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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Raymond, Jules: École nationale des beaux-arts: commandes et achats de la ville de Paris
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ÉCOLE NATIONALE DES BEAUX-ARTS

COMMANDES ET ACHATS DE LA VILLE DE PARIS

« Cette Exposition comprend diverses œuvres d'art com-
mandées par la Ville de Paris et le Département de la Seine,
les acquisitions faites au Salon de 1876, et quelques tableaux
anciens restaurés depuis la dernière Exposition. » Ainsi s'ex-
prime le livret qui ne comprend pas moins de 122 numéros,
en ayant soin de tenir compte des numéros 101, A, B, C et D
omis primitivement par l'imprimeur ou par la rédaction du
catalogue.

Nous avons donc la quantité. Combien ne serions-nous pas
plus heureux de pouvoir signaler la qualité! Hélas! ce n'est
point par là que brille ce Salon au petit pied. Les peintures exé-
cutées pour la chapelle Sainte-Geneviève dans l'église de la
Trinité, pour la chapelle des fonts baptismaux dans l'église
Saint-Leu, pour la chapelle des fonts baptismaux dans l'église
de la Trinité, pour l'église Saint-Louis-en-l'Ile, pour l'église de
Colombes, pour celle de Vanves, pour la chapelle Saint-Jacques
de l'église Saint-Merri, pour l'église Saint-Joseph et pour
l'église de Bry-sur-Marne, n'ayant avec l'art que les rapports
les plus éloignés, échappent à toute critique. Ce sont des pro-
duits d'une vulgarité désespérante et d'une faiblesse à l'avenant.
A quoi bon en citer les auteurs ? Nous n'éprouvons aucun plai-
sir à leur faire du chagrin et nous savons que nous tenterions
en vain de modifier leur genre de production. Les coupables, ce
sont ceux qui font de pareilles commandes.

Notre silence toutefois deviendrait de la complicité si nous
nous abstenions de signaler avec sévérité les deux tableaux des-
tinés à être marouflés dans le bras droit de la croix de l'église
Saint-Ambroise ; cela est signé par M. Lenepveu, membre de
l'Institut, directeur de l'Académie de France à Rome. Pensée,
composition, exécution, tout est au-dessous du médiocre; on
cherche vainement une qualité quelconque à recommander à un
élève. C'est déplorable.

Il ne faut pas se montrer plus indulgent pour M. Delaunay;
il a même tous les droits à être vertement critiqué, car il a du
talent et est d'autant moins excusable d'avoir commis un Isaïe, un
Jérémie, un Ézéchiel et un Daniel, tous plus communs les uns
que les autres ; ces pendentifs de la coupole de l'église Saint-
François-Xavier sont dépourvus de toute espèce de style et font
fort triste figure.

Les travaux de M. Romain Cazes, dans la même église, sont
honorables, rien de plus; ceux de M. Jobbé-Duval, pour la cou-
pole de l'escalier d'honneur du Tribunal de Commerce, ont tous
un bon aspect décoratif, et ceux de M. Laugée, pour la chapelle
Saint-Denis, dans l'église de la Trinité, révèlent un effort sérieux
et constitueraient sans aucun doute le dessus du panier de cette
exposition, si M. Georges Becker n'avait là son Saint Joseph
protecteur de l'enfance de Jésus. A la bonne heure! c'est simple et
c'est neuf, et cela brille par une très-réelle distinction ; l'église
Saint-Louis-d'Antin, à laquelle cette œuvre — une véritable
œuvre d'art — est destinée, se trouve ainsi de beaucoup la mieux
partagée1.

Le Saint Vincent de Paul ramenant des galériens à la foi est
d'une tonalité non moins violacée, non moins anti-coloriste à
l'École des Beaux-Arts qu'au Salon ; il est regrettable que l'affreuse
façon de peindre de M. Lecomte-Dunouy soit à ce point répul-
sive qu'on ne voit plus qu'elle et que l'on oublie les réels mérites
de composition de cette vaste toile.

Une série de cartons et d'esquisses de feu Alphonse Périn est

1. On se rappelle que c'est à M. Becker qu'a été décerné l'année dernière le
nces que nous avons mises en lui.

intéressante à étudier; on se trouve plutôt en présence d'un
lettré distingué qu'en présence d'un peintre.

On a eu l'heureuse idée d'exhiber les tableaux anciens res-
taurés depuis la dernière exposition. L'œuvre magistrale de Lar-
gillière qui décore l'église Saint-Etienne-du-Mont, est un
précieux enseignement pour les jeunes artistes; M. Charles
Maillot qui la restaure avec un soin pieux, n'a pas entiè-
rement terminé son travail, mais il est assez avancé pour
qu'on puisse en apprécier le réel mérite. La discrétion est la
première qualité d'un restaurateur, une qualité maîtresse que
M. Maillot s'honore de mettre constamment en pratique. Aussi
suis-je porté à croire qu'il ne faut pas lui attribuer l'excès de
nettoyage du Salviati de l'église Sainte-Marguerite. M. Charles
Maillot a aussi restauré un Quintin Varin, — la Présentation au
Temple,— grandissime machine aussi mauvaise que vaste et dont
la perte eût — aux yeux des gens de goût — enrichi la chapelle
des Catéchismes de l'église Saint-Germain-des-Prés.

La Préfecture de la Seine — qui dit à l'eau-forte : Vade rétro
Satanas! — prodigue ses encouragements passionnés à la gravure
en taille-douce qui ne la paie pas de retour. Sauf un très-beau
dessin de M.William Haussoullier d'après les peintures de Chas-
sériau qu'il est chargé de graver— Chapelle Sainte-Marie-
l'Egyptienne, dans l'église Saint-Merri, — rien de bien remar-
quable à signaler.

Des vitraux d'une rare faiblesse sont à porter au passif et deux
belles médailles de Chaplain à l'actif des commandes municipales.

Je n'étonnerai personne en constatant que la sculpture vaut
beaucoup mieux que la peinture, mais c'est surtout par les achats
faits au Salon qu'elle triomphe avec éclat : le Terme, de M. Eu-
gène Guillaume, le Caïn, de M. Caillé, le Charmeur, de M. de La
Vingtrie — deux élèves de M. Guillaume, dignes d'un tel maître,
— et le Joueur de billes, de M. Charles Lenoir.

Parmi les commandes, la Vierge, de M. Eugène Delaplan-
che, si justement admirée au Salon, occupe indiscutablement le
premier rang ; le Saint Joseph et l'Enfant Jésus, qui complètent
l'ensemble décoratif deètiné à l'église Saint-Joseph, se distin-
guent par le faire savant auquel nous a habitués l'é minent sta-
tuaire, mais sont inférieurs comme pensée créatrice à cette
Vierge, d'un mouvement si admirablement trouvé.

M. Jean Gautherin est l'auteur d'un autre Saint Joseph —
Bis repetita placent — destiné à la même église ; c'est également
l'exécution qu'il y a à louer; de même pour le Saint Paul, que
M. Albert-Lefeuvre vient de terminer pour l'église de Clamart.
Je doute fort que les figures de saints répondent à la note intime
du sculpteur de F Adolescence ; les études auxquelles il va se
livrer à Florence, révéleront sous de tout autres aspects, croyons-
nous, sa sympathique et intelligente personnalité.

Le Saint Paul et le Saint Jean, de M. Marcellin, ne m'avaient
point paru bons au Salon; je ne les trouve pas meilleurs ici et
je doute qu'ils me fassent changer d'avis placés dans l'église de
la Sorbonne.

Le bas-relief de M. Thomas — Notre-Dame-des-Champs —
pèche par la lourdeur ; le Saint Roch, de M. Loison, est d'une
invention bien pauvre, et le Sacré-Cœur, de M. Raymond Bar-
thélémy, est mauvais de tous points.

Sans avoir l'intention d'émettre à cet égard aucun blâme, je
crois que les commandes de la Préfecture ne devraient pas revêtir
un caractère presque exclusivement religieux; il n'y a, en effet

prix de l'Art. Nous sommes heureux de voir que M. Becker justifie les espé-

{Note de la Rédaction.)
 
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