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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0273

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2i8 LE JUPITER OLYMPIEN.

dorique grec une antiquité extraordinaire; et l'effet de cette manière de voir fut de
reculer la date de tous ces temples au-delà même des temps historiques. Mais la confron-
tation du style des temples de Pestum et de la Sicile avec ceux de la Grèce, dont la date
est certaine, a fait évanouir la plus grande partie de ce préjugé. Il ne reste, pour le
détruire en entier, qu'à constater l'époque de quelques-uns des temples de la Sicile dont
l'ordonnance est tout-à-fait semblable à celle du Parthénon par exemple, et a même
plus de pesanteur; car c'est sur ce caractère, ou, autrement dit, sur le nombre des dia-
mètres donnés à la colonne dorique, que certains critiques (0 avaient prétendu établir
une échelle chronologique en ce genre. Cette recherche m'éloignerait trop de ma route ;
cependant je dirai que plusieurs des plus grands temples de la Sicile, dont les restes exis-
tent encore, nous ont transmis les preuves les plus convaincantes de l'époque à laquelle
ils furent élevés. Ces témoignages se fondent, d'une part, sur l'état même d'imperfection
dans lequel ces édifices sont restés ; et de l'autre, sur la date constante de la destruction
des villes qui les élevèrent, et dont les habitants n'eurent plus, depuis la ruine de leur
pays, les moyens d'achever d'aussi grandes entreprises.

Tels sont entre autres les plus grands temples doriques de la ville de Sélinunte, qui
fut prise et détruite par les Carthaginois l'an IV de la 92e olympiade (2).

Un témoignage de Diodore de Sicile est encore plus décisif sur l'époque de la construc-
tion du temple de Jupiter Olympien à Agrigente, monument dorique de la dimension la
plus colossale, et dont on voit encore des restes. Cet auteur qui le décrit, nous apprend,
et qu'il était sur le point d'être achevé lors de la guerre qui détruisit Agrigente, et que
depuis cette catastrophe les habitants n'eurent plus assez de richesse et de puissance
pour terminer ee vaste édifice que la guerre avait épargné, et qui était encore, lors-
qu'il le vit, dans le même état d'imperfection. Or, la prise d'Agrigente par-les Cartha-
ginois eut lieu l'an III de la g3e olympiade (4). ( V9j. Mem. de ï Institut, Classe cTHist. et
de Litter. ancien., tome II. )

Donc la construction des plus grands temples de la Sicile appartient à la période qui
vit renouveler et agrandir les temples de la Grèce, ce qui prouve qu'un mouvement
général donna simultanément l'essor, dans toutes les contrées grecques, aux entreprises
de l'architecture, et par contrecoup à celles de la sculpture, et de la statuaire en or et
ivoire, dont Phidias parait avoir le premier porté les dimensions au point le plus colossal.

Avant lui, des statues d'or et d'ivoire, comme on l'a vu, avaient décoré l'intérieur de
plus d'un temple. Mais Pausanias, ordinairement exact à donner, ou la mesure des statues
colossales, ou du moins l'idée de leur mesure (par les mots eùpyeôriç, ou pysOsi pya), comme
il le fait de la statue de Minerve en bois à Erythrée et de tant d'autres (5), ne dit ni ne
donne à entendre d'aucune des statues d'or et d'ivoire du siècle antérieur à Phidias, que
leur dimension ait excédé les mesures naturelles du corps humain.

(1) Le Roy. Ruin. des Monum. de la Grèce. — (2) Diodore de Sicile, lib. XIII, cap. 5G. — (3) Id. ibid., c. 82.
— (4) Id. ibid., cap. 8y. — (5) Pausan., lib. VI, cap. 25.
 
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