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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0299

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CHRONIQUE

riches et des plus curieuses qu'ils aient vues depuis longtemps.

Les tableaux qui attirent particulièrement l'attention sont
les suivants : Copernic exposant le système du monde à Rome en
i5oo, devant une assemblée de grands personnages, par M. Ger-
son, de Varsovie. C'est une œuvre de fantaisie qui réunit dans le
même temps, avec Copernic, le pape Alexandre VI et son fils,
César Borgia, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Michelozzi, l'ar-
chitecte du palais des Médicis, à Florence, Perugino, le maître
de Raphaël, Bembo, Castiglione, le courtisan, etc. Tous ces
personnages — il n'y en a pas moins de vingt-trois — sont dis-
posés en deux groupes. — Repas des chrétiens condamnés, par
M. Bronnikow, qui semble s'être inspiré de ces vers de Victor
Hugo :

T.a pourpre recevait ces convives austères; -
Le falerne écumait dans de larges cratères
Ceints de myrtes fleuris.

La scène se passe la nuit et l'on voit au fond d'une longue
galerie les chrétiens condamnés à mourir partagés en plusieurs
groupes dramatiques. — L'Enterrement d'un martyr, par
M. Botkine..— Ivan le Terrible visitant la cellule d'un ermite,
et la Tsarévna Sophie écoutant la lecture d'un ukase, par M. Pé-
lévine, dans lesquels de riches vêtements sont rendus avec éclat.

_Le Poète polonais Jean Kochanowski, par M. Mûller. — La

Procession du tapis sacré de la Mecque, et Une martyre bulgare,
par M. Constantin Makowski. — Il est impossible de tout citer,
car ce serait faire le long catalogue d'œuvres que nous serons
bientôt à même d'examiner à loisir. Bornons-nous à mentionner
les scènes de genre d'un caractère si pittoresque de MM. Vladi-
mir Makowski et Korsoukhine, celles de MM. Miassoïedow,
Verestchaguine, Janson, Liliedund, von Becker et Huhn; les
marines et paysages de MM. Bogolioubow, qui aime et connaît
à fond notre belle Normandie, Sovrassow, Orlovsky, Dobro-
volski, Klever, Volkow, Kundji, Mm,-S Yonge et Curiar, etc.;
les dessins et aquarelles de MM. de Wylie, Premazzi et Massalow.
Quant aux sculptures, elles ne sont pas nombreuses et ne consis-
tent guère qu'en bustes et modèles en cire reproduisant des
scènes de la guerre russo-turque, par M. Sniguirevsky. De petites
statuettes en bronze de M. Lanceret et des groupes de M. Tchi-
jow complètent l'exhibition. « En somme, dit le Journal de
Saint-Pétersbourg, l'art russe est bien représenté ; il peut se
produire à l'Exposition universelle, il y figurera avec honneur.»

Le don de M. His de la Salle au Louvre. — Une collec-
tion merveilleuse, hors ligne, célèbre dans le monde entier,
vient d'enrichir notre musée. M. His de la Salle, cet amateur
éclairé et délicat entre tous, qui, avec une générosité sans pa-
reille, avait déjà donné au Louvre les admirables dessins du
Poussin de la salle des Boîtes, le précieux bas-relief, en marbre,
de Mino da Fiesole et les bronzes de la salle Michel-Ange ; ce
chercheur infatigable qui a fait présent à la bibliothèque de
l'École des beaux-arts d'une centaine de dessins inestimables, et
dont la libéralité a créé, au musée de Dijon, une galerie spéciale
formée exclusivement avec ses dons ; cet homme de goût, qui
semble n'avoir songé qu'à l'honneur de son pays, en consacrant
sa vie et sa fortune à collectionner, a voulu donner une preuve
nouvelle de générosité et de désintéressement. Malgré les efforts
de son ami, M. Reiset, qui, par scrupule, eût désiré remettre à
d'autres temps une prise de possession définitive, M. His de la
Salle a tenu à voir, de son vivant, au Louvre, ses magnifiques
collections, ne se réservant que quelques tableaux dont il veut
encore réjouir ses yeux.

Voilà un noble et rare exemple. Passer quarante années à
poursuivre les chefs-d'œuvre, les choisir avec amour, les admirer
sans cesse, faire de leur contemplation une nécessité quotidienne
d'existence, et puis s'en séparer tout à coup pour les livrer au
public, chercher la consolation de la perte volontaire que l'on fait
dans la certitude que l'on prend de contribuer au développement
du goût, c'est là, il faut le dire, la marque d'un esprit élevé et d'un
caractère peu ordinaire. M. Bardoux, l'honorable ministre de

FRANÇAISE. 263

l'instruction publique et des beaux-arts, s'est du reste fait l'in-
terprète officiel de ces sentiments dans la lettre suivante qu'il a
écrite à M. His de la Salle :

• Paris, le 19 février 1878.

« Monsieur,

« Déjà, et à bien des reprises, vous avez enrichi de vos dons
le Louvre et l'Ecole des beaux-arts. Vous venez de mettre le
comble à tant de générosité en donnant d'un seul coup à l'ad-
ministration des musées nationaux une suite de 454 dessins pré-
cieux, de maîtres anciens et modernes de toutes les écoles, une
vingtaine de peintures pleines d'intérêt, et quelques marbres
antiques.

« L'administration des Musées aurait le vif désir de réunir
dans une salle spéciale tous les objets si remarquable donnés par
vous. En attendant que ce vœu légitime puisse se réaliser, vos
dons seront répartis entre les divers départements, et le public
trouvera à chaque pas dans le Louvre et dans chacune de ces
collections, d'irrécusables preuves de votre goût et de votre sa-
voir, en même temps que du sentiment élevé et patriotique qui
vous anime.

« Croyez donc, Monsieur, à ma vive gratitude, et veuillez
agréer l'expression de ma considération la plus distinguée.

« Le Ministre de l'Instruction publique, des
Cultes et des Beaux-Arts,

« Signé : A. Bardoux. »

Ainsi, comme on le voit par cette lettre, le musée du Lou-
vre aura une salle spéciale consacrée au don de M. His de la
Salle. Le directeur des musées nationaux, M. Reiset, lui destine,
nous dit-on, une des salles de la colonnade qu'on est entrain de
restaurer. On y verra ces dessins sans prix, appartenant aux
écoles les plus diverses, depuis le xv siècle italien, qui brille
avec des morceaux de première valeur, jusqu'aux grands maîtres
français du xixe siècle. Une première dépense devra être faite
pour l'encadrement de ces dessins.

En attendant, on a placé dans diverses salles une vingtaine
d'œuvres, comprenant douze tableaux et sept dessins déjà enca-
drés. En voici la liste : Géricault, trois morceaux superbes, dont
l'un est une véritable perle; Cuirassier blessé, de petite dimen-
sion ; — une Tête de boule-dogue ; les yeux sont injectés, le poil
fauve se hérisse, l'animal semble ivre de rage ; — Chasseur à
cheval, également de petites proportions; la couleur a des déli-
catesses infinies ; le manteau est rouge, le pantalon jaune, la selle
est en peau de tigre ; le cheval se cabre. C'est un morceau de
toute beauté. — Prud'hon, Diane invoquant Jupiter, esquisse du
plafond qui est dans l'une des salles des antiques, au Louvre. —
Étude. Minerve, tenant une lampe, préside à l'étude de deux en-
fants; certaines parties sont à peine ébauchées, d'autres sont
d'une rare perfection. — Ecole de Léonard de Vinci : Vierge

avec l'enfant Jésus et le petit saint Jean dans un paysage._

Bern. Luini, Tête de jeune fille ; elle représente le Silence et a
un doigt sur la bouche. La tète est couverte d'une draperie rouge.
C'est un fragment de fresque exquis. — École du Giorgione :
Portrait de jeune femme; il est d'une grande expression. La
peau brune tranche avec la chemise blanche bordée de noir. —
Fra Beato Angelico : le Repas d'Hérode; Salomé, en robe
rose, danse devant quatre convives, tandis qu'un soldat apporte
la tète du précurseur. Dans un coin, et comme en dehors de la
salle du festin, a lieu la scène de la décollation. Les figures,
grandes comme l'ongle, ont une vie singulière. — Fragment de
prédelle de l'école florentine du xvc siècle; c'est la représenta-
tion du miracle de saint Nicolas de Bari jetant dans la chambre
des jeunes filles pauvres trois boules d'or. — Bartolommeo Mon-
tagna : Trois petits enfants exécutant un concert. C'était proba-
blement le soubassement d'un tableau représentant une madone.
La signature du peintre est inscrite sur un petit cartellino
appliqué au piédestal de marbre qui [sert de fond au tableau.
Ces enfants rappellent ceux que Giovanni Bellini a souvent
 
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