L' art: revue hebdomadaire illustrée (4.1878 (Teil 1))

EUGENE-EMMANUEL VIOLLET-LE-DUC. 28*

qui réussissent à faire figure par la persistance de traditions impérieuses, qui se font de leur
perpétuité un titre à l'obéissance publique, et qui anathématisent la discussion au nom d'une
prétendue vérité intrinsèque, accessible aux seules intelligences dignes de la concevoir.

L'art, à ses yeux, n'échappe pas plus que le reste à ce devoir d'être intelligible. Sa raison
d'être peut être plus ou moins apparente, mais il faut qu'elle existe. Par cela même qu'il est une
création de l'homme, il est obligé de se conformer aux lois de l'intelligence et de la sensibilité
humaines. Ses prétentions à l'idéal ne sauraient le soustraire à cette obligation. Le génie n'existe
que par cette conformité et sa mesure est dans l'énergie même avec laquelle il exprime cette loi
dominante. Les grands artistes sont ceux dont
la puissance créatrice se subordonne le plus jj
spontanément à cette condition, et il n'y a de
critique sérieuse que celle qui est une applica-
tion de la raison au jugement des choses d'art.

Or la première condition de l'art est pour
lui d'être appropriée au temps, au climat, au
besoin. Si le Parthénon est à sa place à
Athènes, il n'est qu'une œuvre ridicule à Edim-
bourg, où le soleil ne perce les brouillards que
quelques jours de l'année. « L'art, dit-il, ne
consiste pas dans telle ou telle forme, mais
dans un principe, dans une méthode logique.
Donc il n'y a aucune raison de soutenir qu'une
forme de l'art soit l'Art, et qu'en dehors
de cette forme il n'y a que barbarie ; donc l'art
des Iroquois ou des Français du moyen âge
pourrait n'être pas barbare. Ce qu'il s'agit de
savoir, ce n'est pas si un Iroquois ou un Fran-
çais se sont plus ou moins rapprochés de la
forme de l'art des Grecs, mais s'ils ont pro-
cédé de la même manière, et étant dans un
autre climat, ayant d'autres besoins et d'autres
mœurs, s'ils n'ont pas dû, par cela même qu'ils
procédaient comme les Grecs, s'éloigner autant
des formes adoptées par ceux-ci que leur climat,
leurs besoins, et leurs mœurs étaient différents
du climat, des besoins et des mœurs des Grecs. »

Viollet-le-Duc ne se dissimule pas qu'il
ne serait pas impossible de contester la vérité Rinceau d'archivolte (fin du in- siècle),

absolue de ce principe, surtout si on l'applique provenant de la façade occidentale de Notre-Dame'de Paris,

/ - * porte de la Vierge.

à la poésie, à la musique. Il revient souvent à Dessin d'Eugènevioiiet-ie-Duc,

cette question, et il reconnaît très-franchement tirê d? son Di^nnaire raisonné de l'architecture française,

. du XI" au XVI° siècle. (Paris, V A. Morel et C".)

que son principe ne contient pas l'art tout

entier ; mais il croit, avec raison selon nous, qu'il en contient une part considérable, et que de
notre temps c'est ce principe qu'il faut surtout s'appliquer à faire revivre, car c'est le plus
négligé, ou pour mieux dire, le plus ignoré.

génie, i vol. in-8° de 500 pages, avec bois intercalés dans le texte, et un atlas in-4' de 12 cartes gravées par M. Ehrard, imprimées en couleurs,
relatives aux travaux et opérations militaires des armées française et allemande aux environs de Paris. — Chez Ve A. Morel et C".

Lettres adressées d'Allemagne à M. Adolphe Lance, architecte. Opinions ou observations sur l'architecture et les monuments de ces
diverses contrées. 1 vol. in-8" de 101 pages. — Ve A. Morel et Ô*.

Cité de Carcassonne (Aude). Brochure grand in-8°, illustrée de 6 vignettes gravées sur bois. — V° A. Morel et C'e.

Ruines de Champlieu (Oise). Brochure grand in-8°, illustrée de 5 gravures sur bois et sur acier. — V° A. Morel et C.

Lettres sur la Sicile, à propos des événements de juin et juillet 1860. Brochure in-8° de 166 pages, illustrée de 10 dessins gravés sur
bois et d'une carte de la Sicile. — Ve A. Morel et C'c.

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