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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Rondani, Alberto: Le professeur G. Botti et sa restauration de l'Annonciation du Corrège
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0091

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74 L'ART.

Les soins dont on entoure les œuvres du Corrège sont maintenant plus attentifs que jamais. La
restauration qu'on vient de faire de VAnnonciation en est une preuve éclatante.

Cette œuvre avait été peinte sur une grande lunette dans une église bâtie en dehors de la ville
de Parme. Pierre Louis Farnèse ayant fait raser l'église pour y bâtir une redoute, la fresque eut
beaucoup à souffrir, quoiqu'on l'eût entourée d'une bande de fer. On la transporta dans l'église de
l'Annunziata et on la plaça tant bien que mal sous un parvis, dans un coin obscur et humide, près la
porte de gauche. Dans cet endroit, la malheureuse fresque se fendit, l'enduit s'abîma; l'humidité
se chargea du reste. Quelque temps encore et ce magnifique ouvrage n'allait plus exister que comme
souvenir. L'année dernière les dommages pouvaient déjà paraître irrémédiables.

C'est alors que le gouvernement envoya le professeur chevalier Gugliehno Botti pour examiner la
fresque du Corrège et la restaurer au moyen de sa méthode.

Qu'est-ce que le chevalier Gugliehno Botti? D'où sort-il? Qu'a-t-il fait? Je pourrais répondre en
citant beaucoup de pages élogieuses de Selvatico, de Cavalcaselle, de Dall'Ongaro et d'autres critiques
italiens. Pour écarter tout reproche de partialité, j'aime mieux donner la parole aux critiques étrangers.

Je commence par M. Petit : « En 1856, dit-il, M. Botti entreprit de restaurer une grande partie des
fresques de Benozzo Gozzoli au Campo Santo de Pise, et il réussit complètement.

« Jusque-là le moyen généralement employé pour le transport des peintures murales était de faire
adhérer une toile couverte d'un mastic tenace à la partie peinte, et ensuite d'enlever cette toile, à
laquelle restait fixée la pellicule de carbonate de chaux qui portait la couleur.

« Mais si ce moyen était bon pour les peintures faites à la fresque proprement dite, il devenait
insuffisant pour les œuvres des xve et xvic siècles, lesquelles, faites d'abord à fresque, étaient achevées
en détrempe; avec ce procédé une seule des deux surfaces peintes restait à la toile, et l'autre était perdue.

« M. Botti, après beaucoup d'études et des recherches chimiques, parvint soit à transporter la
fresque d'un lieu à un autre, soit à la protéger et à la conserver sur le mur en combattant victorieuse-
ment l'action destructive de l'atmosphère, et en ramenantles glacis et les retouches au fini le plus délicat.

« En 1869, à Padoue, la commission conservatrice des monuments publics, alarmée du mauvais
état des fameuses fresques de Giotto, dans la petite église de l'Arena, fit appeler l'éminent Botti de
Pisa. Il se mit aussitôt à l'œuvre avec la confiance de l'homme sûr du succès, enleva plusieurs
morceaux près de tomber, les collant à mesure sur panneau au moyen de gommes, composa un
ciment, et les remit en place avec une incroyable précision, après leur avoir rendu tout leur éclat.

« En 1870, on découvrit un tableau dans le couvent de Vallombroso, en Toscane, peint en
détrempe par Ghirlandaio ; cette peinture était dans un état déplorable, et plusieurs figures de saints
avaient été repeintes à l'huile. Heureusement la partie principale était restée à peu près intacte...
L'opération était des plus difficiles, mais l'habile Botti enleva peu à peu le panneau sur lequel était la
peinture, tandis que finalement celle-ci se trouva parfaitement fixée sur toile; on admire la fraîcheur de
cette peinture dans la galerie de Florence.

« En 1871, le chevalier fut chargé de transporter une fresque de Baccio délia Porta et de Mariotto
Albertinelli. Cette peinture dépérissait dans le cimetière de l'hospice de Santa Maria Nuova de Flo-
rence ; elle a quatre mètres de large, et à peu près autant de haut. Il parvint à transporter sur un
panneau mobile ce morceau important. Aujourd'hui qu'il est débarrassé de la poussière qui le couvrait,
on en peut contempler la netteté et le fini.

« On admire aussi à Padoue la restauration des fresques de Mantegna dans l'église des Ermites.
« Cependant c'est en 1872, dansla basilique de Saint-François d'Assise,que s'est surpassé M. Botti,
en consolidant et rajeunissant les restes si compromis des fresques deCimabue, deGiunta, son maître,
et de Giotto, son incomparable élève. »

M. Rohault de Fleury parle ainsi de la méthode de restauration de M. Botti : « 11 fait une colle de
parchemin et papiers hachés dont il se sert bouillante en la répandant sur la surface de la peinture.
Lorsqu'il voit cet encollage absorbé, il recommence et répète l'opération une ou deux fois ; puis, quand
l'enduit est bien sec, il y applique une solution de cire vierge dans de la térébenthine.

« Ce sont les anciens eux-mêmes qui ont amené M. Botti à faire usage de cette cire, en racontant
comment leurs peintres, si habiles à manier la fresque, s'en servaient ordinairement. Pline, Vitruve et
 
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