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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Chasrel, T.: Promenades au Musée du Luxembourg
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https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0302

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266 L'ART.

ils se seront dit que le meilleur service à rendre à ces croûtes innombrables dont ils avaient un
avant-goût par la collection du consul Wagner, qui forme le premier fonds de la Galerie nationale,
était de les éclairer à contre-sens afin qu'on les vît le moins possible.

Hâtons-nous de le constater, ce n'est pas là-dessus qu'il faut juger l'art allemand du xix° siècle,
et l'Exposition universelle de 1878, à laquelle les artistes allemands sont heureusement admis à
participer, leur fournira sans doute l'occasion de prouver que la Galerie nationale de Berlin, loin
d'être un hommage rendu à l'école allemande contemporaine, n'est qu'une calomnie officielle et
monumentale.

Ce n'est pas que de ce fouillis de platitudes plus ou moins prétentieuses ne se détachent
quelques œuvres d'une valeur réelle. M. Menzel par exemple, un artiste sérieux qui jouit dans
son pays d'une grande et légitime réputation, a là trois tableaux qui ne sont pas à dédaigner.
Il y a de l'esprit, de l'observation, un incontestable talent de composition dans son Frédéric le
Grand jouant de la flûte, dans la Table ronde de Frédéric le Grand; mais dans la première de
ces toiles la couleur, sous prétexte d'intensité, est lourde et opaque, sans compter qu'elle a poussé

Vue de la forêt de pins du Go m no, cascines de Pise.
Dessin d'Alex. Brun, d'après le tableau de Félix-Hippolyte Lanoue. (Musée du Luxembourg.)

au noir ; dans la seconde, au contraire, si elle a gardé plus d'éclat, elle est mince, froide et sèche,
et des deux côtés l'insuffisance du peintre fait tort aux qualités solides du dessinateur, de l'artiste
savant et consciencieux. Tout autre est cet intérieur d'usine que le peintre a intitulé les Cyclopes
modernes et dont le réalisme hardi fit sensation en Allemagne il y a deux ou trois ans. Une
vingtaine d'années s'est écoulée depuis ces tableaux anecdotiques dont M. Menzel empruntait les
motifs à la chronique de Potsdam, et en passant du château à l'usine il a singulièrement élargi
et affermi sa manière. Ceci est de la peinture souple, vivante et forte. La scène est très-complexe
et en même temps très-claire. Nous sommes dans une fonderie, au plus fort de l'action industrielle,
au moment de la coulée d'une pièce de fonte ou d'acier. Toute la ruche est en travail. Ici un
groupe d'ouvriers attentifs, haletants, procède à l'opération capitale de la journée ; là un forge-
ron nu jusqu'à la ceinture étanche la sueur dont son buste ruisselle ; dans le fond un contre-
maître donne des ordres à une phalange de travailleurs ; une buée grisâtre règne dans l'atelier
au centre duquel rayonne le métal en fusion, projetant ses lueurs violentes sur les outils en mou-
vement et sur les corps des modernes cyclopes en proie à la frénésie du travail. M. Menzel a
peint en quelque sorte le chaos industriel à l'heure du fiât lux. Il a fait un tableau qui donne
chaud et soif, qui impose la sensation du sujet, un tableau à la fois très-artiste et très-vrai.

M. Menzel est un maître depuis longtemps classé, M. von Gebhardt est un jeune peintre qui
s'annonce comme une des espérances de la nouvelle école allemande, de celle qui, fatiguée de la
 
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