ÉCOLE NATIONALE DES BEAUX-ARTS
EXPOSITION DES ENVOIS DE ROME
aisons à la peinture la charité de notre laconisme; elle en a grand besoin. Où
il n'y a rien, la critique perd d'ailleurs ses droits.
M. Paul Albert Besnard, prix de Rome de 1874, appelle : Une Source, une
académie de jeune fille d'une banalité accomplie. Il nous montre en même temps
un Faune, dessin qui travestit l'antique avec une indicible mollesse, et trois aqua-
relles exécutées, les deux premières, à Santa Maria délia Pace,— elles reproduisent
TyPe cizéviricn. avec une rare faiblesse des fragments de ces Sibylles, œuvres si surfaites de
Raphaël dont elles sont la très-menue monnaie pour qui ose parler vrai et ne se contente pas de
répéter des appréciations toutes faites et des jugements complaisamment intéressés ; — la troisième,
exécutée au Vatican, à la chapelle San Loren\o, représente une tête de pontife d'après Fra Angelico;
c'est un peu moins faible que les deux autres aquarelles; il n'y a pas autre chose à en dire.
M. Aimé Nicolas Morot, prix de Rome de 1873, semble avoir eu pour unique préoccupation de
démentir les espérances que faisait concevoir le Printemps du Salon de cette année, en pastichant
outrageusement Henri Regnault sous les espèces d'une niaise Méde'e de carton.
M. Joseph Marie Gabriel Ferrier, prix de Rome de 1872, a envoyé une esquisse de plafond où
l'on n'y voit goutte ou autant vaut; toutefois ce chaos a l'air de plafonner, — c'est quelque chose. Le
Saint Georges exécuté par M. Ferrier, d'après un des Carpaccio de Venise, est une copie convenable.
M. Edouard Toudouze, prix de Rome de 1871, qui avait au Salon une Cljtemnestre, a commis une
grande machine non terminée. Cela s'appelle la Femme de Loth. Espérons que cela ne se terminera
jamais; c'est aussi déplorablement composé que pitoyablement exécuté. Il faut n'avoir pas trace de goût
pour trouver là-dedans quoi que ce soit à louer. Si c'est là ce que nous réserve l'Ecole de Rome, qu'on
ferme l'Académie de France au plus vite; on ne saurait trop promptement en réaliser la salutaire
économie.
De M. Toudouze encore, deux dessins, l'un d'après Carpaccio, l'autre d'après un bas-relief du
Parthénon. Pas trace de griffe de lion; pas le moindre coup de crayon magistral.
En opposition à cet échec absolu des peintres, nous avons fort heureusement à signaler les impor-
tants et tout à fait remarquables travaux des architectes, qui révèlent des études très-sérieuses.
M. Benoît Edouard Loviot, prix de Rome de 1874, nous présente des détails dePompéi; M. Marcel
Lambert, prix de Rome de 1873, un fragment antique, l'entablement au quart d'exécution du Temple
de Vénus à Rome, l'ensemble et des détails du porche de la Chiesa délia Madona dei Miracoli à Brescia,
et la frise, l'entablement, un chapiteau, etc., du Temple d'Antonin et Faustine, à Rome.
M. Louis Bernier, prix de Rome de 1872, dont « tous les dessins sur le Temple d'Eleusis, expédiés
par lui d'Athènes à Rome, ont été perdus dans le naufrage de l'Agrigente dans la nuit du 25 mars, »
expose néanmoins la Muraille noire à Pompéi, le Plafond du transept de l'église de Santa Maria in Ara
Çœli à Rome et le Cloître de la Basilique de Saint-Jean de Latran.
Enfin M. Émile Ulmann, prix de Rome de 1871, a reconstitué avec un rare talent le Temple bâti
par Vespasien à Brescia^ dans une série de dix plans qui sont la propriété du gouvernement.
Sans les brillantes contributions des architectes, la grande salle du premier étage de l'École des
Beaux-Arts aurait eu cette année le plus navrant aspect.
M. Louis Abdon Boutelié est un graveur qui a remporté le prix de Rome en 1872. Ses quatre
dessins sont honorables et sans accent; c'est tout ce qu'il y a à en dire.
C'est aussi en 1872 que M. Jean Baptiste Daniel Dupuis a été lauréat, mais pour la gravure en
médailles. Son dessin de la Jurisprudence, d'après Raphaël, son bas-relief, la Vierge et l'Enfant Jésus,
EXPOSITION DES ENVOIS DE ROME
aisons à la peinture la charité de notre laconisme; elle en a grand besoin. Où
il n'y a rien, la critique perd d'ailleurs ses droits.
M. Paul Albert Besnard, prix de Rome de 1874, appelle : Une Source, une
académie de jeune fille d'une banalité accomplie. Il nous montre en même temps
un Faune, dessin qui travestit l'antique avec une indicible mollesse, et trois aqua-
relles exécutées, les deux premières, à Santa Maria délia Pace,— elles reproduisent
TyPe cizéviricn. avec une rare faiblesse des fragments de ces Sibylles, œuvres si surfaites de
Raphaël dont elles sont la très-menue monnaie pour qui ose parler vrai et ne se contente pas de
répéter des appréciations toutes faites et des jugements complaisamment intéressés ; — la troisième,
exécutée au Vatican, à la chapelle San Loren\o, représente une tête de pontife d'après Fra Angelico;
c'est un peu moins faible que les deux autres aquarelles; il n'y a pas autre chose à en dire.
M. Aimé Nicolas Morot, prix de Rome de 1873, semble avoir eu pour unique préoccupation de
démentir les espérances que faisait concevoir le Printemps du Salon de cette année, en pastichant
outrageusement Henri Regnault sous les espèces d'une niaise Méde'e de carton.
M. Joseph Marie Gabriel Ferrier, prix de Rome de 1872, a envoyé une esquisse de plafond où
l'on n'y voit goutte ou autant vaut; toutefois ce chaos a l'air de plafonner, — c'est quelque chose. Le
Saint Georges exécuté par M. Ferrier, d'après un des Carpaccio de Venise, est une copie convenable.
M. Edouard Toudouze, prix de Rome de 1871, qui avait au Salon une Cljtemnestre, a commis une
grande machine non terminée. Cela s'appelle la Femme de Loth. Espérons que cela ne se terminera
jamais; c'est aussi déplorablement composé que pitoyablement exécuté. Il faut n'avoir pas trace de goût
pour trouver là-dedans quoi que ce soit à louer. Si c'est là ce que nous réserve l'Ecole de Rome, qu'on
ferme l'Académie de France au plus vite; on ne saurait trop promptement en réaliser la salutaire
économie.
De M. Toudouze encore, deux dessins, l'un d'après Carpaccio, l'autre d'après un bas-relief du
Parthénon. Pas trace de griffe de lion; pas le moindre coup de crayon magistral.
En opposition à cet échec absolu des peintres, nous avons fort heureusement à signaler les impor-
tants et tout à fait remarquables travaux des architectes, qui révèlent des études très-sérieuses.
M. Benoît Edouard Loviot, prix de Rome de 1874, nous présente des détails dePompéi; M. Marcel
Lambert, prix de Rome de 1873, un fragment antique, l'entablement au quart d'exécution du Temple
de Vénus à Rome, l'ensemble et des détails du porche de la Chiesa délia Madona dei Miracoli à Brescia,
et la frise, l'entablement, un chapiteau, etc., du Temple d'Antonin et Faustine, à Rome.
M. Louis Bernier, prix de Rome de 1872, dont « tous les dessins sur le Temple d'Eleusis, expédiés
par lui d'Athènes à Rome, ont été perdus dans le naufrage de l'Agrigente dans la nuit du 25 mars, »
expose néanmoins la Muraille noire à Pompéi, le Plafond du transept de l'église de Santa Maria in Ara
Çœli à Rome et le Cloître de la Basilique de Saint-Jean de Latran.
Enfin M. Émile Ulmann, prix de Rome de 1871, a reconstitué avec un rare talent le Temple bâti
par Vespasien à Brescia^ dans une série de dix plans qui sont la propriété du gouvernement.
Sans les brillantes contributions des architectes, la grande salle du premier étage de l'École des
Beaux-Arts aurait eu cette année le plus navrant aspect.
M. Louis Abdon Boutelié est un graveur qui a remporté le prix de Rome en 1872. Ses quatre
dessins sont honorables et sans accent; c'est tout ce qu'il y a à en dire.
C'est aussi en 1872 que M. Jean Baptiste Daniel Dupuis a été lauréat, mais pour la gravure en
médailles. Son dessin de la Jurisprudence, d'après Raphaël, son bas-relief, la Vierge et l'Enfant Jésus,