2;2 LE JUPITER OLYMPIEN.
moyens propres à les décrire. Je parle des formes mêmes du langage , et encore des
mots, dont les tournures et les significations ne peuvent presque jamais obtenir une
propriété assez fixe pour être appliqués sans équivoque à la définition d'une multitude
de rapports dans les ouvrages de l'art.
L'équivoque s'attache naturellement à toutes ces prépositions dont le sens plus ou
moins vague ne saurait acquérir la précision mathématique. Or la langue grecque abonde
en prépositions de ce genre, mù, r^k, xaxà, «ç, etc. Si l'on suit trop la lettre, l'esprit de la
chose échappe. Il faut, en expliquant le mot, prévoir quel en sera le résultat. Nous
verrons, par exemple, que la seule manière d'entendre la préposition W dans un sens
plutôt que dans un autre, doublerait l'étendue du trône de Jupiter, et en quadruplerait
la dépense {voyez Paragr. XV). Sans doute de telles différences doivent être de quelque
poids dans la balance du critique.
Il est vrai que ces différences ne deviennent sensibles que lorsqu'on interprète Pausa-
nias, le crayon, et sur-tout ici, le compas à la main.
S'il est question des traducteurs de cet écrivain, on peut affirmer que presque tous
n'ont fait jusqu'à présent, dans la description du trône, que mettre les mots d'une autre
langue à la place des mots grecs. Quelques-uns ont ajouté à l'incertitude de la chose,
l'obscurité plus grande encore de ce mot a mot, dont la fidélité perfide travestit quel-
quefois, et dénature le sens d'un auteur plus que ne peut le faire la paraphrase la plus
détournée. Dans la vérité, il y a peu de secours à attendre, pour la critique de Fart, des
« Sur le soubassement qui porte le trône sont placés tout alentour beaucoup d'autres objets d'ornement. »
« Les sujets qu'on y voit représentés en or, sont le Soleil montant dans son char; ensuite Jupiter et
« Junon : tout auprès est une Grâce. Celle-ci donne la main à Mercure, qui la donne à Vesta. Après Vesta,
« c'est l'Amour recevant Vénus qui sort de la mer, et que Pitho couronne. Suivent Apollon et Diane,
« Mercure et Hercule. A l'extrémité du soubassement sont Neptune et Amphitrite, et la Lune (autant
« qu'il m'a semblé) montée sur un cheval; quoique, selon certaine tradition, la Lune ne doive se servir
« que de mulet, et non de cheval. »
« Je sais que plusieurs ont donné les dimensions en hauteur et en largeur de la statue de Jupiter; mais
« je ne saurais l'aire l'éloge de leur exactitude : car leurs mesures diffèrent beaucoup de l'opinion qu'en
« conçoivent les spectateurs à la simple vue. »
« Au reste, l'habileté de Phidias reçut, dit-on, le témoignage de Jupiter lui-même. L'ouvrage terminé,
Èrl &à tou Potôpou toO Ôpo'vov ts àvs'yovTo; xaî cfcoç aXkoz
XoffU.Oî rapt tov Aia.
Eiri toutou tou fiaOpou ypuaa TCOivijiaTa, àvaësêvi/.k); èra
apfia H"Xio; , xai Zsuç Te îçi -/.ai Hpa- -rcapa àe aurov Xàpi;-
TauTvi; &s Èp[j.r,ç fj^Tat , tou EpptoO Se Eç£a* u.ETa &è tvîv
Éçtav Épco; sçtv e'x. OaXâW/i; Â<ppooiTY]V àvioiïaav ùrçoâe^ofiS-
voç- tt]v &è AçpootTïiv çeçavoî IletOoV Èrai'pyaçat £s xat
ÀtcoOJuv <7Ùv Apréutoi, AÔvivâ ts y.cà HpaxTâjç. Kat -/)&n tou
PaÔpou 7;poç tô rapaTi Âf/.<piTpiTï] x.ai llocst^ûv , 2eXvfv7) ts
U7TC0V ( èy.oi £oy.sîv ) slauvouca- toîç <$é èciv èipyijAÉva if vîjAt-
o'vou tt,v 0sov ô^eîcôat , JCai ou^ ïtîtïou , xat Xo'yov ys Ttva
sVt tw 7]|/.iovcj) },s'youo"t.v iurfiy.
Mirpa âe tou èv 01uj.;.raa Ato; iç ui|;oç ts *al supoç im-
C«(A8yo; yêypajijjtéva , èux èv sratvw Ô^'o-ou'.ai Toùç (/.STpYi'cav-
Taç- 6iî8i xal Ta cip7iuiva àuTOÎ; [xerpa •reo'Xu ti à7ïo6sovTa
£<7iv , yi toi; làoûci ivapéçYinev Iç to ayaXpia &o'ï;a.
Ônrou ys xai àuTÔv tov 0sov p.apTupa sç tou $et$fou Tr,v
In eo vero scamillo qui universam signi molem sustinet,
alia quaîdam sunt supervacanei operis quasi emblemata ex
auro.
In currum ascendunt Sol, Jupiter et Juno. Presto est
Gratia : eam Mercurius amplectitur, Mercurium Vesta. Con-
tinenti fçrè spatio Amor Venerem è mari emergentem exci-
pit : eui Suada coronam defert. Adsunt Apollo cum Dianâ.
Minerva, Hercules. In imâ basi cernuntur Amphitrite et
Neptunus. Equum Luna ( ut mihi videtur ) ad cursuni
incitât, etsi mulis ferunt, non equis Deam vehi , futili
quâdam de mulo vulgatâ fabula.
Et Olympii.quidem Jovis signum quàm altè latèque pateat
linearum des<riptiombus qui demonstrare conati fuerint
quum sciam non defuisse, eorum certè mihi parum est in
metiendo solertia : est eniift ea tota dimensio inferior multô
propè aspicientium opinione.
Tradunt certè ipsius dei autoritate Phidiae artem compro-
moyens propres à les décrire. Je parle des formes mêmes du langage , et encore des
mots, dont les tournures et les significations ne peuvent presque jamais obtenir une
propriété assez fixe pour être appliqués sans équivoque à la définition d'une multitude
de rapports dans les ouvrages de l'art.
L'équivoque s'attache naturellement à toutes ces prépositions dont le sens plus ou
moins vague ne saurait acquérir la précision mathématique. Or la langue grecque abonde
en prépositions de ce genre, mù, r^k, xaxà, «ç, etc. Si l'on suit trop la lettre, l'esprit de la
chose échappe. Il faut, en expliquant le mot, prévoir quel en sera le résultat. Nous
verrons, par exemple, que la seule manière d'entendre la préposition W dans un sens
plutôt que dans un autre, doublerait l'étendue du trône de Jupiter, et en quadruplerait
la dépense {voyez Paragr. XV). Sans doute de telles différences doivent être de quelque
poids dans la balance du critique.
Il est vrai que ces différences ne deviennent sensibles que lorsqu'on interprète Pausa-
nias, le crayon, et sur-tout ici, le compas à la main.
S'il est question des traducteurs de cet écrivain, on peut affirmer que presque tous
n'ont fait jusqu'à présent, dans la description du trône, que mettre les mots d'une autre
langue à la place des mots grecs. Quelques-uns ont ajouté à l'incertitude de la chose,
l'obscurité plus grande encore de ce mot a mot, dont la fidélité perfide travestit quel-
quefois, et dénature le sens d'un auteur plus que ne peut le faire la paraphrase la plus
détournée. Dans la vérité, il y a peu de secours à attendre, pour la critique de Fart, des
« Sur le soubassement qui porte le trône sont placés tout alentour beaucoup d'autres objets d'ornement. »
« Les sujets qu'on y voit représentés en or, sont le Soleil montant dans son char; ensuite Jupiter et
« Junon : tout auprès est une Grâce. Celle-ci donne la main à Mercure, qui la donne à Vesta. Après Vesta,
« c'est l'Amour recevant Vénus qui sort de la mer, et que Pitho couronne. Suivent Apollon et Diane,
« Mercure et Hercule. A l'extrémité du soubassement sont Neptune et Amphitrite, et la Lune (autant
« qu'il m'a semblé) montée sur un cheval; quoique, selon certaine tradition, la Lune ne doive se servir
« que de mulet, et non de cheval. »
« Je sais que plusieurs ont donné les dimensions en hauteur et en largeur de la statue de Jupiter; mais
« je ne saurais l'aire l'éloge de leur exactitude : car leurs mesures diffèrent beaucoup de l'opinion qu'en
« conçoivent les spectateurs à la simple vue. »
« Au reste, l'habileté de Phidias reçut, dit-on, le témoignage de Jupiter lui-même. L'ouvrage terminé,
Èrl &à tou Potôpou toO Ôpo'vov ts àvs'yovTo; xaî cfcoç aXkoz
XoffU.Oî rapt tov Aia.
Eiri toutou tou fiaOpou ypuaa TCOivijiaTa, àvaësêvi/.k); èra
apfia H"Xio; , xai Zsuç Te îçi -/.ai Hpa- -rcapa àe aurov Xàpi;-
TauTvi; &s Èp[j.r,ç fj^Tat , tou EpptoO Se Eç£a* u.ETa &è tvîv
Éçtav Épco; sçtv e'x. OaXâW/i; Â<ppooiTY]V àvioiïaav ùrçoâe^ofiS-
voç- tt]v &è AçpootTïiv çeçavoî IletOoV Èrai'pyaçat £s xat
ÀtcoOJuv <7Ùv Apréutoi, AÔvivâ ts y.cà HpaxTâjç. Kat -/)&n tou
PaÔpou 7;poç tô rapaTi Âf/.<piTpiTï] x.ai llocst^ûv , 2eXvfv7) ts
U7TC0V ( èy.oi £oy.sîv ) slauvouca- toîç <$é èciv èipyijAÉva if vîjAt-
o'vou tt,v 0sov ô^eîcôat , JCai ou^ ïtîtïou , xat Xo'yov ys Ttva
sVt tw 7]|/.iovcj) },s'youo"t.v iurfiy.
Mirpa âe tou èv 01uj.;.raa Ato; iç ui|;oç ts *al supoç im-
C«(A8yo; yêypajijjtéva , èux èv sratvw Ô^'o-ou'.ai Toùç (/.STpYi'cav-
Taç- 6iî8i xal Ta cip7iuiva àuTOÎ; [xerpa •reo'Xu ti à7ïo6sovTa
£<7iv , yi toi; làoûci ivapéçYinev Iç to ayaXpia &o'ï;a.
Ônrou ys xai àuTÔv tov 0sov p.apTupa sç tou $et$fou Tr,v
In eo vero scamillo qui universam signi molem sustinet,
alia quaîdam sunt supervacanei operis quasi emblemata ex
auro.
In currum ascendunt Sol, Jupiter et Juno. Presto est
Gratia : eam Mercurius amplectitur, Mercurium Vesta. Con-
tinenti fçrè spatio Amor Venerem è mari emergentem exci-
pit : eui Suada coronam defert. Adsunt Apollo cum Dianâ.
Minerva, Hercules. In imâ basi cernuntur Amphitrite et
Neptunus. Equum Luna ( ut mihi videtur ) ad cursuni
incitât, etsi mulis ferunt, non equis Deam vehi , futili
quâdam de mulo vulgatâ fabula.
Et Olympii.quidem Jovis signum quàm altè latèque pateat
linearum des<riptiombus qui demonstrare conati fuerint
quum sciam non defuisse, eorum certè mihi parum est in
metiendo solertia : est eniift ea tota dimensio inferior multô
propè aspicientium opinione.
Tradunt certè ipsius dei autoritate Phidiae artem compro-