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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

DOI article:
Leroi, Paul: Les parias du Salon, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0362

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LES PARIAS DU SALON

(suite1.)

VIII.

le burin.

lus on est ignorant, profondément ignorant, plus on joue au pédant pour
remplacer la science absente et faire illusion, si possible; malheureuse-
ment cela ne se peut pas et les jouvenceaux en sont pour leurs frais ;
ils prêtent simplement à rire en posant, par exemple, pour les champions
du grand art. Quels paladins !

Je me souviendrai longtemps de leurs petits airs dédaigneux quand
ils paraissaient regarder les eaux-fortes, et de leur attitude gravement
recueillie quand ils s'arrêtaient devant une gravure au burin. Et dire que
cette réjouissante mimique n'était rien, comparée à ce qu'ils allaient
ensuite écrire !

Nos lecteurs préféreront que je me borne à être vrai, ce qui exige
tout d'abord que je ne leur cèle pas que ce noble art de la gravure au
burin faisait en général fort triste figure. La faute en est pour une bonne part à la Société française de
Gravure qui persévère dans de regrettables errements. Il en est, parmi ses membres mêmes, qui
partagent cette opinion et n'hésitent pas à l'accentuer en présence d'une succession trop suivie de
planches malheureuses, dirai-je pour adoucir singulièrement le jugement des connaisseurs. Qui a pu
avoir l'étrange pensée de commander à M. Achille Martinet, membre de l'Institut, cette estampe
d'après le Christ jardinier de Lesueur, qui échappe à toute critique? On y chercherait en vain trace
d'une qualité quelconque; on ne discute pas le néant. Et si ce n'était que mauvais, mais c'est horrible!

Un vote de coterie a fait un jour décerner à M. Jules Jacquet la plus imméritée des médailles pour
VAmour sacré et l'Amour profane, d'après Titien. Depuis cette mise à mal du chef-d'œuvre de la galerie
Borghèse, le jeune graveur ne s'est signalé par aucun progrès; la Jeunesse, d'après le marbre de Chapu,
planche commandée par le ministère, et l'Enfant2, d'après Raphaël, qui appartient à la Société de
Gravure, sont là pour en témoigner. Quand donc cette société, qui pourrait rendre tant et de si érrii-
nents services, hnira-t-elle par comprendre que la pléiade des grands burinistes français s'est surtout
illustrée par la reproduction des œuvres de leurs contemporains? Quand cessera-t-elle de faire massa-
crer Titien, Raphaël, Lesueur, etc., au lieu de commander — prenons si vous voulez le Salon de cette
année — la gravure du Portrait de « mes Enfants » de Paul Dubois, ou du Portrait de J. P. Laurens,
peint par lui-même pour ]a Galerie des Offices? On lui devrait peut-être .un moderne Edelinck, un
moderne Nanteuil, et la reconnaissance universelle qui lui serait acquise vaudrait un peu mieux que
les félicitations que sont réduits à se prodiguer en famille deux ou trois membres de sa direction 3.

Ce qui ne ressemble à aucune des gloires du burin, c'est l'estampe de M. Annedouche, l'Orage,
d'après M. Bouguereau ; tètes et pieds sont fort mal dessinés, les rochers n'ont pas le moindre accent,

1. Voir l'Art, année, tome VI, pages 246 et 269.

2. C'est le fragment de fresque conservé à Rome dans le Musée de l'Académie de Saint-Luc.

3. Quand il se produit une œuvre sculpturale aussi admirable, aussi unanimement acclamée que les statues de Paul Dubois pour le
tombeau du général de Lamoricière, la Société française de Gravure ne devrait-elle pas s'empresser de prendre l'initiative de la reproduction
du monument, tant dans son ensemble que dans ses principaux détails? Il n'y aurait alors qu'une voix pour applaudir à sa direction si
justement blâmée aujourd'hui.

Tome VI. ?r>
 
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