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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0217

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168 LE JUPITER OLYMPIEN.

Cicéron, dans ce temple une quantité considérable d'ivoire. Erat prœterea magna vis
eboris (0.

Ce trait seul nous apprend que les temples étaient devenus des sortes de dépôts .de
l'ivoire destiné à être un jour converti en statues. Car il serait difficile d'admettre que ces
défenses, une fois consacrées sous leur forme naturelle, ne devaient plus s'appliquer à
aucun autre usage. Il est bien vrai que l'intérieur des temples et des opistodomes renfer-
mait beaucoup d'objets curieux qui ne devaient y être qu'à titre de curiosité. Ainsi, sous
le portique du temple d'Esculape à Sicyone, on voyait un os de baleine d'une grandeur
prodigieuse, înfrot»'? oçoùv GaWci'ou ^Bei f/iya (2). Quoique les os de plus d'un animal aient souvent
remplacé dans quelques ouvrages la défense de l'éléphant, quanquain nuper, dit Pline,
ossa etiam in laminas secari cœperepenuriâ (3), il n'est pas probable que ceux de la baleine
aient jamais servi chez les anciens à aucun genre de sculpture. Ils étaient beaucoup trop
rares, et c'est uniquement comme rareté que l'on conservait celui dont on vient de parler.

Un passage de Pline nous confirme ce que le trait rapporté par Cicéron devrait seul
nous faire soupçonner. Selon cet écrivain, c'était dans les temples que l'on voyait les plus
grandes défenses d'éléphant. Magnitudo dentiwn, dit-il, videturquidem in templisprœcipua (4).
Cependant il semble, continue-t-il, qu'il y en avait de plus considérables encore, puisque,
suivant Polybe, qui le rapporte sur la foi du petit roi Gulussa, les habitants des confins
de l'Afrique vers l'Ethiopie, en faisaient les jambages des portes de leurs maisons et les
palissades de leurs enclos.

Les Éthiopiens paraissent avoir fait, dès les temps les plus anciens, un grand commerce de
cette matière (5). Cambyse, les ayant subjugués, il les obligea de lui payer un tribut annuel,
qui consistait en deux chœniques d'or, deux cents poutres d'ébène , et vingt défenses
d'éléphant de la grande taille, *» àfff*m« oàovraç (UY&oué êucofft (6). On distinguait toujours,
comme on voit, les défenses par la grandeur de leur dimension. Cette distinction est
devenue assez indifférente aujourd'hui, que l'ivoire ne s'emploie qu'à de très-petits objets.
Mais elle fut jadis d'une très-grande importance, comme la suite le montrera; et si, comme
je le pense, les défenses consacrées dans les temples étaient destinées aux statues des
dieux, dentibus ingenspretium, et deorum simulacris laudatissima ex Us iriateria (7), on com-
prend comment on peut concilier la grandeur de leur prix avec ce quon a dit de l'abon-
dance de cette matière dans le commerce. Les défenses de la proportion propre à la
statuaire colossale, par exemple, devaient être payées infiniment plus cher que les défenses
d'une taille ordinaire, et ce doit être à raison de ce haut prix que Pausanias vante sur-tout
la magnificence et la piété des Grecs, qui, dit-il, faisaient venir de l'Inde et de l'Ethiopie
la matière des simulacres de leurs dieux (8).

Ce fut, sans doute, par degrés et par succession de temps, que les artistes firent passer
l'ivoire, du travail des objets usuels ou de luxe, aux travaux de la sculpture. Mais ce pas-
sage dut avoir lieu nécessairement par l'application toute naturelle qu'on fit à ces divers
objets, des détails et des variétés d'ornement, qu'on se plut à y rapporter en les y
incrustant. L'union de for et de l'ivoire, inspirée par le goût, dans la décoration des

(1) Cic., in Verrem de Sign., parag. 46. — (2) Paus., lib. II, cap. 10. — (3) Lib. VIII, cap. 3. — (4) Plin.,
]ib. VIII, cap. 10. — (5) Plin., lib. VIII, cap. 8. — (6) Herod., lib. III, cap. 97. — (?) pnn> } yfc. yin, cap. IO
— (8) Paus., lib. V, cap. 12.
 
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