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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Nécrologie
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240

L'ART.

NECROLOGIE

— Le sculpteur Louis Rochet qui vient de mourir
e'tait e'iève de David d'Angers. Ne' à Paris en 1817, il avait
débuté au Salon de 1838 avec une statue de Samson. Il
avait obtenu deux médailles de 30 classe en 1841 et 1855,
et la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1856.
Décoré de divers ordres étrangers, membre de plusieurs
sociétés savantes, les travaux de linguistique auxquels il se
livrait depuis quelques années, le mauvais état de sa santé
l'ayant quelque peu détourné de la sculpture, lui avaient
valu le titre d'officier d'académie. En 1874, il avait été
chargé d'un cours de langues tartares (mongol et mant-
chou), à l'école des langues orientales vivantes. Enfin, il
était l'un des présidents, et des plus actifs, du comité de
l'association des artistes peintres, sculpteurs, architectes,
graveurs et dessinateurs, dont son frère et collaborateur,
M. Charles Rochet, est l'un des vice-présidents.
Voici la liste de ses principaux travaux :
Statue en bronze du professeur Fodéré, à Saint-Jean-
de-Maurienne (Savoie), 1844; statue colossale en bronze
doré de Notre-Dame-de-Savoie, à Chambéry; statue co-
lossale en bronze du maréchal Drouet d'Erlon pour la
ville de Reims (le modèle en marbre est au musée de Ver-
sailles) ; le jurisconsulte Guy-Coquille, statue en bronze, à
Decize (Nièvre) ; M"10 de Sévigné, statue en bronze, ville
de Grignan (Drôme) ; le compositeur Lesueur, statue en
bronze, Abbeville (Somme); Mahé de la Bourdonnais,
statue colossale en bronze, accompagnée de quatre bas-
reliefs, pour l'Ile de la Réunion; la statue de Richard-Le-
noir, en bronze, à Villers-Bocage (Calvados) ; le général
Daumesnil, en bronze, deux exemplaires, Vincennes et
Périgueux; statue de Napoléon, écolier de Brienne, et
fronton de l'hôtel de ville, à Brienne-Napoléon (Aube), le
marbre a figuré à l'Exposition universelle de 1855, le
bronze argenté est au Louvre; Raphaël enfant, bronze ar-
genté (Salon de 1869), à Anvers ; le monument et la statue
colossale en bronze de José Boniface de Andrada, promo-
teur de l'indépendance du Brésil; — le piédestal est en-
touré de quatre statues allégoriques, également en bronze,
représentant la Justice, l'Intégrité, la Science et la Poésie
— érigé à Rio-Janeiro, le 7 septembre 1872; le monument
en bronze et la statue équestre de l'empereur Dom
Pedro Ie1', accompagné de groupes décoratifs également en
bronze, représentant les peuples indigènes des diverses
contrées du Brésil (Salon de 1861), érigé à Rio-Janeiro, en
mars 1862; la statue équestre, en bronze, de Guillaume le
Conquérant, érigée à Falaise, en 1851; — le piédestal a
été complété en 1875 par l'achèvement des statues, en
bronze, des six ducs de Normandie, prédécesseurs de Guil-
laume : Rollon, Guillaume Longue-Epée, Richard sans
Peur, Richard le Bon, Richard III et Robert le Magnifique ;
Charlemagne, groupe colossal équestre, en plâtre, à l'Ex-
position universelle de 1867 ; le bronze figurera à l'Expo-
sition universelle de cette année ; on l'achève en ce mo-
mentàla fonderie Thiébaut ; S. M. l'impératrice du Brésil,
statue en bronze argenté, au palais de l'empereur, à
Pétropolis ; Cassandre, fille de Priam, groupe bronze, or

et argent (Salon de 1870); Minerve, style archaïque, bronze
argenté (en Angleterre) ; Mercure portant Bacchus enfant,
style archaïque (Salon de 1876) ; enfin, la statue colossale,
en bronze, d'Elie de Beaumont, l'illustre géologue, pour la
ville de Caen, inaugurée le 6 août 1876.

— Le peintre Jean-Pierre-Alexandre Antigna est
mort à Paris dans la soirée du mercredi 27 février. Il était
né en 1818, à Orléans, où il lit ses premières études. Élève
de Norblin puis de Paul Delaroche, il avait débuté par les
sujets religieux pour se consacrer bientôt à la peinture de
genre qui lui valut de nombreux succès, grâce surtout aux
motifs qu'il se plaisait à traiter, parfois dans de grandes
proportions, et qu'il empruntait de préférence au chapitre
des sinistres et accidents. Son œuvre la plus populaire est
la Scène d'incendie qui, exposée au Salon de 1850, figure
au musée du Luxembourg. Il cultivait aussi la peinture
bretonnante. Parmi ses tableaux les plus connus on cite le
Coin du feu, l'Orage, le Premier Joujou, les Baigneuses,
achetées par le musée d'Orléans, où elles éveillèrent un
jour les scrupules d'un illustre prélat qui les fit reléguer au
grenier, les Enfants de Paris, les Enfants égarés, le Matin,
le Soir, l'Eclair, l'Atelier, une Scène de la guerre civile,
les Filles d'Ëve, Intérieur breton, le Miroir des bois, la
Ronde d'enfants, la Descente et le Sommeil de midi. Nous
avons donné un dessin d'un de ses plus jolis intérieurs
bretons, exposé à Bordeaux l'année dernière1. Il exposait
à Paris, au Salon de 1877, deux tableaux : Un Feu de la
Saint-Jean et le Jeu de la perche, qui furent peu re-
marqués. Antigna avait un incontestable talent de compo-
sition, beaucoup de facilité, et une rare modestie. Chevalier
de la Légion d'honneur depuis 1861, il avait obtenu une
troisième médaille en 1847; une deuxième en 1848, une
première en 1851, et une médaille de troisième classe à
l'Exposition universelle de 1855.

— Mme Emilie Guyon, sociétaire de la Comédie-Fran-
çaise, qui est morte vers la fin de février, n'était âgée que
de cinquante-sept ans. D'abord ouvrière en dentelles, elle
entra au Conservatoire après quelques essais dramatiques
en province, et bientôt elle se fit une grande réputation. A
la première reprise à'Hernani, en 1841, elle eut l'honneur
de jouer le rôle de Dona Sol, créé par MIIC Mars, et inter-
prété depuis par Mmcs Favart et Sarah Bernhardt. Plusieurs
années après cette première apparition sur la scène de la
rue Richelieu, elle devait y rentrer pour y prendre les
grands rôles tragiques, mais bien qu'elle y ait fait preuve
de talent, c'est surtout au boulevard, où elle partageait
avec Mme Laurent l'héritage de Mme Dorval, qu'elle connut
le succès et la popularité.

— Un peintre écossais, M. G. Paul Chalmers, R. S. A.,
est mort le 20 février à Edimbourg, à la suite de circon-
stances mystérieuses et tragiques. Quelques jours aupara-
vant, on l'avait trouvé, un matin, au coin d'une ruelle de
la ville, baignant dans son sang et ne donnant plus signe
de vie. Il avait été frappé de plusieurs coups de couteau;
sa montre et son porte-monnaie lui avaient été enlevés.
M. Paul Chalmers avait à peine quarante ans.

1. Voir l'Art, 30 année, tome II, page 207.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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