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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

DOI Artikel:
Carr, J. Comyns: 108e exposition de la Royal Academy of Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0135

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ROYAL

108e EXPOSITION

de la

ACADEMY OF ARTS'

III

ls sont généralement peu nombreux à l'exposition annuelle de
la Royal Academy les peintres qui cherchent le grand style. Déjà
nous avons présenté aux lecteurs de l'Art les œuvres impor-
tantes de M. Poynter et de M. Leighton; les autres essais de
peinture académique sont pour la plupart moins satisfaisants, et
heureusement nous ne sommes pas obligé de les examiner en
détail. M. Armitage, R. A., expose une figure nue de grandeur
naturelle qu'il baptise du nom de Phryné; mais on peut se
demander si son modèle ressemble d'aussi près à celui d'Apelles
qu'il semble disposé à le croire. Dans tous les cas il doit y avoir
entre les deux peintres une différence de style assez considé-
Lettre "tirée d'un Traité de CaïUgrapUc, rable, et, à moins qu'on ne nous prouve l'authenticité du por-

par le frate Vespasiano Amphiareo, de Ferrare (xvi* siècle).

trait qu'on nous montre aujourd'hui, nous persisterons à croire
que Phryné était belle. M. Albert Moore a pour l'idéal antique une sympathie plus sincère et plus
profonde. Il a naturellement l'instinct d'une certaine grâce classique et, s'il ne parvient pas à s'approprier
cette majesté et cette énergie qui appartiennent à la meilleure époque de l'art grec, il trouve du moins
cette parfaite simplicité de sentiment et ce calme admirable qui sont au nombre de ses caractères
essentiels. Mais le petit tableau qu'il expose cette année ne donne pas une juste idée de son talent.
C'est plutôt de la peinture de genre que de la peinture de style ; la beauté de la forme humaine y
est pour peu de chose ; mais au point de vue du fini de l'exécution c'est une merveille, grâce à la déli-
cate association des tons, à une subtile intelligence de leurs relations et de leur influence réciproque.

Cependant il est un peintre, aussi connu en France qu'en Angleterre, qui se consacre complète-
ment à la restitution de la vie sociale de l'antiquité. M. Alma-Tadéma est essentiellement un peintre
de mœurs. Son intelligence de la passion humaine et des moyens de l'élever à la dignité de l'art n'est
pas très-profonde ; il n'a pas à un très-haut degré le sens de la beauté des formes humaines et des
traits du visage ; mais il possède une certaine dose d'invention qui lui permet de ressusciter les dehors
d'une civilisation éteinte. Il pénètre le monde antique, non par une vive intuition du caractère de
l'homme, mais par une recherche soigneuse de l'exactitude dans le costume et de la précision dans les
détails de l'ameublement. Il étudie avec attention et peint avec adresse tous les accessoires de son
sujet, et comme les incertitudes de la science archéologique laissent toujours quelque liberté dans le
choix et l'arrangement des matériaux, il est à même de donner à ses peintures de la vie romaine une
ordonnance symétrique et une beauté de coloration auxquelles ne peuvent pas toujours atteindre les
peintres de mœurs contemporains. En somme il est probable que devant les peintures antiques de
M. Tadéma, les citoyens de l'ancienne Rome impériale seraient moins satisfaits que nous et moins
prompts à l'illusion.

Elles procèdent des tendances d'une époque qui attache au détail une importance excessive, mais
elles ne nous aident pas puissamment à comprendre le caractère antique ou à pénétrer les secrets de
la passion individuelle. 11 y a cette année trois tableaux de lui qui montrent à la fois les ressources et

i. Voir l'Art, tome V, pages 25$ et 302.
 
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