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Projet de cartouche.
Dessin à la plume de Guéret. (Archives municipales de Lille.)
NOTRE BIBLIOTHEQUE
C
ÉTUDES ARTISTIQUES. — Artistes inconnus des xiv°,
xve ET xvie SIÈCLES. — ACADÉMIE des ARTS de LlLLE.-ChARLES-
Louis Corbet, sculpteur, par Jules Houdoy, membre de la
Société des sciences, correspondant du ministère de l'instruc-
tion publique, i vol. in-8° de 146 pages. Paris, A. Aubry,
18, rue Séguier; et A. Détaille, 10, rue des Beaux-Arts.— 1877.
Notre savant collaborateur est un de ces hommes d'élite
dont s'honore à juste titre la province ; ils rendent les plus
grands services à l'art par la persévérance infatigable de leurs
intelligentes investigations. Nos vives sympathies vont à ces
pionniers dévoués dont la modestie n'a nul souci de la renom-
mée et ne songe qu'à être utile à la cause à laquelle ils consa-
crent toute une vie de travail passionné. Il n'est pour ainsi dire
pas de champ qui soit resté fermé aux doctes recherches de
M. Houdoy, qui a traité avec un égal bonheur les sujets les plus
divers; on lui doit une Histoire de la Céramique lilloise, une
étude sur les Tapisseries de haute lisse, sur la Halle échevinale
(1255-1664), sur les Tapisseries représentant la Conquête de
Thunes par Charles-Quint, sur les Verreries de fabrication
flamande à la façon de Venise, sur l'Instruction gratuite et obli-
gatoire depuis le XVIe siècle, etc., etc. Son nouveau livre est en
tous points digne de ses excellents aînés. Les lecteurs de l'Art
en connaissent un fragment important consacré au sculpteur
Corbet1, travail auquel l'auteur a donné de nouveaux dévelop-
pements et qu'il a eu l'heureuse pensée d'accompagner d'un
portrait du statuaire douaisien dessiné par un autre de nos col-
laborateurs, M. Auguste Herlin, d'après L. Boilly.
Les trois premiers chapitres de l'ouvrage de M. Houdoy
sont consacrés à des Artistes inconnus des XIVe, XV et
XVI" siècles, et suivis d'une liste chronologique des artistes
cités dans ce précieux travail. Vient ensuite la publication du
Cahier d'inventaire des Tableaux et Estampes provenant des
communautés, maisons religieuses et d'émigrés, déposés aux
ci-devant Récollets de la Commune de Lille, rédigé conformé-
ment aux instructions données par la Commission des Arts,
document qui ne comprend pas moins de 432 numéros et se
termine ainsi :
« Je certifie que les objets contenus au dit inventaire du
dépôt des cy-devant Récollets est véritable (sic).
« A Lille, le 1 prerial (sic) l'an 3e de la République.
« L. Watteau père,
« Peintre et Commisaire (sic) des Arts. »
L'attention est ensuite appelée sur l'Académie des Arts de
Lille. « Il n'est pas sans intérêt de dire quelques mots de l'école
de dessin fondée à Lille en 1754, des expositions annuelles de
peinture qui eurent lieu dans cette ville à partir de 1773, et de
l'Académie, qui y fut établie en 1775. » C'est avec cette absence
de toute prétention que s'exprime l'auteur qui a cependant
épuisé la matière et exposé de la façon la plus heureuse les bien-
faits de l'action décentralisatrice dont Lille a toujours si bien
compris la vivifiante importance. « L'école de dessin fut fondée
avec la pensée non-seulement de créer des artistes, mais aussi
de donner à l'industrie des coopérateurs utiles. Elle fut établie
sous la direction d'un peintre lillois nommé Le Tillier, dont
toutes les œuvres nous sont inconnues. A la suite d'un conflit
entre les commissaires surveillants de l'école et ce professeur,
qui, sans les consulter, avait introduit dans l'atelier l'étude du
modèle vivant, Le Tillier donna sa démission et fut remplacé, le
14 juin 1756, par un peintre nommé Guéret, qui resta à la tète
de l'école de 1756 à 1778. En 1770, Louis Watteau, de Valen-
ciennes, neveu du célèbre Antoine Watteau, fut adjoint à Guéret,
avec promesse de survivance, et il devint professeur en titre en
1778. Son fils François lui fut adjoint, à son tour, comme pro-
fesseur en 1785. »
L'initiative de Le Tillier témoigne en faveur de son ensei-
gnement. Il est fâcheux qu'on n'ait conservé aucune œuvre de
lui qui permette de juger de son talent. Son successeur a eu
meilleure fortune ; les archives municipales possèdent un de ces
dessins à la plume que l'extrême obligeance de l'archiviste lillois,
M. Paeile, nous a permis de fac-similer. C'est un agréable
« projet de cartouche pour le couronnement sculpté qui devait
être placé au haut du cadre que le Magistrat fit faire, pour le
'• Voir l'Art, )' année, tome I", page ni.
Projet de cartouche.
Dessin à la plume de Guéret. (Archives municipales de Lille.)
NOTRE BIBLIOTHEQUE
C
ÉTUDES ARTISTIQUES. — Artistes inconnus des xiv°,
xve ET xvie SIÈCLES. — ACADÉMIE des ARTS de LlLLE.-ChARLES-
Louis Corbet, sculpteur, par Jules Houdoy, membre de la
Société des sciences, correspondant du ministère de l'instruc-
tion publique, i vol. in-8° de 146 pages. Paris, A. Aubry,
18, rue Séguier; et A. Détaille, 10, rue des Beaux-Arts.— 1877.
Notre savant collaborateur est un de ces hommes d'élite
dont s'honore à juste titre la province ; ils rendent les plus
grands services à l'art par la persévérance infatigable de leurs
intelligentes investigations. Nos vives sympathies vont à ces
pionniers dévoués dont la modestie n'a nul souci de la renom-
mée et ne songe qu'à être utile à la cause à laquelle ils consa-
crent toute une vie de travail passionné. Il n'est pour ainsi dire
pas de champ qui soit resté fermé aux doctes recherches de
M. Houdoy, qui a traité avec un égal bonheur les sujets les plus
divers; on lui doit une Histoire de la Céramique lilloise, une
étude sur les Tapisseries de haute lisse, sur la Halle échevinale
(1255-1664), sur les Tapisseries représentant la Conquête de
Thunes par Charles-Quint, sur les Verreries de fabrication
flamande à la façon de Venise, sur l'Instruction gratuite et obli-
gatoire depuis le XVIe siècle, etc., etc. Son nouveau livre est en
tous points digne de ses excellents aînés. Les lecteurs de l'Art
en connaissent un fragment important consacré au sculpteur
Corbet1, travail auquel l'auteur a donné de nouveaux dévelop-
pements et qu'il a eu l'heureuse pensée d'accompagner d'un
portrait du statuaire douaisien dessiné par un autre de nos col-
laborateurs, M. Auguste Herlin, d'après L. Boilly.
Les trois premiers chapitres de l'ouvrage de M. Houdoy
sont consacrés à des Artistes inconnus des XIVe, XV et
XVI" siècles, et suivis d'une liste chronologique des artistes
cités dans ce précieux travail. Vient ensuite la publication du
Cahier d'inventaire des Tableaux et Estampes provenant des
communautés, maisons religieuses et d'émigrés, déposés aux
ci-devant Récollets de la Commune de Lille, rédigé conformé-
ment aux instructions données par la Commission des Arts,
document qui ne comprend pas moins de 432 numéros et se
termine ainsi :
« Je certifie que les objets contenus au dit inventaire du
dépôt des cy-devant Récollets est véritable (sic).
« A Lille, le 1 prerial (sic) l'an 3e de la République.
« L. Watteau père,
« Peintre et Commisaire (sic) des Arts. »
L'attention est ensuite appelée sur l'Académie des Arts de
Lille. « Il n'est pas sans intérêt de dire quelques mots de l'école
de dessin fondée à Lille en 1754, des expositions annuelles de
peinture qui eurent lieu dans cette ville à partir de 1773, et de
l'Académie, qui y fut établie en 1775. » C'est avec cette absence
de toute prétention que s'exprime l'auteur qui a cependant
épuisé la matière et exposé de la façon la plus heureuse les bien-
faits de l'action décentralisatrice dont Lille a toujours si bien
compris la vivifiante importance. « L'école de dessin fut fondée
avec la pensée non-seulement de créer des artistes, mais aussi
de donner à l'industrie des coopérateurs utiles. Elle fut établie
sous la direction d'un peintre lillois nommé Le Tillier, dont
toutes les œuvres nous sont inconnues. A la suite d'un conflit
entre les commissaires surveillants de l'école et ce professeur,
qui, sans les consulter, avait introduit dans l'atelier l'étude du
modèle vivant, Le Tillier donna sa démission et fut remplacé, le
14 juin 1756, par un peintre nommé Guéret, qui resta à la tète
de l'école de 1756 à 1778. En 1770, Louis Watteau, de Valen-
ciennes, neveu du célèbre Antoine Watteau, fut adjoint à Guéret,
avec promesse de survivance, et il devint professeur en titre en
1778. Son fils François lui fut adjoint, à son tour, comme pro-
fesseur en 1785. »
L'initiative de Le Tillier témoigne en faveur de son ensei-
gnement. Il est fâcheux qu'on n'ait conservé aucune œuvre de
lui qui permette de juger de son talent. Son successeur a eu
meilleure fortune ; les archives municipales possèdent un de ces
dessins à la plume que l'extrême obligeance de l'archiviste lillois,
M. Paeile, nous a permis de fac-similer. C'est un agréable
« projet de cartouche pour le couronnement sculpté qui devait
être placé au haut du cadre que le Magistrat fit faire, pour le
'• Voir l'Art, )' année, tome I", page ni.