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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0244

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. IIP PARTIE. io,3

PAPvAGRAPHE IX.

t)u goût pour les idoles colossales dans Vintérieur des temples.

On est forcé de reconnaître dans les ouvrages de la statuaire chez les anciens, deux
.genres de colossal; l'un qu'on peut appeler relatif, l'autre qu'il faut nommer absolu ou
positif. Le premier genre de colossal a lieu, lorsqu'un objet de sculpture, soit isolé, soit
en rapport avec d'autres objets, doit être placé de façon à ne pouvoir être vu que d'un
point éloigné. On en augmente en ce cas la dimension dans une mesure déterminée par
l'éloignement et par la faculté visuelle. L'ouvrage alors n'est colossal que relativement.
Il ne parait pas, ou du moins il ne doit pas sembler l'être. L'autre genre de colossal,
que j'appelle positif, non-seulement est indépendant des principes de l'optique, mais il
a lieu en vertu de principes contraires; car, pour en produire l'effet, il ne suffit pas
d'excéder dans l'ouvrage les mesures naturelles, il faut que cet excès soit le plus apparent
qu'il est possible.

Il y a des colosses qui peuvent participer des deux genres. Tels furent, par exemple,
ceux que les anciens plaçaient dans des lieux extérieurs, et qui devant paraître du
genre absolu, à la place qu'ils occupaient, perdaient cette propriété, par celle qu'ils
avaient d'être aperçus à de grandes distances. Mais il n'en fut pas ainsi de ces colosses de
4o à 5o pieds de haut, renfermés dans la modique enceinte d'un Naos de 100 pieds de
long. Ils furent faits pour paraître ce qu'ils /étaient. Leur disproportion avec l'édifice et
les objets environnants fut trop sensible, pour qu'on puisse supposer qu'elle ait été le
résultat du hasard ou de l'inadvertance ; et les exemples de ce colossal absolu furent
trop nombreux, pour qu'il soit permis de les juger comme des exceptions.

Il faut donc croire que ce qu'on répute aujourd'hui un défaut contre les règles de
l'art, fut conçu autrefois dans d'autres principes, ou jugé d'après d'autres sensations.

Il y a effectivement entre les arts des anciens et les nôtres cette différence, que chez
eux les ouvrages firent les règles, et que chez nous les règles font les ouvrages. Chez
les Grecs, tout fut produit par une puissance d'inspiration antérieure au calcul. Dans les
temps modernes, le calcul et la raison ont précédé les inventions. Les règles des anciens
furent un résultat de leurs sensations, et y restèrent soumises. Les modernes ayant
raisonné avant de sentir, ont subordonné leurs sensations aux règles, et n'ont admis
que ce que le raisonnement autorise en vertu des exemples. Comme on a établi les règles
sur les ouvrages des anciens, naturellement on a réputé irrégulier tout ce dont on n'a
pas trouvé d'exemple chez eux.

Or, les modèles du colossal absolu sont anéantis pour nous. Quoiqu'on en retrouve
la notion dans les écrits des anciens, l'exemple en est détruit, et ne peut se reproduire.
Les idées et les sentiments attachés à ce genre d'hyperbole, n'ayant pu survivre au poly-
théisme, l'art de la sculpture, lors de sa renaissance, n'eut aucun besoin d'y recourir.
Cet art d'ailleurs reparut en quelque sorte tout formé, grâce aux leçons et aux modèles
de l'antiquité, sans avoir parcouru cette longue période d'ignorance pendant laquelle

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