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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Énault, Louis: Le Mont-Saint-Michel, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0319

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280 L'ART.

le joli, ici, au contraire, il garde encore la grandeur, la noblesse et la pureté de ses premières
aspirations. L'architecte se souvient toujours qu'il est le maître des œuvres vives, et il ne se laisse
point absorber par le sculpteur, fait pour lui obéir. Sans doute, il a déjà la passion du détail;
mais, du moins, il n'oublie pas encore ce qu'il doit rechercher avant tout, je veux dire la beauté
de l'ensemble. Peut-être la sévérité naturelle du granit a-t-elle contribué pour sa part à maintenir
au Mont-Saint-Michel l'art ogival du xve siècle dans les limites que, partout ailleurs, il a trop
aisément franchies. Quoi qu'il en soit, s'il est vrai que nulle part cette belle et riche matière n'est
arrivée, à force de travail, à plus d'élégance et de légèreté, nulle part aussi le gothique
flamboyant ne s'est maintenu dans des lignes plus calmes, plus réservées et plus sobres. Les
religieux du Mont-Saint-Michel appelaient leur chœur le Grand-Œuvre, comme ils appelaient la
Merveille la portion du monument qui renferme les Montgommeries, le Réfectoire, le Dortoir, la
Salle des Chevaliers et le Cloître. Ceux qui ont pu comme nous étudier à loisir le chœur de la
Basilique ne contestent point la justesse d'une qualification qui paraît peut-être un peu ambitieuse
au premier abord.

Ce chœur est divisé, dans le sens de sa hauteur, en trois zones de baies et d'arcades, qui, à
l'intérieur, semblent former comme trois étages superposés.

La première zone est une arcature pleine, très-pure de lignes, assez simple d'ornementation ;
la deuxième, que, dans la terminologie de l'architecture religieuse, on appelle le Triforium, est
une ligne de fenêtres carrées, du travail le plus exquis, avec balustrade trifoliée ; ces fenêtres sont
divisées en trois compartiments par des meneaux effilés. L'abbaye tout entière n'a rien de plus
exquis que cette tracerie vraiment originale, qui charme tout à la fois l'esprit et les yeux. Ce
Triforium est encadré dans une double frise, qui en augmente singulièrement la richesse. Celle
de dessous est dans le style le plus pur de la Renaissance ; celle de dessus est d'un dessin
composite et capricieux. La troisième zone, — celle que l'on appelait le Clerestory, — est formée
d'un rang de fenêtres ogivales.

Louis Enault.

(La suite prochainement. )

Rosace

entre les arcaturcs du cloître de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel.
Dessin de Léon Gauchers!, gravure de Puyplat.
 
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