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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0164

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DE LA TOREUTIQUE. IF PARTIE. 119

faire, qui dépend de la différence des instruments ou des procédés que l'artiste emploie.
Chaque matière aussi, dans l'art de sculpter, comporte une manière d'être traitée parti-
culière à elle, d'où résulte ce qu'on appelle le génie propre de chacune; et c'est princi-
palement sur le genre des compositions dans leur rapport avec la matière, ou sa mise en
œuvre, que l'influence de ce génie se fait sentir. Autre est le goût de composition des
ouvrages d'argile, autre celui des statues en marbre, autre encore est la manière de
disposer celles qui doivent être en bronze. Un œil exercé reconnaît assez facilement,
parmi les statues pour la plupart copies, qui nous restent de l'antiquité, celles qui origi-
nairement durent avoir été faites en marbre, et celles dont l'original fut nécessairement
de métal. A chaque espèce de matière sont attachées des propriétés diverses ; chacune a
ses sujétions et est soumise, dans les compositions de l'artiste, à un ordre particulier de
convenances. De là il suit que, selon les moyens techniques, propres à Fune ou à l'autre
division de l'art, il se forme un goût plus ou moins réservé, plus ou moins hardi, plus ou
moins abondant en motifs ou en détails d'ornement, dans les ouvrages sur-tout qui sont
jusqu'à un certain point du ressort de la décoration.

Si, parmi les divisions de l'art de sculpter en Grèce, divisions tracées, comme on l'a vu,
par les différences mêmes de matière ou de mécanisme, il en fut une capable d'imprimer
aux combinaisons de l'art et au goût de l'artiste, un caractère distinct et une direction
toute particulière, ce fut sans doute la toreutique ou sculpture sur métaux. Son essence
consistant, non dans l'emploi d'une matière unique, mais dans une réunion de substances,
dont la variété donnait aux ouvrages sculptés une partie des effets qui dépendent de la
peinture ; son génie spécial, reposant sur l'assemblage et la diversité d'un grand nombre
de parties, et son mécanisme, résultant du secret de faire servir toutes sortes de compar-
timents en pièces de rapport à la formation des plus grandes choses, ce genre comportait
éminemment, dans ses opérations, ce qu'on appelle la division du travail. Aussi nombreux
dans ses éléments, que composé dans ses productions, ou du moins dans leur matière, il
dut naturellement porter l'artiste à la multiplicité des inventions, et lui faire adopter, par
préférence , des compositions remplies de détails, abondantes en motifs ou sujets de
figures très-diversifiées.

On comprend qu'il est dans la nature de ce genre d'art, et, si l'on peut dire, dans sa
tendance, de tout orner, de tout broder, de mettre du travail par-tout. C'est bien là
aussi ce qu'on remarquait dans les anciens ouvrages d'orfèvrerie d'église, ouvrages qui
nous retraçaient, sous plus d'un rapport, les pratiques et les usages de la toreutique (0.

(1) Il faut se contenter de citer ces ouvrages en général, et d'en rappeler le souvenir, puisque leur destruc-
tion universelle nous empêche d'en produire des exemples plus réels. Ces travaux , précieux par leur matière,
l'étaient encore davantage comme monuments du goût et de l'état de l'art dans ces siècles qui en précé-
dèrent le développement ; car, par une conformité assez remarquable avec l'histoire de l'antiquité , ce fut
de même dans ces premiers âges de notre histoire que régnèrent le goût et le genre de travaux en sculpture sur
métaux; j'ajoute que des causes à-peu-près du genre de celles que nous avons reconnues en Grèce, concou-
rurent à l'accréditer. Aussi M. Fiorillo, dans son histoire des arts du dessin, s'est-il servi de plusieurs de ces
ouvrages d'orfèvrerie d'église ou de leurs notions, pour établir, dès les onzième et douzième siècles en France,
les principales autorités sur lesquelles il fait reposer l'ancienneté des arts dans ce pays, et c'est encore avec
beaucoup de jugement que, parcourant ces monuments de l'art, il emploie à leur égard le mot de toreutique.
Ceschichte der zeichnenden kunste, von Fiorillo, tome III, ire partie, page /,o.
 
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