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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0480

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DE LA STATUAIRE CIIRYSÉLÉPHANTINE. Ve PARTIE. 389

M. de Caylus est un de ceux que le goût de la statuaire en or et ivoire semble avoir
le plus révoltés. «Malgré (dit-il) (0 les éloges que le Jupiter Olympien et la Minerve de
« Phidias ont reçus, j'avoue qu'une autre Minerve de ce grand artiste, qui fut surnommée
« la Belle, piquerait beaucoup plus ma curiosité; elle était en entier de bronze, et devait
« à mon sens plus satisfaire la vue que cet assemblage d'or et d'ivoire et même de bronze
« qui composait les deux autres. » Ailleurs, parlant de la Minerve du Partliénon, il dit (a) :
« Cette statue présente encore une difficulté, elle était d'or et d'ivoire, et elle avait à ses
« pieds un serpent et un sphinx de bronze. Quel alliage de couleurs et de matières ! On
« a peine à concevoir leur agrément. Mais sans pousser plus loin l'examen sur ce point,
« qui pourrait être excusé par la mode et l'usage, etc. »

M. Heyne s'est livré dans plus d'un endroit au même genre de censure (3). Simulacra
eburnea (dit-il) veste plerumque erant amicta aureâ. Mira res sane ad nostrum sœculum et
in quâ Greciœ antiquœ elegantiam desideres. En parlant du coffre de Cypselus il s'élève
contre le mélange de l'or et de l'ivoire dans la sculpture. «Le bon goût (dit-il) improuve
« cette pratique (4). » Dièse mischung verscliiedener mas s en zu einèrley kunstwerk welche
derfeinere geschmack verwirft, etc. Ailleurs encore il répète le même jugement : NacJi (5)
unserer empfuidung zu urtheilen kommt uns dièses besonders vor, und scheint von den
feiiiem gesclnnack des alten Griechenlandes abzuweichen.

M. l'abbé Barthélémy n'a dit qu'un mot des statues d'or et d'ivoire de l'antiquité, mais
ce mot en est une censure à la vérité légère et détournée. «On nous montra, dit Ana-
« charsis(6), plusieurs statues, les unes en bois, c'étaient les plus anciennes, d'autres en
« or et en ivoire, ce n'étaient pas les plus belles. »

Selon M. de Paw (7) « l'extrême richesse de la matière et l'extrême importance que la
« superstition attachait à de si prodigieuses idoles semblait avoir excité une grande
« illusion aux yeux des Anciens que le bou goût abandonnait quelquefois. »

J'ai déjà réfuté (voj. Part. IV, paragr. VI) l'opinion de M.Lévesque, relativement aux
raisons de la préférence donnée à l'ivoire sur le marbre par les Athéniens dans l'exécu-
tion de la Minerve du Parthénon. Je n'y reviens ici que pour montrer l'accord du
sentiment de ce critique avec les jugements qui précèdent. «Phidias (dit-il) (8) ignorait
« aussi peu que les artistes modernes que le marbre convient mieux à la sculpture que
« le mélange de l'or et de l'ivoire. »

Ce concert de censures contre le goût de la statuaire en or et ivoire, de la part des
critiques modernes, me parait avoir eu pour causes quatre sortes de préventions.

La première vient de l'idée que cette espèce de statuaire fut uniquement le résultat accidentel
d'un goût étranger a la manière ordinaire de voir et de faire.

Naturellement les artistes et les critiques ont dû en juger ainsi. En effet, d'une part
les restes nombreux d'antiquités échappés à la destruction ne peuvent donner aucune
idée de ce «,enre de travail; de l'autre, Pline, de qui on tient la plus grande partie des
notions relatives à la sculpture antique, n'a assigné dans ces divisions historiques de

(1) Mémoires de l'Acad. des Inscript, et Bell. Let., tom. XXV, pag. 344. —(2) Ibid., pag. 3i8. — (3) Hcyn. super
vetere ebore. Nov. Comment. Soc. Reg. scient. , tom. I, part. II, pag. 107. — (4) Ueber den Kasten des Cjpselus,
pag. 8. — (5) Heyn. Ueber das etfenbein der alten. — (6) Voyage du jeune Anacharsis, tom. III, pag. 3g- _
(7) Recberch. philosoph. sur les Grecs, tom. II, pag. n4- — (8) Trad. de Thucyd., tom. I, excurs. I, pag. 37a.

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