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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0102

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CHRONIQUE

Sainte-Chapelle dans quelque grande vitrine ! C'est pour tout le
monde, c'est pour la rue que sont faits les arts. Les Grecs n'a-
vaient pas de muse'es ; mais leurs villes, tout entières remplies
de statues, leur en tenaient lieu avec beaucoup plus de raison.

Le Palais de justice est débarrasse' maintenant de ses e'cha-
faudages, et l'architecture de M. Duc s'étale solennellement aux
regards. La Cour de cassation s'est installée récemment dans le
local qui lui a ^të réservé et qu'on a décoré avec un grand goût.
La galerie de Saint-Louis surtout, qui relie la Cour de cassation
aux autres services judiciaires établis dans les vieux bâtiments,
est d'une magnifique ordonnance. Il y a là deux fresques qui
font honneur à M. Merson, l'un des jeunes peintres récompensés
de la médaille d'honneur, il y a trois ans. Dans la première, on
voit saint Louis enfant, qui assiste à la joyeuse délivrance d'une
foule de prisonniers ; derrière lui se tient sa mère, la reine ré-
gente Blanche de Castille. La seconde montre le saint roi sous
le chêne historique de Vincennes. Entre ces deux fresques, le
même épisode est pour ainsi dire répété par la statue de saint
Louis, en pierre dure. Le sculpteur, M. Guillaume, l'a placée
dans une sorte de niche assez large, et dont les parois et le
sommet arrondi sont couverts par les rameaux et le feuillage
sculpté du chêne, dont le tronc épais ressort en relief sur la
droite. Le roi est représenté assis, dans l'attitude de justicier.
L'effet est bizarre comme une légende. Sur la statue et les fres-
ques, le jour donne du dehors, tamisé par des vitraux coloriés
ornés de fleurs de lis.

La salle du conseil, la salle d'audience où l'on voit une hor-
loge avec cette devise :

rerum edacibus horis
stat jus intactum

la bibliothèque et les divers salons des magistrats sont d'une
ornementation sévère et riche tout ensemble. Ils ne contiennent
presque pas de peintures, mais sont remplis de bustes de juris-
consultes dont quelques-uns sont très-beaux.

Le Château de la Malmaison, qui a été acheté il y a peu de
temps par un grand propriétaire de la rue Ménars, va encore
une fois sans doute se transformer. Que de vicissitudes a subies
cette habitation si remplie de souvenirs historiques ! N'est-ce pas
là que Bonaparte, premier consul, installa Joséphine ; n'est-ce
pas durant ses rudes campagnes d'Italie, que le jeune général
républicain s'inquiétait, comme on le voit par ses lettres, des'
30,000 francs qui lui semblaient nécessaires pour meubler assez
confortablement la maison de la créole aux yeux bleus et aux
cils noirs qu'a représentée Prud'hon ? Plus tard, les austérités de
la Malmaison s'éclairèrent de tous les rayons d'or de l'astre qui
venait s'y reposer. Joséphine en fit un second Trianon, où l'on
vit des kiosques, des temples de l'Amour, des bergeries, des
chaumières, un théâtre.

En 1842, ce qui restait de la Malmaison fut acheté par la reine
Marie-Christine d'Espagne, moyennant 500,000 fr. En 1861,
le chef de l'État racheta la propriété pour la bagatelle de
1,500,000 fr., et lui rendit sa physionomie ancienne. Dans la
chambre de Napoléon Ier, on fit transporter le lit sur lequel il
mourut à Sainte-Hélène. On chercha à rendre à toutes les pièces
un caractère en rapport avec les souvenirs qu'elles évoquaient.

Cette vente a eu un intérêt artistique inattendu. On s'est
aperçu, en effet, qu'une certaine quantité d'objets d'art, de
bronzes, de marbres, de vases, qui avaient été prêtés à l'impéra-
trice Joséphine par Lenoir, ancien conservateur des musées na-
tionaux, dormaient là complètement oubliés. On avertit M. Bar-
bet de Jouy, conservateur du Louvre, qui se les fit expédier et
qui recueillit ainsi de vrais trésors, quelques beaux bronzes,
comme la Diane signée B. E. et datée de 1662, un Apollon, deux
superbes Centaures,le ravissant marbre de VAmour parTassaert,

FRANÇAISE. ?I

un Faune de Fremyn, une Diane d'Anselme de Saint-Omer, etc.
M. Barbet de Jouy a déjà fait placer dans diverses salles du Lou-
vre ces objets qui étaient inconnus du public. On peut voir les
bronzes dans la grande galerie qui fait suite à l'entrée du pavillon
Denon, et l'Amour de Tassaert, dans la salle Coustou, des Sculp-
tures modernes.

L'Union centrale des arts appliqués a l'industrie qui, en
raison de l'Exposition universelle de 1878, ajourne son exposi-
tion périodique, ne voulant pas priver les artistes et les écoliers
des encouragements ordinaires qu'elle leur accorde à cette occa-
sion, organise pour l'année prochaine une série de concours
exceptionnels. Le dernier Bulletin de la société en publie le pro-
gramme. Les primes sont réparties en deux parts égales : l'une,
pour les artistes formés de l'industrie; l'autre, pour la jeunesse
des écoles de dessin. Tous les concours ont la composi'ion pour
objet. Pour les élèves des écoles de dessin, ils auront lieu à par-
tir du premier dimanche de mars 1878, au siège de l'Union, entre
les élèves des deux sexes qui seront âgés de moins de vingt-sept
ans. Il y aura trois concours à chacun desquels est affecté : i° un
premier prix de 300 fr. (i™ catégorie) et de 200 fr. (2e et 30 ca-
tégories) ; 2° un second prixde 150 fr. (ir0 catégorie) et un second
prix de 100 fr. (iro et 20 catégories).

Les concours pour les industries d'art s'adressent indifférem-
ment aux dessinateurs et aux sculpteurs; ils donnent lieu à deux
prix : le premier d'une somme de 800 fr., le second, d'une
somme de 200 fr. Le programme est un Modèle d'aiguière avec
son plateau. Les œuvres des concurrents devront être déposées
le 15 avril 1878 à l'Union centrale. Les résultats seront exposés
publiquement au Champ-de-Mars, dans la salle spéciale réservée
à la société.

— Les conférences instituées par l'Union ont été reprises
le 9 janvier, dans son local de la place des Vosges. Elles pré-
senteront, cette année, le plus haut intérêt, comme on en
peut juger par l'extrait suivant du programme : 9 janvier, Oit
finit l'art, où commence l'industrie, par M. Egger; — 11 janvier,
de l'Enseignement du dessin dans l'antiquité, par M. René Mé-
nard ; — 16 janvier, les Travaux de la jeunesse de Michel-Ange,
par M. A. de Montaiglon ;— 18 janvier, des Rapports de la
philosophie avec l'art, par M. Fabre; — 23 janvier, de l'Influence
générale des arts sur l'industrie, par M. Levasseur ; — 25 janvier,
de l'Enseignement du dessin, par M. Cernesson ; — 30 janvier.
Histoire de la sculpture en cire, par M. A. de Montaiglon ; —
ier février, de flnfluence des arts de la France che^ les diverses
nations depuis le xi° siècle, par M. Viollet-le-Duc, etc., etc. Les
cours ont lieu les mercredi et vendredi de chaque semaine, à
huit heures du soir.

Le tombeau de Michelet. —■ La souscription pour le monu-
ment de Michelet a produit la somme d'environ 40,000 francs.

Le monument sera l'œuvre de deux artistes, MM. Antonin
Mercié, l'auteur du Gloria victis, et Pascal, architecte de la
Bibliothèque nationale, un des deux auteurs du monument
de Henri Regnault, à l'École des beaux-arts.

Le tombeau consistera en trois gradins de marbre superpo-
sés, disposés de façon à recevoir des fleurs et dont le plus élevé
supporte un monument debout, formé de deux colonnes de
marbre supportant elles-mêmes un couronnement architectural
d'une grande légèreté et encadrant une grande plaque de marbre
sur laquelle apparaîtra en relief la statue couchée de Michelet
recouverte d'un linceul.

Aux pieds de Michelet se dresse debout la Muse de l'histoire,
drapée et voilée.

Les gradins qui supportent le monument émergent d'un bassin
s'arrondissant aux angles et à la partie antérieure du tombeau,
d'où s'échappent des plantes vertes s'élevant à droite et à gauche
de la grande stèle, et dont les eaux sont alimentées à l'aide
d'une source placée au bas du gradin inférieur.
 
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