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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0050

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DE LA SCULPTURE POLYCHROME. IRE PARTIE. 9

gnages de l'histoire, tant la chose fut conforme à l'instinct primitif de l'imitation sans
art, à l'esprit superstitieux de ces religions, et même à l'intérêt de leurs avides minis-
tres (0. Ainsi Baruch représente les prêtres chaldéens dépouillant les dieux qu'ils ser-
vaient, pour en revêtir leurs femmes et leurs enfants, et enlevant à ces idoles jusqu'aux
couronnes dont la dévotion avait orné leurs têtes.

Ce qu'on appelle la dévotion appliquée aux actes extérieurs de la religion, est une
affection qui, pour se manifester envers la Divinité, emprunte nécessairement les formes
et les pratiques des autres affections sociales. L'homme a heau faire, il ne peut fonder
ce qu'on appelle le culte ou les rapports extérieurs avec l'Etre suprême que sur des
signes sensibles. Aussi le voit-t-on par-tout et dans tous les temps agir avec son Dieu
comme avec ses semblables. S'il veut lui témoigner sa reconnaissance, il le fait participer
à ses fêtes. Pour lui montrer sa soumission, il s'incline devant lui, il lui paie le tribut.
S'il lui demande une grâce, il la sollicite par des offrandes. A-t-il besoin de lui donner
des marques d'attachement, il emploie tous les moyens que la passion suggère à l'amant
pour plaire à l'objet de son amour. Il embrasse son idole, il la couronne, il la pare,
il l'habille des plus riches étoffes.

Ces procédés de l'instinct religieux appartiennent plus ou moins à tous les cultes, et
il s'en trouve encore aujourd'hui des vestiges dans celui de tous, qui donne le moins
d'importance aux signes extérieurs, ou du moins qui ne les admet que par indulgence
pour la faiblesse humaine. Les religions idolâtres avaient trop besoin du secours des
signes et des figures, pour négliger l'emploi d'une pratique qui parle à tous les yeux un
langage si intelligible. Yoilà pourquoi les Grecs et les Romains nous en offrent de nom-
breux exemples, même après que les arts eurent atteint chez eux le plus haut point
de la perfection. Et non-seulement ils faisaient des statues drapées selon la méthode des
mannequins, mais il leur arrivait encore souvent de revêtir d'étoffes réelles les statues
de marbre et de bronze.

Cette distinction se présente d'elle-même dans les descriptions, qui nous offrent tantôt
l'ouvrage d'un art ignorant conservé ou perpétué de siècle en siècle par une antique
dévotion, tantôt l'ouvrage de l'art perfectionné, mais masqué, et nécessairement défiguré
par les ajustements d'étoffes réelles dont on les environnait. La religion ne saurait jamais
subordonner son intérêt à celui de l'art : leur accord dépend d'une combinaison heureuse
de circonstances qu'on ne saurait commander. Selon Maxime de Tyr W, l'objet de ces
riches étoffes dont on enveloppait les statues des dieux, était de donner une haute idée
de la puissance divine, et d'augmenter l'espérance et la confiance des adorateurs. Les
dieux et les déesses, dit Tertullien (3), avaient, comme les femmes opulentes, des personnes
chargées de leur toilette, suas habebant ornatrices. L'usage de ces draperies postiches et
sur-ajustées aurait été plus général qu'on ne pense, s'il est vrai, selon deux passages de
Julius Firmicus, qu'il y ait eu dans les temples des ministres chargés particulièrement
<*u soin d'habiller les dieux, <vestitores divinorum simulachrorum (4). Or, comme plus dun
exemple le prouvera, ce soin devait s'appliquer et aux statues-mannequins et aux statues
faites avec art (5).

W Bar«ch , cap. 6. - (a) Serm. 29, pag. a33. - (3) Tertull. de Jejun. ,6.

(4) Julius Firmicus, lib. IV, cap. 1 ; 1. id. c, 1* - (5) Buonarot. Sopr. Aie. Medagl. pag. 55 et 56.

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