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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Hoppin, William J.: Esquisse d'une histoire de la peinture aux États-Unis d'Amérique
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0170

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ESQUISSE D'UNE HISTOIRE DE LA PEINTURE AUX ÉTATS-UNIS. 139

est vrai que tous les deux sont nés de j>arents américains, mais ils ont vécu en Angleterre presque
toute leur vie, et leurs sujets sont empruntés presque tous à la littérature anglaise.

Vanderlyn fit un Marins qui remporta le prix à Paris en 1808, et plus tard une Ariane qui est admi-
rable pour le dessin et le coloris. Mais je crois que le Marins n'aurait pas été peint si David n'avait pas
existé, et que Y Ariane est plutôt une courtisane que la bien-aimée d'un demi-dieu.

MM. Chapman et Weir ont essayé de remplir deux panneaux du Capitole à Washington avec des
pièces historiques. Leurs ouvrages sont inférieurs aux plus faibles toiles de Trumbull.

Huntington, ci-devant Président de l'Académie Nationale à New-York, un homme vraiment aimable,
doué d'une nature exceptionnelle et toute au service de la vertu et de la piété, a pris l'essor quelque-
fois pour s'élever aux hauteurs des sujets religieux. Mais son vol est un peu lourd, et il se fatigue
vite dans ses efforts pour gagner les sommets.

Page a fait des Saintes Familles, des Rnths et des Vénus, chaque tableau d'après un principe de colo-
ration différent. Quelquefois il est charmant comme dans la Vierge, de l'Athénée, mais il a des théories
qui nuisent à ses efforts. Jl eut l'idée par exemple de faire les chairs d'une manière anatomique, c'est-
à-dire de faire les muscles d'abord d'un rouge foncé avec des raies violettes, et ensuite de couvrir le
tout avec une peau d'un blanc jaunâtre. Malheureusement cette peau a partout disparu laissant les
personnages à l'état d'écorchés. Il y a une grande composition de Ruth et Noémi, dans la galerie
de la Société Historique à New-York, où ces aimables héroïnes semblent souffrir de la rougeole ;
mais Page n'est pas toujours d'une couleur chaude. 11 a exposé une Vénus d'une nuance verte comme
s'il eût emprunté cette nuance à la mer, d'où elle sortait. Il est curieux qu'un artiste d'un génie
aussi prononcé et qui a fait les meilleures copies du Titien ait pu se laisser aller à de telles fantaisies
picturales.

Gray nous a donné des compositions allégoriques et mythologiques d'un coloris admirable, spécia-
lement dans le traitement de la chair et des draperies; mais il ne songe qu'à satisfaire le goût au lieu
d'élever l'imagination ou de toucher le cœur.

Leutze a fait une grande page historique, le Washington qui traverse la Delaware. Je trouve des
choses admirables dans ce tableau et dans d'autres qu'il a peints. Il exprime toujours l'action physique
avec beaucoup d'habileté. 11 échoue souvent dans la reproduction des émotions de l'âme les plus déli-
cates et les plus subtiles. 11 y a quelque chose d'un peu grossier dans son génie. J'ai vu de lui par
exemple une Lady Godiva, qui est tout bonnement une femme nue qui monte à cheval. On ne découvre
dans cette représentation rien de cette élévation de caractère, de cette chasteté sainte qui protégea
l'héroïne comme un voile céleste.

Maintenant je crois que j'ai nommé tous les contemporains et les successeurs les plus estimés
d'AUston, et je répète ce que j'ai déjà dit, il n'y a aucun de ceux-ci qui l'égale.

Si nous rétrogradons dans les chemins de l'art le plus élevé, nous faisons quelque progrès dans la
peinture de genre. Mount nous a donné, il y a trente-cinq années, des scènes de la vie américaine, qui
nous ont charmé par leur vraisemblance, malgré la crudité de leur coloris et leurs imperfections de
dessin. Ce sont à peu près les premières ; études de ce genre dans lesquelles l'artiste américain
s'émancipa des règles conventionnelles et peignit les hommes et les femmes comme on les voit au
milieu de leurs occupations ordinaires. Mount fit des portraits du nègre de Long-Island aussi vivants en
peinture que l'OncleTom dans le roman de Madame Stowe.

Edmonds, avec plus de savoir en matière de coloris et plus de netteté de dessin, est de beaucoup
inférieur à Mount par l'expression du caractère et du sentiment.

Mais tous les deux sont dépassés par un troisième — Eastman Johnston — qui a fait cette idylle
touchante des derniers jours de l'esclavage, The Old Kentuckj House, avec toutes les maisonnettes
délabrées et les habitants de la « plantation » oisifs et insouciants. Il y a dans les attitudes de ses per-
sonnages une humeur pensive, dans les détails et les accessoires une vraisemblance naïve qui nous fait
souvenir du bon Goldsmith. Il fait en peinture pour la vie humble de la campagne américaine tout ce
que fait Whittier dans la poésie.

William j. Hoppin.

(La fin prochainement.)
 
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