ESQUISSE
d'une
HISTOIRE DE LA PEINTURE AUX ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE
(FIN'.)
VI.
'est dans le genre du portrait et dans celui du paysage que l'École
américaine actuelle manifeste un progrès qui lui donne le droit de
prendre place parmi les écoles d'Europe. J'en trouve la raison
dans le fait que l'artiste peut à la rigueur se passer des galeries
ou des académies pour peindre des têtes humaines ou des scènes
champêtres. Il a toujours la nature devant les yeux, et la nature
ici est aussi grande et aussi belle que dans les autres régions.
D'ailleurs l'affection de famille ou la vanité fournissent toujours à
l'artiste l'occasion de faire des portraits, tandis que l'histoire
américaine n'est pas assez ancienne ou assez accidentée pour
fournir un bien grand nombre de sujets du style le plus élevé.
Lettre tirée d'un Traité ,ic Calligraphie, Peut-être aussi peut-on dire que la vaste étendue du pays donne à
par le frate Vespasiano Amphiareo, de Ferrare (xvi« siècle). . . .. 1 j t -
notre peuple - un gout particulier pour les grands spectacles des
montagnes et des « prairies », des lacs et des rivières?
Nous avons vu que nos artistes ont gagné leurs premiers lauriers comme portraitistes, et il y a eu
toute une succession ininterrompue de peintres distingués dans ce genre, depuis Smybert et Copley
jusqu'à nos jours.
Après Smart il y eut Jarvis qui régna seul pendant beaucoup d'années à New-York; on y trouve
ses œuvres dans un certain nombre de salons. Il peignit les héros de la guerre de 1812, et on peut les
voir à l'Hôtel de ville coiffés en Brutus avec leurs grandes épées courbées tirées contre l'ennemi, et
leurs collets hauts et brodés où leurs têtes disparaissent. A Jarvis succéda Sully qui excellait dans les
portraits de femme. Il leur donnait une grâce et une délicatesse auxquelles il semblait que sa peinture
ne pourrait atteindre. Mais il a parfois exagéré cette qualité, et alors ses toiles ne sont plus que des
ébauches vaporeuses où la grâce disparaît dans la brume.
Le plus fort des rivaux de Sully était Inman, un élève de Jarvis, qui eut plus de renommée que son
maître. 11 fît les portraits de plusieurs personnages célèbres à New-York et à Philadelphie, hommes
d'État, évêques, avocats, professeurs et militaires. En 1844 il alla en Angleterre où il fit de Wordsworth,
Macauley, Chalmers et Lord Cottenham des portraits qui sont peut-être ses chefs-d'œuvre. Ses tableaux
sont peu empâtés; sa peinture est mince et léchée. Il employait beaucoup de bleu dans ses fonds, ce
qui leur donne un cachet particulier.
Huntington a fait des portraits admirables, spécialement quand il trouvait des modèles dont la vie
pure et le caractère élevé excitaient son estime ou son admiration. Son dessin n'est pas toujours correct
et les extrémités de ses personnages ne sont pas toujours dans de justes proportions.
1. Voir VArt} tome VI, pages 97 et 136.
d'une
HISTOIRE DE LA PEINTURE AUX ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE
(FIN'.)
VI.
'est dans le genre du portrait et dans celui du paysage que l'École
américaine actuelle manifeste un progrès qui lui donne le droit de
prendre place parmi les écoles d'Europe. J'en trouve la raison
dans le fait que l'artiste peut à la rigueur se passer des galeries
ou des académies pour peindre des têtes humaines ou des scènes
champêtres. Il a toujours la nature devant les yeux, et la nature
ici est aussi grande et aussi belle que dans les autres régions.
D'ailleurs l'affection de famille ou la vanité fournissent toujours à
l'artiste l'occasion de faire des portraits, tandis que l'histoire
américaine n'est pas assez ancienne ou assez accidentée pour
fournir un bien grand nombre de sujets du style le plus élevé.
Lettre tirée d'un Traité ,ic Calligraphie, Peut-être aussi peut-on dire que la vaste étendue du pays donne à
par le frate Vespasiano Amphiareo, de Ferrare (xvi« siècle). . . .. 1 j t -
notre peuple - un gout particulier pour les grands spectacles des
montagnes et des « prairies », des lacs et des rivières?
Nous avons vu que nos artistes ont gagné leurs premiers lauriers comme portraitistes, et il y a eu
toute une succession ininterrompue de peintres distingués dans ce genre, depuis Smybert et Copley
jusqu'à nos jours.
Après Smart il y eut Jarvis qui régna seul pendant beaucoup d'années à New-York; on y trouve
ses œuvres dans un certain nombre de salons. Il peignit les héros de la guerre de 1812, et on peut les
voir à l'Hôtel de ville coiffés en Brutus avec leurs grandes épées courbées tirées contre l'ennemi, et
leurs collets hauts et brodés où leurs têtes disparaissent. A Jarvis succéda Sully qui excellait dans les
portraits de femme. Il leur donnait une grâce et une délicatesse auxquelles il semblait que sa peinture
ne pourrait atteindre. Mais il a parfois exagéré cette qualité, et alors ses toiles ne sont plus que des
ébauches vaporeuses où la grâce disparaît dans la brume.
Le plus fort des rivaux de Sully était Inman, un élève de Jarvis, qui eut plus de renommée que son
maître. 11 fît les portraits de plusieurs personnages célèbres à New-York et à Philadelphie, hommes
d'État, évêques, avocats, professeurs et militaires. En 1844 il alla en Angleterre où il fit de Wordsworth,
Macauley, Chalmers et Lord Cottenham des portraits qui sont peut-être ses chefs-d'œuvre. Ses tableaux
sont peu empâtés; sa peinture est mince et léchée. Il employait beaucoup de bleu dans ses fonds, ce
qui leur donne un cachet particulier.
Huntington a fait des portraits admirables, spécialement quand il trouvait des modèles dont la vie
pure et le caractère élevé excitaient son estime ou son admiration. Son dessin n'est pas toujours correct
et les extrémités de ses personnages ne sont pas toujours dans de justes proportions.
1. Voir VArt} tome VI, pages 97 et 136.