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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0275

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12Q LE JUPITER OLYMPIEN.

Au bois ou à la brique avaient succédé les pierres et les marbres. Lorsque l'architecture
eut déployé au dedans et au dehors de ces édifices le luxe des ornements et la grandeur des
formes, elle demanda à la sculpture de mettre l'effet de ses ouvrages en rapport avec
le local destiné à les recevoir. Alors dut naître ou s'accroître l'habitude de la statuaire
colossale en or et ivoire : elle parvint bientôt au plus haut point dans la représentation
de la divinité; et l'on jugea, selon les idées d'alors, que cet art avait dû devenir un puis-
sant auxiliaire de la religion, avait dû ajouter une force nouvelle aux croyances reçues.
Aliquid adjecisse rèligtoni {*).

C'est de Phidias que Quintilien le disait; et il nous semble que si, d'après les notions
de l'art et de l'histoire, à lui fut réservé l'honneur d'égaler ainsi à la divinité la majesté de
ses images, Majestas operis œquavit Deumi2), il y fut conduit, et par toutes les causes
déjà énoncées, et par l'habitude qu'il avait de la sculpture colossale, et par le grand
exercice qu'il avait fait de la sculpture en bois.

Un de «es principaux ouvrages en effet paraît avoir été la Minerve Area ou belliqueuse
de Platée. Elle fut faite par les Platéens, de la part qu'ils eurent avec les Athéniens dans
le butin de la victoire de Marathon. Le corps de la statue était de bois doré ; le visage,
les bras et les pieds, de marbre pentélique. Sa hauteur était à peu de chose près la même
que celle de la Minerve de bronze (3) exécutée vers le même temps pour l'Acropolis
d'Athènes, et dont la dimension était telle, que du promontoire de Sunium les naviga-
teurs apercevaient le sommet de son casque. Celle-ci avait été aussi le produit des
dépouilles de Marathon; et l'époque de cette victoire, qui date de la troisième année de
la 7ie olympiade, nous porte à croire que les monuments auxquels elle donne lieu,
/furent exécutés avant l'administration de Périclès.

Mais Phidias s'était fait connaître encore auparavant, par sa Minerve de Pellène en
or et ivoire. Cette circonstance est énoncée avec beaucoup de précision par Pausanias (4).
On rapporte, dit-il, qu'il l'exécuta avant celle de l'Acropolis d'Athènes, et avant celle de
Platée. Nous n'avons aucun renseignement sur sa proportion; mais, ce que nous savons
des précautions prises pour la conservation de l'ivoire dans cette statue, porte à penser
que ce fut un ouvrage très-colossal. Phidias en effet avait pratiqué sous son soubasse-
ment une excavation propre à entretenir, dans la structure intérieure de cette masse, un
air humide dont l'effet, comme on le dira ailleurs avec plus de détail, était d'empêcher
les assemblages de se déjeter.

Le grand succès de Phidias dans le genre colossal, la hauteur à laquelle il paraît avoir
porté le premier les entreprises de la statuaire chryséléphantine, tout dut augmenter
singulièrement le goût des peuples pour ces sortes d'ouvrages. On vit alors les cités
les plus célèbres et les temples les plus renommés se disputer l'honneur d'enchérir l'un
sur l'autre, dans l'érection de semblables monuments.

La Minerve du Parthénon et le Jupiter d'Olympie parurent en peu d'années, et à peu
de distance l'une de l'autre.

Les critiques jusqu'à ce jour n'ont pas été d'accord sur l'époque précise à laquelle furent
exécutés par Phidias les deux plus célèbres de tous ses ouvrages. Il règne aussi quelque
incertitude sur la question de savoir lequel des deux colosses précéda l'autre. Le sort

[i) Quintilian. Orat. , lib. XII, c. 10. — (2) Id. ibid. — (3) Paus., lib. IX, c. /,. — (4) lbid., lib. VU, c. 37.
 
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