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Monatsberichte über Kunstwissenschaft und Kunsthandel — 1.1900/​1901

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Nr. 12
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Guiffrey, Jean: Les tapisseries au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.47723#0510

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486

qui lui a servi de sepulcre — ä demi couvert de son
linceuil, tenant de la main gauche le labarum et benis-
sant; deux anges l’assistent l’un portant une draperie
ä droite, l’autre tenant encore le couvercle du sarco-
phage, qui a ete rejete en arriere, deux soldats,
couches ä droite et ä gauche sont armes ä la mode
de la fin du XIVe siecle. Fond d’arbres, sur le premier
plan, semis de fleurettes. Cette tapisserie dont certaines
parties sont tissees d’or, n’a, non plus que la precedente,
de bordure, elles ont ete leguees toutes deux ainsi que
les trois suivantes par le baron Davilliers.
Une des plus belles pieces que ce collectionneur
eclaire fit entrer au Louvre tut la fameuse tapisserie qui
a conservö son nom. C’est une des Oeuvres en cet art
les plus parfaites que l’on connaisse, et son dernier pro-
prietaire avant le Louvre l’avait triomphalement rapporte
d’un voyage en Espagne. Recemment gravee, dans la Ga-
zette des Beaux Arts t. X 2e periode page 51, dans la
Tapisserie d’Eugene Müntz p. 143, dans le baron Davilliers
de M. Eudel p.9 et 53, dans la Donation du baron Charles
Davilliers par Courajod et Molinier p. 303 etc. la tapis-
serie de Davilliers reproduit avec la plus grande finesse
un retable flamand; au centre, tröne la Vierge glorieuse
portant sur les genoux l’Enfant Jesus tenant une pomme
ä la main, deux anges musiciens sont debout sur le
degr£ du siege, deux autres anges volant deposent sur
la tete de la Vierge une couronne d’orfevrerie, au dessus
de laquelle on apercoit le Saint Esprit et Dieu le Pere.
Le fond nous montre le chceur d’une eglise gothique —
au premier plan, une fontaine, dans un parterre de
fleurettes. Le panneau de gauche represente le frappement
du rocher. Dans un paysage accidente, verdoyant, oü
apparait une ville au loin, Moise fait jaillir l’eau ä la-
quelle les Hebreux se d^salterent. Sur le volet de droite
on voit la fontaine probatique, de style gothique, dont
un ange v£tu d’une magnifique dalmatique secoue l’eau;
des malades, des infirmes se tiennent ä l’entour. Au
fond se trouve une ville, oü, par une large baie, on
apercoit dans une chambre le Christ benissant un per-
sonnage agenouille. Au dessus de chacun de ces pan-
naux lateraux, dans des niches gothiques sont representes
deux prophetes, ce sont, pour le panneau de gauche
Isai'e avec une banderolle portant: Omnes sitientes
venite ad me Ysai’e I. V.° et Joel avec l’inscription : Et
fons de domo domini agredietur Joel III0, et pour le
panneau de droite le roi David avec la legende: Sitivit
anima mea ad deum fortem vivum Psal. 51 et le prophete
Ezechiel avec cette prophetie: Et effundam super vos
aquam mundam. Le centre comme le volets sont en-
cadres de colonnettes, de cretes, de montants ornes de
statuettes imitant l’orfevrerie et d’un soubassement oü
on lit l’inscription suivante, formant deux lignes: Fons
ortorum puteus aquarum viventium que fluunt impetu de
libano cantiarum 1111° Actum Anno 1485 / De petra
munda fluxit sitientibus unda exodi XVII0 curat lan-
guentes piscina probatica Mentes 10. V.°
Cette piece, qui mesure deux metres cinq de hau-
teur sur deux metres quatre-vingt-cinq de large, est
exceptionelle non seulement par son sujet, par la finesse
de son tissu, par l’abondance de l’or, par sa Con-
servation, par la date qu’elle porte; mais aussi et
surtout par la magnifique coloration de ses tons, par
la richesse et la beaute des draperies, par l’eclat des

rouges qui dominent et qui semblent etre demeures tels
qu’ils etaient le premier jour.
Sans observer exactement l’ordre chronologique,
examinons tout de suite deux autres tentures du com-
mencement du XVIJ siecle, leguees comme les precedentes
au Louvre par le baron Davilliers. L’une, haute de un
metre quatorze et large de deux metres quinze, est un
devant d’autel representant l’ensevelissement du Christ
et, tandis que les precedentes sont sans bordure, celle-ci
est entouree de guirlandes de fleurs, de feuilles et de
grappes de raisins. Le Corps du Christ est etendu sur
un lit; la Vierge et une sainte femme, saint Jean, la
Madeleine et Joseph d’Arimathie, s’empressent autour
de lui. Un paysage accidente, dans lequel on aperqoit
les trois croix, s’etend au loin. A un arbre de
chaque cöte sont accroches deux ecussons semblables
coupes de gueule et d’azur, le champ de gueule Charge
d’un plateau de balance d’or. Cette tapisserie, comme
la suivante est tres abondamment tissee d’or, lui
donnant un aspect tres doux que relevent pas endroit
certains accents des veitements rouges ou verts. L’autre
tenture, d’une harmonie semblable et sensiblement con-
temporaine, avait ete acquise ä Bologne par le baron Da-
villiers. La Madeleine y est representee agenouillee de-
vant le Christ, dans un joli paysage accidente et
boise. Le Christ, de face, drape dans un riche manteau
de pourpre, apparait, ä gauche, appuyd sur une beche, ä
la Madeleine, qui, agenouillee ä droite, vetue d’un corsage
de brocart rouge et d’une riche toilette, temoigne la
surprise que lui cause cette apparition. Pres d’elle
est pose ä terre un vase de parfums ouvert. Dans le
paysage, au loin, sont representees diverses scenes d’ap-
parition parmi des constructions de style flamand.
La bordure est forme d’arabesques et de cartouches
portant le nom HIESVS.
Tel est le magnifique lot de tapisseries legue par
le baron Davilliers, pour en mieux apprecier l’importance,
nous avons te nu ä l’examiner dans son homogeneite et
la etudier successivement les diverses pieces qui le com
posent; aussi nous faut-il actuellement revenir un peu
en arrivere pour nous occuper d’une tres belle piece
qui doit interesser plus particulierement des lecteurs
allemands.
Cette tapisserie, leguee par M. Leroux en 1898, re-
produit exactement, en grandes dimensions, le tableau
de Roger Van der Weyden que possede la Pinacotheque
de Munich. On y voit, dans un oratoire gothique
soutenu par des colonnettes sculpt^es de marbre bleu,
largement ouvert auf ond sur un parterre de fleurs, et
dalle de marbres multicolores, Saint Luc, en vaste
robe rouge aux plis multiples, coiffe d’un bonnet violet,
agenouille sur un coussin de brocart vert, peignant, sur
un panneau cintre du haut, qu’il tient de la main gauche,
la Vierge, en robe rose broches d’or et doublee d’
hermine et en large manteau bleu, assise sur des coussins,
devant une stalle gothique en bois sculpte sur laquelle
sont places des livres d’heures. Elle donne le sein
ä l’Enfant Jesus, qu’elle tient sur son bras gauche.
Derriere et au dessus d’elle, en forme de dais, est dis-
posee une etoffe de brocart rouge et or, bordee de
vert. Pres d’elle, en arriere, sur un tabouret gothique,
sont poses un vase avec des fleurs, une pomme et une
grenade dans un pot, en avant, dans une corbeille,
des pelottes de laine et une paire de ciseaux: A
 
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