64 . L'ART.
couleur y ajoutait une gaieté qui ne se retrouve pas au même degré dans cette matière faite pour les
choses graves; les plaisanteries, coulées en ce métal réservé aux grands hommes et aux grandes idées,
me semblent toujours un peu lourdes, et cependant, dans le groupe
de M. Le Bourg, il y a du vrai mouvement et de la franche gaieté.
Le Pierrot, de M. Carlier, est spirituel et la tête est bien
enfarinée; l'arrangement du costume, tout en restant celui du
Pierrot traditionnel, est devenu suffisamment sculptural. Cette sta-
tuette a été conçue avec une fantaisie très-fine et exécutée habile-
ment par un vrai sculpteur.
M. Ringel a exposé, sous le nom de la Fille de Roland l, une
statue d'un bon caractère ; les lignes de ses draperies sont large-
ment et simplement cherchées dans le sens de certaines belles
statues gothiques. Les bras qui portent l'épée sont souples et bien
compris. J'avais aperçu cette statue placée sur un piédestal fait
d'un chapiteau roman; cette disposition donnait un plus grand
caractère à l'œuvre ; mais il faut que les trop heureux sculpteurs
sachent faire des sacrifices. Les membres du jury seuls ont la
faculté de placer leurs œuvres sur des piédestaux à eux et à la
place qui leur convient le mieux.
M. Clésinger, que nous avons admiré pendant longtemps,
madame doche*. semble depuis quelques années vouloir nous faire regretter notre
Fac-similé d'un dessin de Saint-Elme Gautier, ancienne sympathie pour ses œuvres. La France, qu'il nous a
d'après le marbre d'Eug. Dclaplanche. envoyée à ce Salon, est un buste incompréhensible. Cette femme
(Salon de 1876) casquée, cuirassée et drapée avec la plus singulière bizarrerie,
serait l'image de la France, si nous en croyions M. Clésinger.
Vraiment non! nous n'en sommes pas encore là, et j'aime mieux croire que ce portrait n'est pas plus
celui de la France, que le buste, portant le n° 3,152, n'est le portrait de M. de Cissey.
GASTON GuiTTON (Victor Renaud).
(La suite prochainement J
1. Voir l'Art, tome VI, page 27.
2. Voir l'Art, tome V, page 290.
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couleur y ajoutait une gaieté qui ne se retrouve pas au même degré dans cette matière faite pour les
choses graves; les plaisanteries, coulées en ce métal réservé aux grands hommes et aux grandes idées,
me semblent toujours un peu lourdes, et cependant, dans le groupe
de M. Le Bourg, il y a du vrai mouvement et de la franche gaieté.
Le Pierrot, de M. Carlier, est spirituel et la tête est bien
enfarinée; l'arrangement du costume, tout en restant celui du
Pierrot traditionnel, est devenu suffisamment sculptural. Cette sta-
tuette a été conçue avec une fantaisie très-fine et exécutée habile-
ment par un vrai sculpteur.
M. Ringel a exposé, sous le nom de la Fille de Roland l, une
statue d'un bon caractère ; les lignes de ses draperies sont large-
ment et simplement cherchées dans le sens de certaines belles
statues gothiques. Les bras qui portent l'épée sont souples et bien
compris. J'avais aperçu cette statue placée sur un piédestal fait
d'un chapiteau roman; cette disposition donnait un plus grand
caractère à l'œuvre ; mais il faut que les trop heureux sculpteurs
sachent faire des sacrifices. Les membres du jury seuls ont la
faculté de placer leurs œuvres sur des piédestaux à eux et à la
place qui leur convient le mieux.
M. Clésinger, que nous avons admiré pendant longtemps,
madame doche*. semble depuis quelques années vouloir nous faire regretter notre
Fac-similé d'un dessin de Saint-Elme Gautier, ancienne sympathie pour ses œuvres. La France, qu'il nous a
d'après le marbre d'Eug. Dclaplanche. envoyée à ce Salon, est un buste incompréhensible. Cette femme
(Salon de 1876) casquée, cuirassée et drapée avec la plus singulière bizarrerie,
serait l'image de la France, si nous en croyions M. Clésinger.
Vraiment non! nous n'en sommes pas encore là, et j'aime mieux croire que ce portrait n'est pas plus
celui de la France, que le buste, portant le n° 3,152, n'est le portrait de M. de Cissey.
GASTON GuiTTON (Victor Renaud).
(La suite prochainement J
1. Voir l'Art, tome VI, page 27.
2. Voir l'Art, tome V, page 290.
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