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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Gravure tirée de l'Histoire de Joseph. (Paris, Hachette.)

NOTRE BIBLIOTHEQUE

CV

L'HISTOIRE DE JOSEPH, tirée de la traduction de la Bible,
par Lemaistre de Sacy; enrichie de 20 grandes compositions,
gravées à Feau-forte, d'après les dessins de Bida, par Gaucherel,
A. Gilbert, Greux, Flameng, Hédouin, Lalauze, Waltner, etc.,
et de 50 tètes de chapitres ou culs-de-lampe, dessinés par
Bida et gravés sur bois, avec encadrements et titres imprimés
en rouge. 1 vol. grand in-folio. Paris, Hachette. — 1878.

Il a déjà été dit quelques mots de l'ensemble de cette magni-
fique publication dans une précédente livraison de l'Art '. Nous
voulons aujourd'hui l'examiner avec plus de détail.'

Le livre en lui-même, indépendamment des illustrations,
est magnifique et fait le plus grand honneur aux éditeurs. Ces
grandes et belles feuilles, avec leur double filet rouge et leurs
grandes marges, sont d'un goût parfait. Les personnes qui ne
sont pas initiées aux pratiques de l'imprimerie, ne sauraient
s'imaginer quelles difficultés présente cette sorte d'encadrement,
quels soins et quelles précautions elle impose aux imprimeurs
chargés de cette partie de la confection du livre. 11 faut que
chaque page imprimée soit replacée sous une presse spéciale
pour recevoir cet ornement, qui n'a de valeur qu'à la condition
d'encadrer le texte avec une régularité parfaite dans tous les
sens. Toute page où ce résultat n'est pas obtenu avec une exac-
titude mathématique est nécessairement 'laissée de côté, ce qui
entraîne et des frais, et des pertes de temps considérables. Mais
aussi quand on réussit, il est difficile d'imaginer une décoration
à la fois plus simple, plus élégante, plus réjouissante pour l'œil
que le contraste de ces filets rouges avec le noir des caractères
et le blanc du papier. Encore le mot contraste n'est-il pas
exact ; c'est plutôt un mariage, une harmonie tricolore pleine
de charme et de gaieté.

A cela s'ajoute la beauté vraiment surprenante du caractère,
qui n'a été obtenu qu'à la suite d'une longue série d'efforts,
de recherches et de calculs mathématiques. Le détail de ce tra-
vail pourrait avoir son intérêt pour les bibliophiles purs, mais
nous n'y entrerons pas, le résultat étant, en somme, la partie
importante. Or, ce résultat est merveilleux.

Chacun de ces caractères, pris à part, est un petit chef-
d'œuvre par la proportion des hauteurs et des largeurs, par le
rapport des pleins et des déliés. Nulle recherche de forme ; rien
qui étonne l'œil à première vue. Il semblerait tout d'abord que
ce fût chose bien simple à trouver; et pourtant, prenez parmi
les ouvrages de luxe ceux qui passent pour être le mieux impri-
més, et comparez les caractères et dans leur détail, et dans leur
ensemble, et vous comprendrez pourquoi il y a tant de plaisir
rien qu'à regarder, sans même lire, une de ces belles pages.

Quant à des défauts de fonte, à ces imperceptibles bavo-

1. Voir l'Art, y année, tome IV, page 264.

chures de l'encre, qui tiennent à l'irrégularité des surfaces, la
loupe la plus exigeante aurait bien de la peine à découvrir quoi
que ce soit qui y ressemble. Il faudrait aller en Angleterre pour
trouver des éléments de comparaison, ou encore aux États-
Unis, car depuis quelques années les Américains se piquent
d'honneur, et se mettent, eux aussi, à faire de très-beaux livres.
Il ne serait même pas impossible, du train dont ils y vont et
avec l'ardeur qu'ils v mettent, qu'ils arrivassent bientôt à distan-
cer leurs émules. Nous comptons sur la maison Hachette pour
soutenir l'honneur de la France dans cette joute nouvelle.

Le papier n'est pas moins bien choisi que le caractère. Il est
épais, solide, résistant et souple. Les pages sonnent quand on
les tourne, avec cette vibration particulière et presque métal-
lique qui révèle à l'oreille sa qualité, comme l'égalité du grain,
de la densité et de la nuance la marque aux yeux.

Cela suffirait pour en faire un livre des plus désirables. Une
note que nous trouvons dans la Bibliographie de la France
(journal général de l'imprimerie et de la librairie) pour l'année
1878, montre en effet avec quel soin et quelle attention les édi-
teurs ont veillé aux moindres détails de l'exécution de ce chef-
d'œuvre de librairie. La voici, et nous la transcrivons avec d'au-
tant plus de plaisir qu'elle fait doublement honneur à la maison
Hachette, en montrant à la fois le scrupule qu'elle apporte dans
le choix de ses collaborateurs et celui qu'elle met à rendre à
chacun ce qui lui appartient dans l'œuvre commune :

« Les caractères typographiques de cet ouvrage sont ceux
qui ont été gravés spécialement pour les Saints Evangiles par
M. Viel-Cazal, d'après les dessins de M. Ch. Rossigneux. L'im-
pression en taille-douce a été exécutée avec le concours de
MM. Ed. Hédouin et Viel-Cazal par M. Salmon, et l'impression
typographique par MM. Quantin et Cic, sous la direction de
M. Viel-Cazal. Le papier vélin a été fabriqué par les papeteries
du Marais et de Sainte-Marie ; le papier de Hollande par
MM. C. et S. Honig Breet, de Zaandyle, et l'encre par M. Ch.
Lorilleux fils aîné. »

Voilà pour l'exécution matérielle du livre. On voit qu'il est
difficile de faire mieux. Nous insistons volontiers sur ce point,
parce que l'on s'imagine trop que pour faire un beau livre, il
suffit de le bourrer de beaux dessins et de belles planches. C'est
une erreur. Le livre et l'illustration du livre sont deux choses
parfaitement distinctes. On aura beau faire décorer magnifique-
ment, par les plus habiles artistes, une bicoque mal construite,
on n'en fera jamais un morceau d'architecture remarquable.
Quels que soient l'éclat des peintures et la valeur des sculptures,
la structure n'en restera pas moins mauvaise, et le paraîtra même
d'autant plus par le contraste.

Il faut distinguer également entre le livre et son illustration.
Un livre médiocrement illustré peut être un beau livre, de même
qu'il peut être médiocre avec de magnifiques illustrations. L'édi-
 
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