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Monatsberichte über Kunstwissenschaft und Kunsthandel — 1.1900/​1901

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Nr. 12
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Guiffrey, Jean: Les tapisseries au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.47723#0509

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485

Les Tapisseries au Musee du Louvre.
Par M. Jean Guiffrey
Attache au Musee du Louvre.

Les arts mineurs si dedaignes, si meprises au debut et
pendant une bonne partie du XIXe siecle, ont ete, depuis
une quarantaine d’annees, l’objet de la sollicitude la plus
eclairee et la plus feconde de la part d’artistes eminents,
nombreux et sinceres. Cette renaissance active, ä laquelle
nous avons assiste et dont nous suivons chaque jour
les progres, s’est manifestee presque simultanement en
Angleterre, en Allemagne, aux Etats-Unis, en France, en
Belgique, en Suisse etc. et a eu pour puissants moyens
d’action soit l’installation d’expositions particulieres, ou
l’admission des arts industriels aux expositions d’art
dejä existantes, soit la creation de Musees speciaux, qui,
ä cöte des Galeries de peintures ou de sculptures,
n’ont pas tarde a prendre une importance et un in-
teret de premier ordre.
A Paris, comme ä Londres ou ä Berlin, on a pu
constater cet heureux progres. Le Louvre d’abord
presqu’ exclusivement consacre, sauf quelque bijoux et
dmaux, ä l’antiquite, ä la sculpture et ä la peinture, a
fait la place de plus en plus large aux arts mineurs
en recevant d’abord les collections Sauvageot, Davilliers
et Thiers, en les completant par des acquisitions au point
que ces sections constituent aujourd’hui une des parties
les plus importantes du Musee. Faut-il rappeler aussi
le creation d’un Musee des Arts decoratifs dont les
tribulations singulieres sont peut-gtre ä la veille de
prendre fin, et dont l’installation definitive dans une
aile du palais du Louvre sera sans doute le principal
evenement artistique de Paris au printemps prochain?
Pour le moment les objets sont confines dans des caisses
et bien qu’on ne puisse encore les exhiber, on ne cesse
cependant, par des acquisitions opportunes, par des dons
genereux, d’augmenter leur nombre, de completer les
series, et l’installation ephemere, pendant l’Exposition
de 1900, de quelques salles, a rencontre la plus grande
faveur auprfes des amateurs et des artistes. Enfin l’ad-
mission d’objets d’art depuis douze ans aux Salons annu-
els depuis huit ans au Musee du Luxembourg constitue
aussi des encouragements puissants. On a pu voir ä la
derniere Exposition universelle de Paris que ces efforts
n’ont pas ete vains et que cette renaissance heureuse
est actuellement en pleine floraison.
Une de ses consequences naturelles a ete la re-
cherche et partant la surencheres des bibelots et objets
d’art anciens. Non seulement les Musees, mais les
industriels ou les amateurs, se les disputent ä des prix
fabuleux. On reste confondu devant les sommes atteintes
dans des ventes recentes par des objets d’art, et tont
l’enthousiasme que l’on mettait autrefois ä acquerir un
marbre antique ou un tableau italien, on le met aujourd’
hui ä s’assurer la propriete d’un Vierge d’ivoire, d’un
bronze de la Renaissance ou d’une tapisserie.
L’art patient, laborieux et delicat du tapissier n’a
jamais ete autant honore que de nos jours, on se plait
ä eiter les histoires malheureusement tres nombreuses, oii

des merveilleuses tentures, tissees de soie et d’or etaient
utilisees, dans des eglises ou du chäteaux, aux emplois
les plus vils, on rapelle le gouvernement revolutionnaire
faisant brüler ä Paris les tapisseries des eglises pour
en retenir lemetal et obtenant par ce moyen pour quarante
mille livres d’or et d’argent; et l’on se lamente, tout en
reparant avec le plus grand soin les tapisseries, ou
les moindres fragments m&me, qui, ä travers tant de
dangers si varies, sont presque miraculeusement par-
venus presqu’ä nous.
Le Louvre avait d’autant plusde raisons d’enposseder
des specimens precieux, que cet art a eu son plus bei
epanouissement en France. Arras etait au moyen äge
le grand centre de production, d’oü le nom de arrazzi,
qu’en generalisant, on donna pendant longtemps aux
tapisseries, alors meme qu’elles n’avaient pas pour lieu
d’origine les Flandres francaises, comme aujourd’hui on
appelle Gobelins, toutes les tentures ä personnages des
XVlIe et XVIIIe siecle, sans que cette denomination im-
plique necessairement le tissage de ces pieces dans les
ateliers de la manufacture parisienne. II ne faudrait pas
chercher au Louvre une Serie methodique et complete
de tapisseries, dont la formation serait cependant si
attrayante et si instructive; on ne pourrait vraiment
s’en etonner beaucoup, puisque toutes les tapisseries
que nous allons examiner ici sont entrees au Louvre
comme dons, ou legs, ou proviennent des anciennes col-
lections royales. Aucune n’a ete directement acquise
par le Musee.
Une des plus anciennes, d’origine franqaise, represente
dans un jardin fleuri, tout peuple de lapins, un jeune
seigneur, en elegant costume du temps de Charles VI,
presentant un cceur ä une jeune femme, assise ä terre et
tenant sur le poing un faucon. Elle hatte un petit chien
qui bondit pres d’elle, Symbole de la fidelite. Cette tenture
qui peut dater des premieres annees du 15e siecle, celebre
evidemment les fianqailles d’un jeune prince; aucun attri-
but, aucun emblgme ne donne d’indication sur son nom;
eile mesure deux metres cinquante huit de hauteur sur
deux metres neuf delargueur. Les fleurettesetles arbres se
detachent sur un fond bleu fonce d’un tres delicat effet
decoratif. Ces tapisseries ä deux personnages, ditesjardins
d’amour, etaitent autrefois tres nombreuses, nous en avons
la preuve dans les frequentes mentions qu’en font les
inventaires. Rappelons qu’une tenture analogue avait figure
ä l’Exposition de 1900 dans le Pavillon d’Espagne; eile
est la propriete de M. le Comte de Valencia, l’eminent
directeur de l’Armeria de Madrid, l’heureux possesseur
de remarquables collections.
Aprfes cette tapisserie d’origine franqaise, nous avons ä
examiner une tres importante serie de tentures flamandes.
La plus ancienne en date represente la Resurrection.
C’est un devant d’autel haut de soixante-dix-sept centi-
metres et large de deux metres quarante. Un Christ
decharne, ä l’ossature saillante, sort du sarcophage
 
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