L' art: revue hebdomadaire illustrée (2.1876 (Teil 3))

NOS PLANCHES HORS TEXTE.

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Félicien David, une rêverie sans brumes, une rêverie en plein
soleil. Il l'avait rapportée d'Egypte, où il était allé, après l'in-
terdiction des prêches de Ménilmontant, pèleriner avec les Saint-
Simoniens dont il fut l'adepte et le maître de chapelle. L'indivi-
dualité qui caractérise cette œuvre toute spontanée ne se retrouve
pas au même degré dans ses autres partitions plus laborieuses,
plus méritoires peut-être, mais moins en harmonie avec la nature
intime de l'artiste. Après avoir essayé de ressaisir avec Moïse
au Sinaï (1846), Christophe Colomb (1847), VEàèn (1848), la
vogue que lui avait value le Désert, Félicien David avait abordé
le théâtre. Mais il était né pour la description et la rêverie
plutôt que pour l'analyse des passions et la peinture des situa-
tions dramatiques. Les meilleures pages de la Perle du Brésil
(Théâtre-Lyrique, 22 novembre 1851), à'Herculanum (Grand
Opéra, 4 mars 1859), et de Lalla Roukh (Opéra-Comique,

12 mai 1862), sont rêveuses ou descriptives, élégiaques ou pit-
toresques; les pages dramatiques, sans qu'il y ait lieu de les
dédaigner, tant s'en faut, sont moins personnelles. Le Saphir
(Théâtre-Lyrique, 8 mars 1865) n'a rien ajouté à la renommée de
l'auteur.

Félicien David avait remplacé Berlioz à l'Institut. Il était
officier de la Légion d'honneur. Depuis une dizaine d'années,
l'auteur du Désert était quelque peu oublié, oubli injuste assu-
rément et dont la mort le vengera, trop tard comme toujours.
Mais son coup d'essai avaic été un tel coup de maître, que par
la suite ses coups de maître ont fait l'effet de coups d'essai. Il
n'en restera pas moins comme une des personnalités les plus
originales de l'Ecole française.

Charles Vimenal.

CHRONIQUE ETRANGERE

Angleterre. — Une belle collection de peintures, apparte-
nant au comee Spencer, est exposée en ce moment à Londres, au
South Kensington Muséum. L'Ecole anglaise y est magnifique-
ment représentée, et surtout Reynolds et Gainsborough. La
collection comprend une très-intéressante série de portraits d'ar-
tistes peints par eux-mêmes. Parmi les Gainsborough on re-
marque deux jolies esquisses du fameux portrait de la duchesse
de Devonshire enfant. L'une de ces esquisses est surtout déli-
cieuse. La composition est simple, comme dans les meilleurs
ouvrages du maître, la coloration délicate ; elle doit son charme
principal à une habile combinaison de blancs et de roses, mais
l'effet est de ceux qu'un maître est seul capable d'obtenir.

— S. A. R. le prince de Galles a accepté la présidence de
la Commission anglaise de l'Exposition universelle de Paris,
en 1878.

— L'Institut Royal Archéologique a tenu sa session annuelle
à Colchester sous la présidence de Lord Talbot de Malahide qui
succédait à Lord Carlingford. Le choix de Colchester se jus-
tifie par les nombreux restes de constructions romaines que l'on
y rencontre et par le château-fort bâti sous le règne de Guil-
laume le Conquérant. Les environs offrent également beaucoup
d'intérêt aux antiquaires.

Autriche. — Le gouvernement autrichien a résolu de
ne pas participer officiellement à l'Exposition universelle de
Paris.

Belgique. —Le Théâtre Royal de Bruxelles, ordinairement
désigné sous le nom de Théâtre de la Monnaie, manquait de
loges pour les artistes ; on vient de remédier à ce sérieux
inconvénient en ajoutant un étage, mais on l'a fait avec si peu
de goût que ce monument en est littéralement défiguré.

— L'exposition d'eaux-fortes, organisée dans le local et
sous le patronage du Cercle artistique et littéraire de Bruxelles,

Nous donnons avec cette livraison Locuste essaye en pré-
sence de Néron le poison préparé pour Britannicus (prix du Salon),
dessin de Duvivier, d'après le tableau de Joseph Sylvestre, gra-
vure de Smeeton et Tilly. Nous prions nos lecteurs de se re-
porter pour l'appréciation de cette œuvre au tome V, page 198.

par la Société internationale des aquafortistes, s'est ouverte le
1" septembre.

Le Roi et la Reine y assistaient.

Leurs Majestés ont été reçues à l'entrée du Cercle par la
commission du Cercle et son président M. Vervoort, à l'entrée
de l'exposition par la commission de la Société internationale
des Aquafortistes. Le président de la Société, sir Savile Lumley,
ministre d'Angleterre, aquafortiste et exposant, a adressé à
Leurs Majestés une courte allocution et leur a présenté les
membres de la commission.

Le Roi et la Reine ont ensuite examiné avec attention les
eaux-fortes exposées dans la petite galerie vitrée et le salon bleu
du Cercle artistique.

L'exposition est très-intéressante et variée. La Belgique, qui
ne s'est remise à l'eau-forte que depuis peu de temps, car il n'y
a pas deux ans que la Société internationale des aquafortistes,
sous la présidence d'honneur de S. A. R. Mme la comtesse de
Flandre, aquafortiste elle-même, s'est donné la mission de
réveiller dans ce pays cet art si libre, si spontané, le plus
vivant des arts de reproduction, la Belgique y occupe une place
des plus honorables. L'eau-forte française y est représentée par
ses plus éminents artistes, et notamment par quelques-unes des
plus belles planches de l'Art, Les Pays-Bas, l'Allemagne sou-
tiennent vigoureusement la lutte, et l'Angleterre a pour princi-
pal champion un artiste de premier ordre, M. Seymour Haden,
qui, de l'avis des artistes, est le lion de l'exposition.

Nous reviendrons sur cette exposition dont le catalogue,
incomplet, comprend déjà près de 500 numéros. Nous nous bor-
nerons pour le moment à en constater le succès.

M. le ministre d'Autriche-Hongrie, comte Chotek, et M. le
ministre des Pays-Bas, baron de Gericke d'Herwynen, assistaient
à l'ouverture de l'exposition.

HORS TEXTE.

MM. Goupil et Cie étant propriétaires exclusifs du droit de
reproduction du Marché aux fleurs, que nous avons donné
dans notre dernier numéro, c'est à leur obligeance que nous
devons d'avoir pu faire graver pour les abonnés de l'Art le
tableau de M. Firmin Girard.

NOS PLANCHES