Fac-similé d'un dessin de P. Acher, d'après le Corrige.
LE PROFESSEUR G. BOTTI
et
SA RESTAURATION DE L'ANNONCIATION DU CORRÈGE
ak me est la patrie artistique du Corrège ; aucune autre ville n'est aussi
riche en chefs-d'œuvre de ce peintre ; Dresde même, qui en possède
un grand nombre, ne saurait sur ce point compter comme une rivale.
Les merveilleuses fresques qui sont à l'église de Saint-Jean
l'Évangéliste, à la Cathédrale, au couvent de Saint-Paul, et dont les
Parmesans vantent fièrement la valeur, sont là pour témoigner avec
éclat de ce que j'avance.
Mais si ma petite ville est fière de cette richesse, elle est res-
ponsable aussi de ce patrimoine dont elle n'est en définitive que la
dépositaire et qui appartient au monde entier. Elle doit se montrer
digne de son bonheur en veillant toujours et pieusement à la con-
servation des chefs-d'œuvre dont elle a la charge. L'a-t-elle toujours fait? Il faut avouer fran-
chement que non. Ne peut-on point accuser tel ou tel des dommages éprouvés par les peintures du
Corrège? Ma qualité de Parmesan ne me permet point de répondre d'une façon précise sur ce point.
Toutefois il faut reconnaître, avant tout, que des événements qu'on ne pouvait prévoir sont beaucoup
plus coupables que qui que ce soit, car il est reconnu que l'on a toujours à Parme entouré d'un culte
jaloux les tableaux du Corrège.
Je n'aurais pour le prouver qu'à raconter l'histoire curieuse et presque romanesque du tableau
le Saint Jérôme, qui se trouvait dans l'église Saint-Antoine de Parme, et dont un peintre voulut un
jour faire copie en voilant certaines parties nues; les chanoines chassèrent de vive force l'artiste
sacrilège qui osait, en le mutilant, essayer de reproduire un chef-d'œuvre. C'est cette même toile qui,
devant être transportée de Parme à Colorno, ville voisine située à quinze kilomètres, fut, par ordre de
l'administration, escortée de deux députés et de vingt-quatre grenadiers. Quand ce Saint Jérôme devint
la propriété de la France, on engagea à son sujet une véritable dispute diplomatique et c'est grâce à
Canova que Parme a pu le reconquérir.
Tome VI. 10
Tirée d'un Ovide de 1651.
LE PROFESSEUR G. BOTTI
et
SA RESTAURATION DE L'ANNONCIATION DU CORRÈGE
ak me est la patrie artistique du Corrège ; aucune autre ville n'est aussi
riche en chefs-d'œuvre de ce peintre ; Dresde même, qui en possède
un grand nombre, ne saurait sur ce point compter comme une rivale.
Les merveilleuses fresques qui sont à l'église de Saint-Jean
l'Évangéliste, à la Cathédrale, au couvent de Saint-Paul, et dont les
Parmesans vantent fièrement la valeur, sont là pour témoigner avec
éclat de ce que j'avance.
Mais si ma petite ville est fière de cette richesse, elle est res-
ponsable aussi de ce patrimoine dont elle n'est en définitive que la
dépositaire et qui appartient au monde entier. Elle doit se montrer
digne de son bonheur en veillant toujours et pieusement à la con-
servation des chefs-d'œuvre dont elle a la charge. L'a-t-elle toujours fait? Il faut avouer fran-
chement que non. Ne peut-on point accuser tel ou tel des dommages éprouvés par les peintures du
Corrège? Ma qualité de Parmesan ne me permet point de répondre d'une façon précise sur ce point.
Toutefois il faut reconnaître, avant tout, que des événements qu'on ne pouvait prévoir sont beaucoup
plus coupables que qui que ce soit, car il est reconnu que l'on a toujours à Parme entouré d'un culte
jaloux les tableaux du Corrège.
Je n'aurais pour le prouver qu'à raconter l'histoire curieuse et presque romanesque du tableau
le Saint Jérôme, qui se trouvait dans l'église Saint-Antoine de Parme, et dont un peintre voulut un
jour faire copie en voilant certaines parties nues; les chanoines chassèrent de vive force l'artiste
sacrilège qui osait, en le mutilant, essayer de reproduire un chef-d'œuvre. C'est cette même toile qui,
devant être transportée de Parme à Colorno, ville voisine située à quinze kilomètres, fut, par ordre de
l'administration, escortée de deux députés et de vingt-quatre grenadiers. Quand ce Saint Jérôme devint
la propriété de la France, on engagea à son sujet une véritable dispute diplomatique et c'est grâce à
Canova que Parme a pu le reconquérir.
Tome VI. 10
Tirée d'un Ovide de 1651.