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Chronique de l'hôtel Drouot
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0029
CHRONIQUE DE L'HOTEL DROUOT.
2t
l'excellent expert dont les mises à prix révèlent autant de tact
que de savoir ; on les a vues à la vente Meyers constamment
couvertes et fréquemment dépassées ; le total des enchères s'est
élevé à 48,261 fr. 50.
Nous avons entendu plusieurs amateurs s'étonner de la
complète abstention du Musée royal d'Antiquités et d'Armures
de Belgique ; ils témoignaient simplement de leur ignorance de
la façon dont sont dirigés les Musées belges ; ceux qui connais-
sent les déplorables errements de leurs Commissions administra-
tives n'ont pu partager un seul instant cette surprise, mais ce
qui les a stupéfaits, c'est le bruit très-accrédité que le Musée belge
était parvenu à décider la famille du défunt à lui céder la pièce-
principale de la collection que l'on cherchait en effet vainement
dans le catalogue. Il s'agit d'un buis merveilleux, simple médaillon
représentant Charles-Quint en buste, le profil tourné vers la
gauche, avec une inscription qui lui donne le titre d'empereur
des Romains, et la date de 1520, l'année qui suivit son élection.'
Ce médaillon, qui est incontestablement l'œuvre d'un grand
artiste, dit tout le caractère du jeune souverain mieux que le
plus brillant historien. Il est difficile de rêver une figure plus
Jeune Mère préparant le repas de sa famille.
Dessin à la plume par J. F. Millet. (N° 271 de la vente Alfred Sensier.)
étudiée, plus fouillée, plus intimement interprétée, tout en con-
servant jusque dans les moindres détails et dans sa précision
même une liberté d'exécution pleine de grandeur et où se révèle
absolument la main d'un maître.
Ce précieux médaillon d'un si grand intérêt pour la Belgique,
n'a point en effet figuré dans la vente ; l'héritier du général s'est
laissé tenter une quinzaine de jours avant les enchères, et ce buis
que le Musée belge n'eût dû laisser échapper à aucun prix est
allé enrichir une collection française riche entre toutes. Nous ne
dirons pas qu'en cette occasion le Musée d'Antiquités de Bruxelles
a prouvé qu'il n'avait rien à envier à l'étrange direction du
Musée royal de peinture et de sculpture, dont la majorité de la
Commission s'est à jamais illustrée par l'incroyable acquisition
d'un Hobbema saucé et resaucé par les mains de Vandales ; mais
nous ne serons que l'écho de tous ceux qui comprennent sérieu-
sement, dignement le développement des Musées d'un pays qui a
d'aussi illustres ancêtres artistiques que la Belgique, en déclarant
que ceux qui ont charge du Musée royal d'Antiquités et d'Armures
de Bruxelles ont commis plus qu'une faute en laissant sortir du
pays un chef-d'œuvre tel que ce médaillon de Charles-Quint.
Dans notre prochaine chronique nous nous occuperons de la
vente Alfred Sensier dont nos illustrations nombreuses, — celles
que nous avons publiées dans une précédente livraison, celles
que nous mettons aujourd'hui même sous les yeux de nos lec-
teurs, sans parler de celles que nous leur réservons, —constituent
le plus intéressant compte rendu.
2t
l'excellent expert dont les mises à prix révèlent autant de tact
que de savoir ; on les a vues à la vente Meyers constamment
couvertes et fréquemment dépassées ; le total des enchères s'est
élevé à 48,261 fr. 50.
Nous avons entendu plusieurs amateurs s'étonner de la
complète abstention du Musée royal d'Antiquités et d'Armures
de Belgique ; ils témoignaient simplement de leur ignorance de
la façon dont sont dirigés les Musées belges ; ceux qui connais-
sent les déplorables errements de leurs Commissions administra-
tives n'ont pu partager un seul instant cette surprise, mais ce
qui les a stupéfaits, c'est le bruit très-accrédité que le Musée belge
était parvenu à décider la famille du défunt à lui céder la pièce-
principale de la collection que l'on cherchait en effet vainement
dans le catalogue. Il s'agit d'un buis merveilleux, simple médaillon
représentant Charles-Quint en buste, le profil tourné vers la
gauche, avec une inscription qui lui donne le titre d'empereur
des Romains, et la date de 1520, l'année qui suivit son élection.'
Ce médaillon, qui est incontestablement l'œuvre d'un grand
artiste, dit tout le caractère du jeune souverain mieux que le
plus brillant historien. Il est difficile de rêver une figure plus
Jeune Mère préparant le repas de sa famille.
Dessin à la plume par J. F. Millet. (N° 271 de la vente Alfred Sensier.)
étudiée, plus fouillée, plus intimement interprétée, tout en con-
servant jusque dans les moindres détails et dans sa précision
même une liberté d'exécution pleine de grandeur et où se révèle
absolument la main d'un maître.
Ce précieux médaillon d'un si grand intérêt pour la Belgique,
n'a point en effet figuré dans la vente ; l'héritier du général s'est
laissé tenter une quinzaine de jours avant les enchères, et ce buis
que le Musée belge n'eût dû laisser échapper à aucun prix est
allé enrichir une collection française riche entre toutes. Nous ne
dirons pas qu'en cette occasion le Musée d'Antiquités de Bruxelles
a prouvé qu'il n'avait rien à envier à l'étrange direction du
Musée royal de peinture et de sculpture, dont la majorité de la
Commission s'est à jamais illustrée par l'incroyable acquisition
d'un Hobbema saucé et resaucé par les mains de Vandales ; mais
nous ne serons que l'écho de tous ceux qui comprennent sérieu-
sement, dignement le développement des Musées d'un pays qui a
d'aussi illustres ancêtres artistiques que la Belgique, en déclarant
que ceux qui ont charge du Musée royal d'Antiquités et d'Armures
de Bruxelles ont commis plus qu'une faute en laissant sortir du
pays un chef-d'œuvre tel que ce médaillon de Charles-Quint.
Dans notre prochaine chronique nous nous occuperons de la
vente Alfred Sensier dont nos illustrations nombreuses, — celles
que nous avons publiées dans une précédente livraison, celles
que nous mettons aujourd'hui même sous les yeux de nos lec-
teurs, sans parler de celles que nous leur réservons, —constituent
le plus intéressant compte rendu.