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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0162

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DE LA TOREUTIQUE. IIe PARTIE. 117

être employé par Pline que dans l'acception générale de Fart de sculpter, sous le rapport
du genre, et non de ses espèces. Visiblement Pline veut dire que les enfants de condition
libre en Grèce furent seuls admis à apprendre et à cultiver les arts du dessin ; qu'un tel
usage contribua à la perfection de ces arts, parce qu'il faut, pour y réussir, des disposi-
tions généreuses et de l'élévation dans les sentiments : et il en donne pour preuve ce fait
remarquable, que bien que des esclaves (ce qui paraît sous-entendu) aient pu s'adonner
aussi à ces arts, on ne citait toutefois ni en peinture, ni en sculpture, aucun ouvrage
recommandable qui fût sorti de leur main. Rien de plus simple que cet énoncé de Pline ;
rien aussi ne serait plus ridicule, s'il fallait donner au mot toreutice la signification bornée
de quelqu'une des parties de la toreutique. Comment imaginer que cet effet moral de
l'influence de la condition sur le talent, effet observé dans la peinture, n'aurait eu lieu
qu'à l'égard soit de l'orfèvrerie, soit des bas - reliefs, soit de l'ornement, etc., soit même
de la division entière de l'art qui comprenait ces subdivisions? On ne saurait douter
qu'ici une division de l'art de sculpter ne soit prise pour l'universalité de l'art, et que le
mot toreutique n'ait eu cette signification entière.

En résumant tout ceci, il est donc permis de croire que Pline, dans les passages cités,
aura copié quelques réflexions tirées soit de Ménechme, soit de Xénocrate, soit d'Antigone,
qui avaient écrit sur la toreutique (») , et que ceux qui s'appliquent à Phidias et à Polyclète,
peuvent être considérés cOmme devant sur-tout désigner la nature sjDéciale des ouvrages
et de la division de l'art qui leur étaient propres.

Il me paraît certain, et la suite de cet ouvrage va le montrer, qu'avant Phidias, la per-
fection de la toreutique, retardée sans doute par la difficulté de ses procédés mécaniques,
attendait son avancement des progrès de la science même du dessin, ou de l'imitation
du corps humain. Naturellement elle resta et dut rester fort long-temps dans cet état,
que nous définirions aujourd'hui par les mots de petite manière. Quelque chose de sec,
de froid, de mesquin, dut se faire sentir dans la composition de ses premiers travaux, et
aussi quelque chose de timide caractérisa ses entreprises.

Mais lorsque Phidias, recueillant le fruit de trois siècles d'essais, d'efforts et de leçons,
eut fait voir dans un si grand nombre de vastes ouvrages à compartiments de métal, dans
ses colosses d'or et d'ivoire, dans les harmonieuses combinaisons d'accessoires ajoutés à
ces monuments, l'union de la grandeur et de la vérité dans le style, de la simplicité des
formes, et de la variété des détails, l'accord de la richesse et du goût ; alors on sentit tout
ce qu'il avait mis de distance entre lui et ses prédécesseurs. Il parut avoir ouvert un art
resserré jusqu'alors par la manière étroite et la timidité des premiers artistes, Aperuisse
dtque demonstrasse artem toreuticen.

Quand un art ou un genre d'art quel qu'il soit en est venu à ce point, il ne reste plus
qu'un pas à faire, c'est celui de la recherche, de la méthode, du fini, qui arrivent toujours
après les grands modèles donnés par le génie, et c'est à mon gré ce que signifie le consum-
masse de Pline, si on le joint à ïerudisse toreuticen qui suit, et qu'il emploie à l'égard de
Polyclète. Ainsi s'expliquent réciproquement et l'idée, et le mot qui la représente; ainsi les
notions de l'art dévoilent la véritable signification des passages ; et la valeur des passages
constate à son tour et confirme l'interprétation que nous avons donnée de la toreutique.

(1) Voy. Paragraphe V.

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