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L'ART.
Toute écriture, tout dessin tracé à l'aide de cette plume peut
se reproduire à un aussi grand nombre d'exemplaires qu'on le
désire. Ce n'est plus un calque, c'est une reproduction fidèle,
un fac-similé très-net que l'on obtient avec cette plume élec-
trique.
Le porte-plume porte à son sommet un moteur électrique
infiniment petit, qui tiendrait dans le chaton d'une bague. Cette
machine possède cependant assez de force pour pousser une
aiguille qui perce le papier avec une vitesse de 5 à 6,000 trous
par minute. C'est une merveille de rapidité. On ne voit rien, et
cependant l'aiguille accomplit très-régulièrement son œuvre invi-
sible. Partout où va la plume, le papier est perforé; il est
comme percé à jour : sous le trait d'encre, il y a des centaines
de petits trous.
Il suffit de déposer sur une feuille blanche le papier patron
ainsi préparé et de passer sur lui un rouleau imbibé d'encre pour
obtenir un fac-similé du dessin ou de l'écriture.
L'encre pénètre par tous les petits trous et reproduit sur la
feuille les caractères ou les lignes tracés par la plume. On peut
se procurer ainsi quatre à cinq fac-similé par minute, et un seul
dessin ou patron pointillé suffit pour imprimer mille exem -
plaires.
— Exposition a Nouméa. — La Nouvelle-Calédonie vient
d'avoir, à l'exemple de Paris, de Londres et de Philadelphie, sa
grande Exposition d'agriculture, des Beaux-Arts et de l'industrie.
La chose est plus sérieuse qu'on ne pense peut-être, et
mérite qu'on y fasse attention. La section des Beaux-Arts dont
nous avons seulement à nous occuper ici était riche en curieux
spécimens, et le gouverneur de la Calédonie, M. de Pritzbuer,
par les soins duquel l'Exposition avait été aménagée dans son
hôtel et ses jardins, l'a constaté avec beaucoup de tact dans son
discours d'ouverture, le 16 mars de cette année :
« L'industrie naissante des Beaux-Arts eux-mêmes, a-t-il dit,
a ici ses représentants. Certaines choses sont aussi bien ou mieux
faites que dans des centres plus populeux et plus anciens que
Nouméa, seulement elles sont encore grevées de grands frais, et
par suite trop chères; l'avenir y remédiera. Il suffit, pour le
moment, qu'on produise; que la matière première et le talent
existent incontestablement parmi nous, le reste viendra, et les
débouchés ne nous manqueront pas. La colonie voisine (Sydney)
applaudira à ce premier envoi que nous allons lui faire pour son
exposition, et appréciera nos efforts avec la sympathie qu'elle
nous a toujours montrée.
« Beaucoup de beaux spécimens nous viennent des pénitenciers
de la déportation, ou sont l'œuvre des déportés de la Grande-
Terre. Je félicite vivement leurs auteurs ; ils travaillent et tra-
vaillent bien; ils sont un salutaire exemple pour les autres. Et,
de fait, je suis heureux de le constater, la bonne volonté au tra-
vail n'a pas manqué sur nos lieux de déportation depuis quelque
temps. Aussi la conduite s'y est-elle améliorée; l'une est la consé-
quence de l'autre. »
Dans le grand salon du Gouvernement, on s'arrêtait d'abord
devant un projet de palais de justice, dû à M. Arnold, de la
presqu'île Ducos ; puis on était attiré vers le fond par une toile
représentant la scène d'Hamlet et des fossoyeurs au cimetière.
La figure du prince seule manque d'animation ; le reste est très-
correct; au-dessus est une reproduction d'un tableau de maître.
Ces deux peintures, remarquables à certains égards, sont l'œuvre
d'un déporté, M. Henry.
On appréciait moins un tableau de bataille; mais la foule se
pressait en revanche devant deux compositions à l'encre de
Chine, qu'on dit être du même auteur, l'une représentant un
Camp de déportés à Numbo; l'autre la Vue du camp de Tendu
affecté aux déportés concessionnaires. On reconnaît bien, dans ces
compositions, Nouméa, l'île de Nou, le mont d'Or. Les détails
sont parfaitement traités et le dessin en est charmant. Elles ont
obtenu un très-grand succès.
Une excellente collection de dessins à la plume par M. Car-
nage, capitaine d'artillerie; des reproductions de tableaux dues
à M. Malespine, pharmacien de la marine ; une longue série de
photographies de MM. Hughan et Dufty; deux groupes en terre
cuite représentant la Chasse et la Pèche, par M. Cappellaro, de l'île
des Pins; une Vue de la presqu'île Ducos, par M. Devicque; une
Dormeuse canaque, par M. Bertrand, déportés, complétaient un
bon ensemble des œuvres d'art en Calédonie.
La marqueterie, la tapisserie, la maroquinerie, l'ébénisterie
de luxe, la bijouterie, toutes les industries qui ne sont en résumé
que l'application de l'art à la production, ont fourni de magnifi-
ques spécimens qui seraient très-remarqués même au milieu des
richesses si variées de l'Europe industrielle.
CHRONIQUE ETRANGERE
Angleterre. — Le Comité national du monument de
Byron a décidé que la statue du grand poëte serait en bronze.
Le marbre envoyé par le gouvernement grec sera employé pour
le piédestal. La statue sera colossale. L'emplacement choisi est la
pointe de Green Park qui fait face à la maison où Byron a écrit
son Siège de Corinthe.
États-Unis. — On lira avec intérêt le passage suivant d'une
lettre d'un de nos amis qui a fait le voyage des Etats-Unis pour
visiter l'Exposition universelle de Philadelphie et assister aux fêtes
du centenaire le 4 juillet :
« L'Exposition est magnifique et fera beaucoup de bien à
l'avenir commercial de l'Amérique... En général je trouve qu'il
y a ici un noyau d'hommes d'élite qui guident l'opinion publique
d'une manière très-intelligente. Ce sont des Américains qui ont
voyagé qui font la guerre à la vieille école des amateurs quand
même. Ils ne veulent pas que l'argent soit dépensé d'une manière
inintelligente. Aussi guerre à mort par les journaux à tous les
objets de l'Exposition qui ont un goût banal et qu'on avait pré-
cisément envoyés d'Europe les croyant plus propres à plaire à
une jeune nation qui n'a pas d'expérience. Je vous donne tous ces
détails pour vous mettre au courant de l'esprit public. Il se fait
•ici une grande révolution dans le goût et vous ne tarderez pas à
vous en apercevoir. »
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
L'ART.
Toute écriture, tout dessin tracé à l'aide de cette plume peut
se reproduire à un aussi grand nombre d'exemplaires qu'on le
désire. Ce n'est plus un calque, c'est une reproduction fidèle,
un fac-similé très-net que l'on obtient avec cette plume élec-
trique.
Le porte-plume porte à son sommet un moteur électrique
infiniment petit, qui tiendrait dans le chaton d'une bague. Cette
machine possède cependant assez de force pour pousser une
aiguille qui perce le papier avec une vitesse de 5 à 6,000 trous
par minute. C'est une merveille de rapidité. On ne voit rien, et
cependant l'aiguille accomplit très-régulièrement son œuvre invi-
sible. Partout où va la plume, le papier est perforé; il est
comme percé à jour : sous le trait d'encre, il y a des centaines
de petits trous.
Il suffit de déposer sur une feuille blanche le papier patron
ainsi préparé et de passer sur lui un rouleau imbibé d'encre pour
obtenir un fac-similé du dessin ou de l'écriture.
L'encre pénètre par tous les petits trous et reproduit sur la
feuille les caractères ou les lignes tracés par la plume. On peut
se procurer ainsi quatre à cinq fac-similé par minute, et un seul
dessin ou patron pointillé suffit pour imprimer mille exem -
plaires.
— Exposition a Nouméa. — La Nouvelle-Calédonie vient
d'avoir, à l'exemple de Paris, de Londres et de Philadelphie, sa
grande Exposition d'agriculture, des Beaux-Arts et de l'industrie.
La chose est plus sérieuse qu'on ne pense peut-être, et
mérite qu'on y fasse attention. La section des Beaux-Arts dont
nous avons seulement à nous occuper ici était riche en curieux
spécimens, et le gouverneur de la Calédonie, M. de Pritzbuer,
par les soins duquel l'Exposition avait été aménagée dans son
hôtel et ses jardins, l'a constaté avec beaucoup de tact dans son
discours d'ouverture, le 16 mars de cette année :
« L'industrie naissante des Beaux-Arts eux-mêmes, a-t-il dit,
a ici ses représentants. Certaines choses sont aussi bien ou mieux
faites que dans des centres plus populeux et plus anciens que
Nouméa, seulement elles sont encore grevées de grands frais, et
par suite trop chères; l'avenir y remédiera. Il suffit, pour le
moment, qu'on produise; que la matière première et le talent
existent incontestablement parmi nous, le reste viendra, et les
débouchés ne nous manqueront pas. La colonie voisine (Sydney)
applaudira à ce premier envoi que nous allons lui faire pour son
exposition, et appréciera nos efforts avec la sympathie qu'elle
nous a toujours montrée.
« Beaucoup de beaux spécimens nous viennent des pénitenciers
de la déportation, ou sont l'œuvre des déportés de la Grande-
Terre. Je félicite vivement leurs auteurs ; ils travaillent et tra-
vaillent bien; ils sont un salutaire exemple pour les autres. Et,
de fait, je suis heureux de le constater, la bonne volonté au tra-
vail n'a pas manqué sur nos lieux de déportation depuis quelque
temps. Aussi la conduite s'y est-elle améliorée; l'une est la consé-
quence de l'autre. »
Dans le grand salon du Gouvernement, on s'arrêtait d'abord
devant un projet de palais de justice, dû à M. Arnold, de la
presqu'île Ducos ; puis on était attiré vers le fond par une toile
représentant la scène d'Hamlet et des fossoyeurs au cimetière.
La figure du prince seule manque d'animation ; le reste est très-
correct; au-dessus est une reproduction d'un tableau de maître.
Ces deux peintures, remarquables à certains égards, sont l'œuvre
d'un déporté, M. Henry.
On appréciait moins un tableau de bataille; mais la foule se
pressait en revanche devant deux compositions à l'encre de
Chine, qu'on dit être du même auteur, l'une représentant un
Camp de déportés à Numbo; l'autre la Vue du camp de Tendu
affecté aux déportés concessionnaires. On reconnaît bien, dans ces
compositions, Nouméa, l'île de Nou, le mont d'Or. Les détails
sont parfaitement traités et le dessin en est charmant. Elles ont
obtenu un très-grand succès.
Une excellente collection de dessins à la plume par M. Car-
nage, capitaine d'artillerie; des reproductions de tableaux dues
à M. Malespine, pharmacien de la marine ; une longue série de
photographies de MM. Hughan et Dufty; deux groupes en terre
cuite représentant la Chasse et la Pèche, par M. Cappellaro, de l'île
des Pins; une Vue de la presqu'île Ducos, par M. Devicque; une
Dormeuse canaque, par M. Bertrand, déportés, complétaient un
bon ensemble des œuvres d'art en Calédonie.
La marqueterie, la tapisserie, la maroquinerie, l'ébénisterie
de luxe, la bijouterie, toutes les industries qui ne sont en résumé
que l'application de l'art à la production, ont fourni de magnifi-
ques spécimens qui seraient très-remarqués même au milieu des
richesses si variées de l'Europe industrielle.
CHRONIQUE ETRANGERE
Angleterre. — Le Comité national du monument de
Byron a décidé que la statue du grand poëte serait en bronze.
Le marbre envoyé par le gouvernement grec sera employé pour
le piédestal. La statue sera colossale. L'emplacement choisi est la
pointe de Green Park qui fait face à la maison où Byron a écrit
son Siège de Corinthe.
États-Unis. — On lira avec intérêt le passage suivant d'une
lettre d'un de nos amis qui a fait le voyage des Etats-Unis pour
visiter l'Exposition universelle de Philadelphie et assister aux fêtes
du centenaire le 4 juillet :
« L'Exposition est magnifique et fera beaucoup de bien à
l'avenir commercial de l'Amérique... En général je trouve qu'il
y a ici un noyau d'hommes d'élite qui guident l'opinion publique
d'une manière très-intelligente. Ce sont des Américains qui ont
voyagé qui font la guerre à la vieille école des amateurs quand
même. Ils ne veulent pas que l'argent soit dépensé d'une manière
inintelligente. Aussi guerre à mort par les journaux à tous les
objets de l'Exposition qui ont un goût banal et qu'on avait pré-
cisément envoyés d'Europe les croyant plus propres à plaire à
une jeune nation qui n'a pas d'expérience. Je vous donne tous ces
détails pour vous mettre au courant de l'esprit public. Il se fait
•ici une grande révolution dans le goût et vous ne tarderez pas à
vous en apercevoir. »
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.