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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Wedmore, Frederick: "Old crome": 1769-1821
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0348

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« OLD » CROME. 293

grande partie du travail n'est pas de Crome lui-môme. Les premiers états, en dépit du dilettantisme
de l'impression et de la morsure, sont de très-précieux et délicieux souvenirs ; un jour ou l'autre ils
seront hors de prix.

11 est une de ces planches, A Bawburgh, — des feuilles de bardane, des plantes aquatiques et un
saule pleureur, — dessinée avec une vive sensibilité et une admirable puissance. Il en est une autre
Near Hingham (Près de Hingham), — datée 1813 — qui, par le charme de la simplicité, par le sens
de l'isolement de la pure campagne dans sa vie quotidienne, se place presque au niveau de la
Ferme aux palissades blanches de Rembrandt. Crome n'était pas suffisamment maître dans la technique
de cet art pour atteindre à cette subtilité d'espace et d'atmosphère que déploie le grand maître hollan-
dais dans sa Ferme et Grange hollandaises, qui dans l'ensemble est le chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre
du paysage à l'eau-forte. Mais les meilleures eaux-fortes de Rembrandt lui-même n'ont pas cette
puissance et ce sentiment dans le dessin des arbres qui caractérisent les eaux-fortes de Crome.
Rembrandt n'a rien de ce feuillage serré qu'on admire dans cette eau-forte sans titre de Crome,
un chemin à la lisière d'un bois. Celle-ci, aussi hardie que les premiers et les plus rares états du
Berger et Bergère de Claude, rivalise avec les meilleures œuvres de Ruysdael, et dépasse de beau-
coup les meilleures de Waterloo. Pourtant Waterloo, plutôt que Rembrandt, si l'on en juge d'après
les sujets, fut le modèle de Crome. Enfin, comme exemple de son habileté à rendre la grâce et
la légèreté du saule aussi bien que la vigueur et les entrelacements du chêne, dont Crome est le
portraitiste en titre, voyez son eau-forte At Woodrising, une rangée de saules se mirant dans une
mare tranquille

Dans le dessin de la figure, — pour revenir par un dernier mot de l'eau-forte à la peinture, —
Crome ne fut jamais un maître, et il y a bien peu de paysages où la figure joue un rôle aussi insigni-
fiant que dans les siens. Elle n'est pour rien, ou peu s'en faut, dans le sentiment de la scène ; c'est
tout au plus si elle y ajoute çà et là un peu de mouvement; elle est là pour déterminer l'échelle du
paysage, et rien de plus. Lorsqu'elle est nue, ou lorsqu'elle prend certaines proportions, il a,
comme nous l'avons vu, recours à d'autres mains. Mais deux de ses tableaux déjà cités font excep-
tion : le Boulevard des Italiens et le Marché aux poissons à Boulogne. Là, bien que de petites dimen-
sions, les figures sont nombreuses et entrent pour beaucoup dans l'intérêt de ces peintures. Comme
plusieurs autres parmi les meilleures de Crome, et il y a lieu de s'en réjouir, ces deux peintures sont
aujourd'hui encore dans la province qu'il a illustrée, à Keswick Hall, près de Norwich, une maison
qui appartient à la famille Gurney. Le Boulevard des Italiens fut exposé en 1815, l'autre en 1819, six
ans et deux ans avant la mort de l'artiste. Les deux toiles furent peintes d'après des esquisses faites
sur nature par Crome, lors de son voyage en France en 1814; mais comme il s'écoula quatre années
entre l'exposition de chacune d'elles, il est probable qu'il y eut le même intervalle dans l'exécution,
et nous sommes amené ainsi à conclure que dans ses toutes dernières années le peintre était arrivé
au maximum de son énergie et de la variété de son talent : en 1818, le Chêne à P or in gland ; en 1819,
le Marché aux poissons à Boulogne; en 182,1 sa mort.

Le boulevard des Italiens, qui a inspiré à Crome le premier de ses deux tableaux français, était
tout autre alors et bien plus pittoresque qu'aujourd'hui. De petites échoppes couvertes se dressaient
sous des arbres moins régulièrement plantés; et sur un large espace, limité par des habitations qui
n'avaient pas la monotonie des palais marchands de notre époque, des groupes de personnes passaient
ou s'arrêtaient, observant, causant, marchandant. Crome a peint tout cela avec une vivacité qui ne
lui est pas précisément habituelle, et par d'adroites atténuations il a triomphé de ce qu'il pouvait y
avoir de roideur et d'uniformité dans le sujet même.

Mais le Marché aux poissons à Boulogne est en fin de compte l'expression suprême de son art,
œuvre aussi éloignée que l'autre de ses procédés ordinaires, mais supérieure encore en beauté. Le
marché se tient sur le quai à ciel ouvert, et l'artiste a merveilleusement rendu l'animation, le grouil-
lement vivant de tous ces groupes de matelots, de pêcheurs et de paysans. Au delà du quai, des

1. Mes éloges s'appuient, dans tous les cas, sur les plus belles épreuves. Le Cabinet des estampes du Britisk Muséum a la bonne for-
tune d'en posséder quelques-unes. En revanche il ne possède qu'un seul dessin de Crome, un dessin très-travaillé, mais endommagé. Les
dessins de Crome, et surtout ses aquarelle.;, sont de la dernière rareté.
 
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