accompagnée d'une eau-forte de Gustave
Greux, représentant le Quai aux fleurs, d'après le tableau de
Firmin Girard.

L'appréciation de cette œuvre du-Salon de 18765e trouve à
la page 300 du tome V.

Nous donnons aussi Santon à la porte d'une mosquée, de
J. L. Gérome dont la gravure n'était pas prête quand ont paru
les articles sur le Salon de 1876. On en trouvera la critique
page 20 du tome VI.

EUGÈNE FROMENTIN-

La mort trappe cruellement l'Ecole française ; après
nous avoir enlevé coup sur coup des chefs tels que Millet,
Corot, Barye, elle s'attaque à leurs meilleurs lieutenants.

Il y a peu de jours, Eugène Fromentin allait revoir sa
ville natale 1 ; il était plein de santé, rien ne pouvait faire
croire à sa fin prochaine ; à peine arrivé il est atteint d'un
anthrax et le 27 août, il mourait à Saint-Maurice, près La
Rochelle. Cette brusque mort causera d'unanimes regrets,
car M. Fromentin, par son affabilité et sa bienveillance
comme par l'extrême honorabilité de son caractère, avait
su gagner l'estime générale.

C'était une organisation artistique des plus distinguées;
l'Algérie avait en lui son peintre ordinaire ec c'est par ses
tableaux algériens qu'il vivra.

Les toiles que lui inspirèrent Venise et l'Egypte sont très-
loin d'êcre à la hauteur de ses meilleures œuvres retraçant
des scènes de la vie arabe. Dans ces derniers temps, sa
production était devenue trop hâtive, son faire trop som-

1. La Rochelle, où il naquit en 1820.

maire et son coloris assombri. Mais s'il y a eu des éclipses
chez l'artiste, l'écrivain n'en a jamais connu et Eugène
Fromentin restera comme un des écrivains éminents de ce
temps. Un Eté dans le Sahara. Une Année dans le Sahel
sont d'immortels chefs-d'œuvre, et les Maîtres d'autrefois.
publiés il y a quelques mois, sont le plus admirable livre
d'art que nous connaissions.

Eugène Fromentin avait fait à l'Académie française
l'honneur de se présenter pour le dernier fauteuil vacant ;
on lui a préféré quelque illustre inconnu. C'est le contraire
qui nous eût surpris. Le présent ne connaît pas le nom
de l'obscur professeur qui l'emporta sur lui, l'avenir ne
s'en doutera pas davantage, tandis qu'il donnera à Fro-
mentin une double immortalité pour ses écrits d'abord,
pour sa peinture ensuite, peinture descriptive, spirituelle,
toute de surface, pleine de séductions charmantes, mais
qui est bien plus œuvre de lettré que d'artiste.

Léon Mancino.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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