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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Pougin, Arthur: Fêtes nationales en l'honneur de Rameau à Dijon
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0253

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214

L'ART.

Société Chorale de Dijon. Le succès de cette soirée a été d'une
part pour MM. Taffanel, Reuchsel et Saint-Saëns, qui ont exé-
cuté, avec le grand talent qu'on leur connaît, quelques pièces en
trio pour clavecin, flûte et violoncelle, et d'autre part pour
M"e Séveste, qui a chanté avec goût et gentillesse l'air célèbre
d'Hippolyte et Aricie (Rossignol amoureux), avec l'accompagne-
ment de flûte obligé.

Le lendemain dimanche était le jour du grand concours orphéo-
nique, auquel prenaient part plus de cent sociétés musicales, tant
fanfares et harmonies qu'orphéons proprement dits. Je ne vous
ferai pas le récit de ce concours, qui, très-brillant d'ailleurs, a
ressemblé à tous ceux du même genre. Quelques sociétés s'y sont
tout particulièrement distinguées, entre autres l'Harmonie et la
Chorale des magasins du Bon Marché de Paris, la Lyre mouli-
noise l'Harmonie du Rhône, le Cercle des XVII de Vitry-le-
Français, les Enfants de la Loire et enfin la Fanfare de S'oignies
(Belgique). Dans sa joie d'avoir obtenu le prix d'honneur au con-
cours du Grand-Théâtre, cette dernière s'est mise à jouer la
Marseillaise avec un tel élan, un tel feu, un tel enthousiasme,
que la salle entière, électrisée, émue presque jusqu'aux larmes, a
lancé dans l'air une immense et formidable acclamation.

Je ne puis vous raconter par le menu toutes les réjouis-
sances qui ont défrayé ces quatre journées de fêtes vraiment po-
pulaires et vraiment artistiques, qui se sont passées dans un
ordre admirable et que rien n'est venu troubler. Je me conten-
terai de mentionner le concert donné par le Conservatoire, les
deux représentations données au Grand-Théâtre par les artistes

de la Comédie - Française, M™'1 Favart, Provost-Ponsin,
MM. Coquelin cadet, Talbot et autres, le festival des sociétés
musicales au bois du Parc, le concert de la Société du Bon Mar-
ché, le carrousel militaire organisé par les officiers du 10e dra-
gons et du 18" chasseurs, la retraite aux flambeaux, le feu d'arti-
fice, les illuminations féeriques du bois et de la ville, les grands
concours de tir, que sais-je! Tout cela a été complet, parfait et
merveilleusement réglé; tout cela laissera, je l'affirme, un excel-
lent souvenir parmi ces populations joyeuses et cordiales, et tout
cela est d'un excellent exemple, qui ne sera pas perdu pour
l'avenir. Les fêtes de Rameau ont été des fêtes vraiment natio-
nales et vraiment artistiques, dignes d'un grand pays comme la
France et d'une ville intelligente comme Dijon.

En terminant, je vous signalerai un portrait de Rameau qui

, me semble bien peu connu, et que je ne crois pas avoir jamais été
reproduit par la gravure. Ce portrait est de Simon Chardin, et

j je l'ai vu tantôt au Musée. Rameau est représenté assis, tenant
en main un violon dont il pince les cordes; il est relativement
jeune, et paraît âgé à peine de cinquante ans; sa physionomie est
placide, calme ; vêtu d'un habit rouge foncé, il semble composer
et appeler à lui l'inspiration. Cette peinture me paraît surtout
intéressante en ce que, œuvre d'un artiste distingué qui était

| contemporain du grand compositeur, elle nous le montre beau-
coup plus jeune qu'on ne le connaît d'ordinaire. Je ne serais
pas étonné que M. Eugène Guillaume s'en fût inspiré pour exé-
cuter sa statue.

Arthur Pougin.

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

LXX.

GUIDO DA URBINO comfilata da POMPEO GHE-
RARDI. Urbino, Savlno Rocchetti E C. 1876. Un volume
in-18 de 107 pages, avec plan.

Cela n'a aucune prétention si ce n'est celle d'être utile et ça
l'est grandement; cela s'annonce comme une simple compilation,
et c'est un travail parfaitement ordonné, réunissant en peu de
pages, avec une extrême clarté, tous les éléments de nature à
engager à visiter Urbino qui l'est en effet beaucoup trop peu
par les étrangers; la patrie de Bramante et de Raphaël a les
droits les plus sérieux à leur attention; personne n'était mieux à
même de les faire valoir que l'éminent président de l'Académie
Royale Raphaélienne, M. le comte Pompeo Gherardi. Son
intéressant opuscule est un véritable inventaire des richesses
artistiques d'Urbino; il serait fort à souhaiter qu'on en fît autant
pour chacune des villes secondaires d'Italie qui renferment des
trésors d'art sur lesquels l'attention n'a pas encore été suffisam-
ment appelée, les visiteurs de cette contrée privilégiée se laissant
presque exclusivement absorber par les merveilles accumulées
dans les principales cités.

Paul Le roi.

LXXI.

LES DREVET (Pierre, Pierre Imbert, Claude). — Catalogue
raisonné de leur oeuvre, précédé d'une Introduction par
Ambroise Firmin-Didot (librairie de Firmin-Didot, 1876,
gr. in-8).

Cet ouvrage porte la date du 7 février 1876. Peu de jours
après mourait le savant éditeur dont il aété la dernière production,
et qui unissait à l'érudition du lettré, à la passion du bibliophile,
un goût très-rare en matière de gravure.

Le Catalogue., méthodiquement disposé et donnant la des-
cription des estampes, sera consulté avec fruit par les amateurs,

les collectionneurs, les curieux des choses de l'art. L'Introduction.
outre une appréciation de l'œuvre des Drevet, offre plusieurs
détails biographiques nouveaux, dus aux recherches de M. Didot
et à celles de M. Pawlowski, son secrétaire-bibliothécaire.
Ainsi on ignorait la date de naissance du premier des Drevet,
Pierre; nous savons maintenant qu'il fut ondoyé le 20 juil-
let 1663, et que très-probablement il vint au monde ce jour-là
même. On le croyait né à Lyon, parce que sur le portrait du
peintre Rigaud, dit à la palette, il a pris la qualité de Lyonnais :
Petrus Drevet Lugdunensis; mais il est né dans le village de
Loire, commune de l'ancien Lyonnais.

Après avoir appris les éléments de la gravure au burin chez
Germain Audran, à Lyon, Pierre Drevet vint à Paris, chez
Gérard Audran, et se lia d'amitié avec Hyacinthe Rigaud.
En 1692, il s'établit éditeur, à l'exemple de la plupart de ses
confrères ; lancé alors dans le commerce des estampes, ayant à
se subordonner aux commandes des clients, il produisit quelques
œuvres inférieures à son talent. Mais on sait qu'en général il se
fait remarquer « par la pureté du burin, l'énergie du trait et la
perfection des plus minutieux détails, avec cette harmonieuse
gradation des tons qui remplace en quelque sorte la couleur. »
11 fut presque exclusivement graveur de portraits, et principale-
ment l'interprète des tableaux de Rigaud, d'après lequel il grava
41 pièces ; son œuvre capitale, le portrait en pied de Louis XIV,
date de 1712. Il mourut en 1738.

Son fils unique et élève, Pierre Imbert Drevet, fut moins
fécond que lui, mais le surpassa à certains égards. « Son burin
possède une douceur et une suavité rêveuse qui charment l'œil
d'une façon inexprimable... Il se montra graveur de génie aussi
bien dans les estampes religieuses que dans les portraits : sa
Présentation de Uenfant Jésus au Temple, d'après L. de Boul-
longne, est considérée comme un chef-d'œuvre de la gravure. »
Ses portraits de Bossuet (1723) et à'Adrienne Lecouvreur (1730)
sont d'une admirable perfection. Vers l'époque de cette dernière
œuvre, il fut atteint d'aliénation mentale, détail qui jusqu'ici
était resté inconnu des biographes, et il ne revint à la raison que
 
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