LE METROPOLITAN MUSEUM OF ART DE NEW-YORK.
215
vers la fin de sa vie, laquelle se termina en 1739. Claude Drevet,
neveu de Pierre, fut aussi son élève ; il chercha à unir la fermeté
du burin de son oncle à la finesse de celui de son cousin, et,
sans parvenir à les égaler, fut néanmoins un artiste de grand
talent. Il mourut en 1781. Les trois Drevet eurent le titre de
graveurs du roi et furent logés au Louvre.
Les deux premiers Drevet signaient de la même manière :
Pierre Drevet. Petrus Drevet. P. Drevet ; il en résulte une assez
grande difficulté dans l'attribution de quelques œuvres. On
remarquera toutefois que les estampes antérieures à 17x3 ne
sauraient êcre attribuées au fils, en raison de l'âge qu'il avait alors.
Quoique M. Didot ait eu recours non-seulement aux collec-
tions publiques, mais encore aux collections particulières, il n'a
pu retrouver certaines estampes religieuses des Drevet, dont
l'existence est pourtant avérée, et n'a pu par conséquent en don-
ner la description.
Le portrait de Pierre Drevet, par H. Rigaud, appartient au
musée de Lyon; M. Danguin en a fait une gravure, dont
M. Didot a donné une réduction à l'eau-forte par P. Le Rat,
en tête de son ouvrage.
Victor. Champier.
LE METROPOLITAN MUSEUM OF ART
DE NEW-YORK
Le sixième rapport des Administrateurs de cette institution
privée, — la seule jusqu'ici en Amérique qui rappelle d'une
manière sérieuse les débuts des grands Musées européens, — a
été tout récemment publié et forme une brochure in-18 de
44 pages, dont la lecture est fort instructive; elle initie en effet
aux difficultés énormes contre lesquelles ont eu à lutter et conti-
nuent à lutter les citoyens dévoués qui, groupés autour de leur
excellent président, M. John Taylor Johnston, s'efforcent
d'épurer le goùc de leurs compatriotes en mettant le plus pos-
sible sous leurs yeux des œuvres d'art réellement dignes de ce
nom.
Le Musée n'a en effet d'autres ressources que celles prove-
nant de l'initiative privée. C'est un rêve absolu que de croire à
un concours possible de la législature siégeant à Albany, capi-
tale de l'Etat de New-York, ou de la municipalité de la ville
même de New-York, corps qui est fort loin d'être composé de
l'élite des citoyens de la « Cité impériale ». L'élément irlandais
y domine en effet actuellement dans des conditions telles que, si
la majorité avait à se prononcer en matière d'art, elle voterait
avec une touchante unanimité plutôt pour l'achat de chromo-
lithographies que pour des subsides destinés à l'acquisition de
statues et de tableaux qui, selon elle, ont le double tort de ne
pas faire plus d'effet que les susdites chromolithographies et de
coûter énormément plus cher; cela n'est, hélas! que trop textuel-
lement vrai. Il ne faut pas espérer mieux du Parlement d'Al-
bany, où dominent les gros fermiers qui se soucient fort peu de
Musées et trouvent sans aucun doute que l'argent qu'y consa-
crerait l'Etat serait de l'argent gaspillé. On ne saura jamais
tout ce qu'il a fallu d'énergie aux Trustées et à VExecutive Com-
mittee pour parvenir à faire le Metropolitan Muséum ce qu'il
est; aussi le rapport se termine-t-il justement par un hommage
de regrets bien senti à la mémoire de M. William Tilden Blod-
gett, qui, ainsi que l'a dit dans VArt M. Félix Bé1, a été le
véritable initiateur de l'entreprise.
Outre sa galerie de tableaux, parmi lesquels il en est plu-
sieurs de tout premier ordre, le Musée new-yorkais possède
aujourd'hui la collection d'antiquités provenant des fouilles du
général di Cesnola dans l'île de Chypre, collection d'un très-
grand prix pour l'étude de l'art phénicien et de l'art grec, et
que les persévérantes recherches du général promettent d'enri-
chir considérablement. M. di Cesnola, qui est Italien d'origine,
prit parti pour le Nord dans la guerre de sécession, se conduisit
très-vaillamment, conquit sur le champ de bataille son grade de
général, et fut récompensé de sa fidélité envers sa patrie d'adop-
tion par le poste consulaire de Chypre, qu'il occupe depuis la
paix. Là il s'est attaché à rendre de nouveaux services à
l'Amérique et il lui en a rendu de très-grands par ses fouilles
qui auraient pu l'enrichir lui-même, s'il avait consenti à écouter
les offres brillantes qui lui furent faites pour ses précieuses
trouvailles; il a préféré les réserver pour le Musée de New-York,
à qui il les a cédées fort au-dessous de leur valeur.
Le rapport des Administrateurs constate avec une vive satis-
faction l'extinction des lourdes dettes de l'association, grâce à une
l souscription dont le payement a été réparti par moitié sur les an-
nées 1875 et 1876, ce qui permet d'espérer la prochaine reprise des
achats d'oeuvres d'art; il ajoute qu'un commencement d'épuration
du goût, but principal poursuivi par l'institution, est manifeste
et que c'est à la création du Musée qu'est due l'importance
attachée aujourd'hui aux questions artistiques par la presse
américaine.
Le monument qui se construit dans Central Park pour le
Metropolitan Muséum, avance rapidement et promet une instal-
lation en tous points remarquable.
Le point noir du rapport, c'est le mouvement des visiteurs ;
les deux jours gratis de la semaine, la moyenne est de 577 per-
sonnes, tandis que les jours payants elle tombe à 53, ce qui
n'est pas précisément à l'honneur de la partie aisée de la popu-
lation.
Le départ de son éminent secrétaire général nommé au
poste de premier secrétaire de la Légation des Etats-Unis à
Londres, est une perte considérable pour le Musée, car
M. W. J. Hoppin, chez qui le goût des arts est inné et qui
connaît parfaitement les galeries européennes, dont il a fait une
étude approfondie, devaic exercer une influence considérable
dans les deux sous-comités où il siégeait. Son tact, son savoir
étaient surtout précieux pour les décisions à prendre au sujet
du monument en construction et au sujet des dons à accepter ou
à refuser et des expositions de prêts (Loan Exhibitions). Toute-
fois son nouveau séjour en Europe, la position qu'il y occupe,
les nombreuses relations artistiques qu'il s'y est depuis long-
temps créées, pourront être d'une extrême utilité au jeune
Musée new-yorkais.
George Hutchinsok.
1. Voir VArt, 2e année, tome iv, pag 77.
215
vers la fin de sa vie, laquelle se termina en 1739. Claude Drevet,
neveu de Pierre, fut aussi son élève ; il chercha à unir la fermeté
du burin de son oncle à la finesse de celui de son cousin, et,
sans parvenir à les égaler, fut néanmoins un artiste de grand
talent. Il mourut en 1781. Les trois Drevet eurent le titre de
graveurs du roi et furent logés au Louvre.
Les deux premiers Drevet signaient de la même manière :
Pierre Drevet. Petrus Drevet. P. Drevet ; il en résulte une assez
grande difficulté dans l'attribution de quelques œuvres. On
remarquera toutefois que les estampes antérieures à 17x3 ne
sauraient êcre attribuées au fils, en raison de l'âge qu'il avait alors.
Quoique M. Didot ait eu recours non-seulement aux collec-
tions publiques, mais encore aux collections particulières, il n'a
pu retrouver certaines estampes religieuses des Drevet, dont
l'existence est pourtant avérée, et n'a pu par conséquent en don-
ner la description.
Le portrait de Pierre Drevet, par H. Rigaud, appartient au
musée de Lyon; M. Danguin en a fait une gravure, dont
M. Didot a donné une réduction à l'eau-forte par P. Le Rat,
en tête de son ouvrage.
Victor. Champier.
LE METROPOLITAN MUSEUM OF ART
DE NEW-YORK
Le sixième rapport des Administrateurs de cette institution
privée, — la seule jusqu'ici en Amérique qui rappelle d'une
manière sérieuse les débuts des grands Musées européens, — a
été tout récemment publié et forme une brochure in-18 de
44 pages, dont la lecture est fort instructive; elle initie en effet
aux difficultés énormes contre lesquelles ont eu à lutter et conti-
nuent à lutter les citoyens dévoués qui, groupés autour de leur
excellent président, M. John Taylor Johnston, s'efforcent
d'épurer le goùc de leurs compatriotes en mettant le plus pos-
sible sous leurs yeux des œuvres d'art réellement dignes de ce
nom.
Le Musée n'a en effet d'autres ressources que celles prove-
nant de l'initiative privée. C'est un rêve absolu que de croire à
un concours possible de la législature siégeant à Albany, capi-
tale de l'Etat de New-York, ou de la municipalité de la ville
même de New-York, corps qui est fort loin d'être composé de
l'élite des citoyens de la « Cité impériale ». L'élément irlandais
y domine en effet actuellement dans des conditions telles que, si
la majorité avait à se prononcer en matière d'art, elle voterait
avec une touchante unanimité plutôt pour l'achat de chromo-
lithographies que pour des subsides destinés à l'acquisition de
statues et de tableaux qui, selon elle, ont le double tort de ne
pas faire plus d'effet que les susdites chromolithographies et de
coûter énormément plus cher; cela n'est, hélas! que trop textuel-
lement vrai. Il ne faut pas espérer mieux du Parlement d'Al-
bany, où dominent les gros fermiers qui se soucient fort peu de
Musées et trouvent sans aucun doute que l'argent qu'y consa-
crerait l'Etat serait de l'argent gaspillé. On ne saura jamais
tout ce qu'il a fallu d'énergie aux Trustées et à VExecutive Com-
mittee pour parvenir à faire le Metropolitan Muséum ce qu'il
est; aussi le rapport se termine-t-il justement par un hommage
de regrets bien senti à la mémoire de M. William Tilden Blod-
gett, qui, ainsi que l'a dit dans VArt M. Félix Bé1, a été le
véritable initiateur de l'entreprise.
Outre sa galerie de tableaux, parmi lesquels il en est plu-
sieurs de tout premier ordre, le Musée new-yorkais possède
aujourd'hui la collection d'antiquités provenant des fouilles du
général di Cesnola dans l'île de Chypre, collection d'un très-
grand prix pour l'étude de l'art phénicien et de l'art grec, et
que les persévérantes recherches du général promettent d'enri-
chir considérablement. M. di Cesnola, qui est Italien d'origine,
prit parti pour le Nord dans la guerre de sécession, se conduisit
très-vaillamment, conquit sur le champ de bataille son grade de
général, et fut récompensé de sa fidélité envers sa patrie d'adop-
tion par le poste consulaire de Chypre, qu'il occupe depuis la
paix. Là il s'est attaché à rendre de nouveaux services à
l'Amérique et il lui en a rendu de très-grands par ses fouilles
qui auraient pu l'enrichir lui-même, s'il avait consenti à écouter
les offres brillantes qui lui furent faites pour ses précieuses
trouvailles; il a préféré les réserver pour le Musée de New-York,
à qui il les a cédées fort au-dessous de leur valeur.
Le rapport des Administrateurs constate avec une vive satis-
faction l'extinction des lourdes dettes de l'association, grâce à une
l souscription dont le payement a été réparti par moitié sur les an-
nées 1875 et 1876, ce qui permet d'espérer la prochaine reprise des
achats d'oeuvres d'art; il ajoute qu'un commencement d'épuration
du goût, but principal poursuivi par l'institution, est manifeste
et que c'est à la création du Musée qu'est due l'importance
attachée aujourd'hui aux questions artistiques par la presse
américaine.
Le monument qui se construit dans Central Park pour le
Metropolitan Muséum, avance rapidement et promet une instal-
lation en tous points remarquable.
Le point noir du rapport, c'est le mouvement des visiteurs ;
les deux jours gratis de la semaine, la moyenne est de 577 per-
sonnes, tandis que les jours payants elle tombe à 53, ce qui
n'est pas précisément à l'honneur de la partie aisée de la popu-
lation.
Le départ de son éminent secrétaire général nommé au
poste de premier secrétaire de la Légation des Etats-Unis à
Londres, est une perte considérable pour le Musée, car
M. W. J. Hoppin, chez qui le goût des arts est inné et qui
connaît parfaitement les galeries européennes, dont il a fait une
étude approfondie, devaic exercer une influence considérable
dans les deux sous-comités où il siégeait. Son tact, son savoir
étaient surtout précieux pour les décisions à prendre au sujet
du monument en construction et au sujet des dons à accepter ou
à refuser et des expositions de prêts (Loan Exhibitions). Toute-
fois son nouveau séjour en Europe, la position qu'il y occupe,
les nombreuses relations artistiques qu'il s'y est depuis long-
temps créées, pourront être d'une extrême utilité au jeune
Musée new-yorkais.
George Hutchinsok.
1. Voir VArt, 2e année, tome iv, pag 77.