DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Guiffrey, Jean: Récents remaniements au Musée du Louvre
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.47723#0157
RECENTS REMAN1EMENTS AU MUSfiE DU LOUVRE.
Par M. JEAN GUIFFREY, Attache au Musee du Louvre.
Aux inappreciables Services que rendent les Expo-
sitions Universelles en rapprochant pour quelques mois
des objets d’art epars dans des edifices civils ou reli-
gieux, dans les Musees et les collections particulieres,
se joint l’avantage, considerable aussi, de faire aboutir
certains projets depuis longtemps ä l’etude et toujours
retardes. L’ Exposition de 1900, sans rivale pour le
nombre et la qualite des objets d’art anciens reunis
dans son enceinte et provenant non seulement de France,
mais d’ Allemagne, d’ Angleterre, d’ Espagne, de Bel-
gique, de Hongrie, d’ Autriche, de Russie, de Roumanie,
du Japon etc., aura eu pour resultat l’achevement de
nombreux travaux depuis longtemps projetes. Les uns
n’avaient pour but que de faciliter et de hater la
circulation dans Paris, d’autres plus ambitieux devaient
contribuer ä embellir cette ville. Les beaux arts auront
eu une large part dans les travaux nouveaux. Deux
palais auront ete construits aux Champs Elysees pour
remplacer le vieux mais commode Palais de 1’ Industrie
— dernier vestige d’une precedente exposition (1855) —;
des perspectives nouvelles auront ete ouvertes; et au
Musee du Louvre d’ importants remaniements auront
ete executes, dont nous nous occuperons specialement
ici. Beaucoup sont dejä termines et presque tous les
visiteurs de 1’ Exposition Universelle ont pu les appretier,
d’ autres, entrepris plus tard, sont cependant assez avances
pour que nous puissions dejä les faire connaitre ici.
De tous ces amenagements du Louvre le travail
execute dans le departement des peintures est de
beaucoup le plus considerable. L’ installation des tableaux
des ecoles etrangeres a ete completement modifiee: le
manque de place ayant seul empeche jusqu’ ici qu’un
pareil travail ne soit entrepris pour les peintures franqaises.
Vingt salles ou cabinets nouveaux ont ete inaugures
au mois de mai, et pour combler les vides causes sur
les murs des anciennes galeries par les tableaux exposes
dans ces nouveaux locaux, on a du modifier complete-
ment la disposition des peintures placees dans la Grande
Galerie, dans le Salon Carre, dans la Salle La Gaze,
dans la Galerie des primitifs ifaliens et dans les salles
oü etaient exposes les tableaux allemands et anglais et
oü ont pris place les primitifs franqais des XIVe, XVe
et XVIe siecles: soit au total toutes les salles de pein-
tures du Louvre excepte celles qui sont reservees aux
oeuvres franqaises.
A l’extremite de 1’ immense Galerie du bord de
1’ eau oü etaient placees, entre autres choses, les pein-
tures executees par Rubens pour Marie de Medicis, se
trouvait une tres vaste salle, construite sous Napoleon III
et destinee aux seances solennelles du Parlament aux-
quelles l’empereur devait etre present; aussi cette salle
communiquait-elle directement avec les Tuileries, et con-
serve-t-elle le nom que son usage ne justifia pas de
Salle des Etats. En realite eile ne fut jamais achevee;
ses quatre murs et son toit donnerent parfois asile ä
des expositions, comme celle des diamants de la Cou-
ronne de France qui preceda la vente de ces joyaux, et,
en 1889, l’exposition de la Revolution Franqaise.
MonsieurLafenestre, Conservateur des peintures au Louvre,
avait forme depuis longtemps le projet d’utiliser cette
vaste salle mesurant plus de quarante metres de long
sur vingt de large, pour reconstituer, au milieu, l’ancienne
Galerie de Medicis et amenager, tout autour, pour les
petits tableaux, des cabinets eclaires par des jours la-
teraux ; la dimension reduite de ces salles etant plus
avantageuse que les grandes Galeries pour les oeuvres
intimes et delicates des peintres de Hollande et de
Flandre.
En 1895 sous la direction d’un architecte jeune,
actif et savant, Monsieur Blondel dont le nom est lie
intimement ä cette grande entreprise, le plan etait
arrete et les premiers travaux entrepris. Un an apres,
M. Blondel mourait et etait remplace par M. Redon ä
qui revint l’honneur de terminer cette oeuvre. Ces
salles furent inaugurees par Monsieur Loubet le 21 Mai
1900.
Desormais l’ancienne Grande Galerie s'ouvre ä son
extremite opposee au Salon Carre sur une premiere
salle assez vaste oü sont places quelques tableaux de
Rubens et les prinicipaux Van Dyck du Musee. On
trouvera lä le Charles Ier d’Angleterre, la Vierge aux
donateurs, le portrait-equestre du duc de Moncade et
les principaux portraits d’hommes et de femmes de
Van Dyck; de Rubens, outre trois grandes toiles fai-
sant partie de la serie de Marie de Medicis, representant
la Naissance, l’Education et le Gouvernement de la
Reine, et n’ayant pas trouve place dans la salle suivante,
on voit les grandes compositions comme la Tomyris
faisant plonger dans du Sang la tete de Cyrus, Diogene
cherchant un homme, Le Christ en Croix; on a reunis
dans cette salle les tableaux se rapportant ä la decora-
tion commandee par Marie de Medicis au grand peintre
d’Anvers, comme le portrait de la Reine en Bellone
qui surmontait la cheminee monumentale de l’ancienne
Galerie du Luxembourg, les portraits de Franqois de
Medicis, grand-duc de Toscane et de Jeanne d’Autriche,
Par M. JEAN GUIFFREY, Attache au Musee du Louvre.
Aux inappreciables Services que rendent les Expo-
sitions Universelles en rapprochant pour quelques mois
des objets d’art epars dans des edifices civils ou reli-
gieux, dans les Musees et les collections particulieres,
se joint l’avantage, considerable aussi, de faire aboutir
certains projets depuis longtemps ä l’etude et toujours
retardes. L’ Exposition de 1900, sans rivale pour le
nombre et la qualite des objets d’art anciens reunis
dans son enceinte et provenant non seulement de France,
mais d’ Allemagne, d’ Angleterre, d’ Espagne, de Bel-
gique, de Hongrie, d’ Autriche, de Russie, de Roumanie,
du Japon etc., aura eu pour resultat l’achevement de
nombreux travaux depuis longtemps projetes. Les uns
n’avaient pour but que de faciliter et de hater la
circulation dans Paris, d’autres plus ambitieux devaient
contribuer ä embellir cette ville. Les beaux arts auront
eu une large part dans les travaux nouveaux. Deux
palais auront ete construits aux Champs Elysees pour
remplacer le vieux mais commode Palais de 1’ Industrie
— dernier vestige d’une precedente exposition (1855) —;
des perspectives nouvelles auront ete ouvertes; et au
Musee du Louvre d’ importants remaniements auront
ete executes, dont nous nous occuperons specialement
ici. Beaucoup sont dejä termines et presque tous les
visiteurs de 1’ Exposition Universelle ont pu les appretier,
d’ autres, entrepris plus tard, sont cependant assez avances
pour que nous puissions dejä les faire connaitre ici.
De tous ces amenagements du Louvre le travail
execute dans le departement des peintures est de
beaucoup le plus considerable. L’ installation des tableaux
des ecoles etrangeres a ete completement modifiee: le
manque de place ayant seul empeche jusqu’ ici qu’un
pareil travail ne soit entrepris pour les peintures franqaises.
Vingt salles ou cabinets nouveaux ont ete inaugures
au mois de mai, et pour combler les vides causes sur
les murs des anciennes galeries par les tableaux exposes
dans ces nouveaux locaux, on a du modifier complete-
ment la disposition des peintures placees dans la Grande
Galerie, dans le Salon Carre, dans la Salle La Gaze,
dans la Galerie des primitifs ifaliens et dans les salles
oü etaient exposes les tableaux allemands et anglais et
oü ont pris place les primitifs franqais des XIVe, XVe
et XVIe siecles: soit au total toutes les salles de pein-
tures du Louvre excepte celles qui sont reservees aux
oeuvres franqaises.
A l’extremite de 1’ immense Galerie du bord de
1’ eau oü etaient placees, entre autres choses, les pein-
tures executees par Rubens pour Marie de Medicis, se
trouvait une tres vaste salle, construite sous Napoleon III
et destinee aux seances solennelles du Parlament aux-
quelles l’empereur devait etre present; aussi cette salle
communiquait-elle directement avec les Tuileries, et con-
serve-t-elle le nom que son usage ne justifia pas de
Salle des Etats. En realite eile ne fut jamais achevee;
ses quatre murs et son toit donnerent parfois asile ä
des expositions, comme celle des diamants de la Cou-
ronne de France qui preceda la vente de ces joyaux, et,
en 1889, l’exposition de la Revolution Franqaise.
MonsieurLafenestre, Conservateur des peintures au Louvre,
avait forme depuis longtemps le projet d’utiliser cette
vaste salle mesurant plus de quarante metres de long
sur vingt de large, pour reconstituer, au milieu, l’ancienne
Galerie de Medicis et amenager, tout autour, pour les
petits tableaux, des cabinets eclaires par des jours la-
teraux ; la dimension reduite de ces salles etant plus
avantageuse que les grandes Galeries pour les oeuvres
intimes et delicates des peintres de Hollande et de
Flandre.
En 1895 sous la direction d’un architecte jeune,
actif et savant, Monsieur Blondel dont le nom est lie
intimement ä cette grande entreprise, le plan etait
arrete et les premiers travaux entrepris. Un an apres,
M. Blondel mourait et etait remplace par M. Redon ä
qui revint l’honneur de terminer cette oeuvre. Ces
salles furent inaugurees par Monsieur Loubet le 21 Mai
1900.
Desormais l’ancienne Grande Galerie s'ouvre ä son
extremite opposee au Salon Carre sur une premiere
salle assez vaste oü sont places quelques tableaux de
Rubens et les prinicipaux Van Dyck du Musee. On
trouvera lä le Charles Ier d’Angleterre, la Vierge aux
donateurs, le portrait-equestre du duc de Moncade et
les principaux portraits d’hommes et de femmes de
Van Dyck; de Rubens, outre trois grandes toiles fai-
sant partie de la serie de Marie de Medicis, representant
la Naissance, l’Education et le Gouvernement de la
Reine, et n’ayant pas trouve place dans la salle suivante,
on voit les grandes compositions comme la Tomyris
faisant plonger dans du Sang la tete de Cyrus, Diogene
cherchant un homme, Le Christ en Croix; on a reunis
dans cette salle les tableaux se rapportant ä la decora-
tion commandee par Marie de Medicis au grand peintre
d’Anvers, comme le portrait de la Reine en Bellone
qui surmontait la cheminee monumentale de l’ancienne
Galerie du Luxembourg, les portraits de Franqois de
Medicis, grand-duc de Toscane et de Jeanne d’Autriche,