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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0153

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io8 LE JUPITER OLYMPIEN.

cernent du seizième siècle et l'époque de Michel Ange. Effectivement ce grand artiste fut
le premier qui, dans le renouvellement des arts, donna au dessin et à l'imitation du corps
humain l'essor et le développement qu'on chercherait vainement dans les ouvrages qui le
précédèrent. Avant lui, quelque chose de timide et de rétréci caractérisait la manière
des plus habiles. A lui s'appliquerait Yaperuisse et le demonstrasse de Pline, dont on don-
nera bientôt l'explication (0. En suivant l'idée métaphorique de ces paroles, on pourrait
dire que l'art, jusqu'alors resserré dans l'enceinte d'une exécution timide, attendait qu'un
génie plus hardi forçât cette enceinte, et en étendit les limites. C'est dans ce sens que
Michel Ange passe pour être le premier. Mais avant lui toutefois deux siècles d'efforts
continus avaient produit d'assez grandes choses en tout genre d'art.

Il en fut donc de même en Grèce, et Pline nous l'apprend, puisque c'est toujours par
Phidias qu'il débute dans ses renseignements historiques, soit de la peinture, soit de la
statuaire, soit de la sculpture proprement dite.

Ainsi au livre trente-cinquième, qui est celui de la Peinture, c'est Panaenus, frère de
Phidias, qui se trouve cité le premier, après toutefois Phidias lui-même, quem initio,
ajoute Pline, pictorem fuisse tradunl. Le même auteur, livre trente-six, faisant remonter
le commencement de la scalptura à l'origine des olympiades, prétend, on ne sait trop
pourquoi, qu'elle devança la peinture et la statuaria, qui commencèrent, selon lui, l'une
et l'autre avec Phidias, vers la 83e olympiade 0). Quarwn utraque cum Phidia cœpit octoge-
simâ tertiâ olympiade; et après environ 33a ans,/m?£ annos circiter trecenta et triginta duo.
Il est constant que Pline ayant connu et cité des ouvrages en peinture et en statuaire
très-antérieurs à la 83e olympiade, n'entend ici par le mot cœpit, que le commencement
du développement et de la grande époque des arts, qui fut celle de Phidias. Par la même
raison cet artiste figure en tête des sculpteurs en marbre, et ipsum tradunt scalpsisse mar-
mora, de la même manière qu'on le nomme le premier dans la liste des statuarii. Et ex
œre signa fecit. C'est donc toujours Phidias qui, dans chaque genre, marque l'époque
d'où partent l'histoire et la nomenclature des arts et des artistes, quoique Pline ait
reconnu l'existence de l'art dès l'origine des olympiades, c'est-à-dire, 33a ans avant la
83e olympiade.

Cet espace de trois siècles est celui qui peut servir à faire connaître et h déterminer en
Grèce la durée de l'accroissement des arts. Nous les voyons développés sous Phidias, et
par lui ; mais il est certain, comme on le montrera par la suite, qu'il eut un grand nombre
de prédécesseurs. Et, pour revenir à la toreutique, s'il eut le mérite, comme le dit Pline,
de lui avoir donné l'essor, et d'en avoir développé toutes les ressources, aperuisse atque
demonstrasse; c'est parce que cette division de l'art, par une culture continue et croissante
pendant trois siècles, était déjà avant lui parvenue à un assez haut degré, soit quant à la
hardiesse des entreprises, soit quant à la variété des moyens, soit pour ce qui regarde
la perfection des procédés techniques.

Pour bien se rendre compte de tout ce que comportait d idées et de notions le mot
toreutique, et pour se faire une opinion précise de l'étendue de cette division de l'art,
lorsque Phidias sur-tout y eut porté l'influence de son talent, les richesses de son imagi-
nation, et en eut agrandi tous les moyens, il faut réunir en un seul corps un très-grand

(i) Paragraphe VII. — (a) Foj. Plin., lib. XXXVI, cap. l\, et la note d'Hardouin.
 
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