Monatsberichte über Kunstwissenschaft und Kunsthandel (1.1900/1901)

— T35 —

plupart — et frangaises, trois tableaux seulement, un
Velasquez, un Rubens et un Rembrandt representent
les ecoles etrangeres et permettent la comparaison facile
de la technique de ces maitres avec celle des Italiens.
Les petits tableaux ont ete enleves; les autres, espaces,
ont beaucoup gagne ä etre ainsi- plus isoles. Malgre
cela, certaines- personnes ennemies du changement ne
peuvent se consoler de ce nouvel etat de chose; elles
ne ’peuvent s’habituer ä voir le Salon Carte prive de
l’Immaculee Conception de Murillo ou du Charles Ier de
Van Dyck! II est vrai de dire que cette modification
est transactionnelle et que l’on peut prevoir le jour ou
ce Grand Salon ne renfermera que des oeuvres de pein-
tres venitiens. Si de nombreux tableaux frangais y
sont encore exposes, c’est parceque, sauf les primitifs,
chasses de la Grande Galerie et places dans les salles
occupees autrefois par les Allemands et les Anglais, sauf
aussi la Collection La Caze dont nous allons parier,
aucun changement, faute de place, n’a ete apporte aux
toiles frangaises des XVIIe, XVIIIe et XIXe siecles.
Nous avons dit tout ä l’heure que trois cabinets
avaient ete reserves aux petits tableaux flamands et aux
peintures hollandaises de la Collection La Caze. La
place obtenue par le retrait de ces ceuvres de la Galerie
oü etait exposee autrefois la Collection entiere de ce
genereux amateur, a permis d’espacer les toiles italiennes,
espagnoles et, en grande majorite, frangaises qui y
sont demeurees. Les oeuvres de chaque maitre etant
bien groupees, on s’est mieux apergu da la richesse
extraordinaire de cette galerie en peintures precieuses
des petits maitres frangais du XVIIIe siede; les Watteau,
les Pater, les Laueret, les Chardin, les Fragonard etc.
et des magnifiques portraitistes comme Largilliere, de
Troy, Vestier, etc.
Voilä, dans leur ensemble, en quoi consistent les
remaniements du Louvre dans le departement des pein-
tures, que la plupart des visiteurs de l’Exposition ont
pu voir. II nous reste a examiner plus rapidement
les amenagements encore en cours d’execution et qui
ne seront termines que dans quelques semaines; au
moins pouvons nous des aujourd’hui signaler leur dis-
position generale.
Depuis longtemps on demandait que les meubles
si somptueux et si elegants en France au XVIIe et au
XVIIF siede soient mieux representes au Louvre;
que les tapisseries des Gobelins de cette epoque y
figurassent; on se plaignait enfin que le petit Musee du
Garde Meuble, si riche et si complet, ne soit pas
transporte tout entier au Louvre, oü il ne tarderait pas
ä acquerir une reputation meritee. C’est la reforme
que l’on est en train d’accomplir actuellement, ces
meubles, exposes au Petit Palais des Champs Elysees,
devant reintegrer le Louvre et non leur ancien
asile. Cinq grandes salles, consacrees autrefois aux

dessins Italiens, hollandais et flamands vont etre
decorees de tapisseries et de meubles du temps de
Louis XV et de Louis XVI, qui ne manqueront pas
de provoquer l’admiration des visiteurs et du public.
Des tapisseries des Gobelins choisies parmi les plus
precieuses dans la Collection de plus de 1200 pieces
que possede l’Etat, garniront les murailles, des tapis de
la Savonnerie seront etendus ä terre, les meubles
seront disposes le long des murs et au milieu des salles
sur les riches tapis. Sur ces meubles, buffets, com-
modes et tables seront places des objets d’art, bronzes,
marbres, vases, pendules, candelabres, terres cuitesetc. . .
Les salles ornees ainsi de tapisseries , de meubles
et d’objets d’art prendront un aspect agreable et gai:
on peut se rendre compte de l’effet qu’elles feront en
se souvenant de certaine Galerie du Petit Palais des
Champs Elysees ä l’Exposition oü etaient places les
objets d’art du temps de Louis XIV, Louis XV
et Louis XVI. Ainsi sera represente dignement au
Louvre le meuble frangais qui a eu dans toute l’Europe
au siede dernier une si grande reputation et une in-
fluence si dccisive.
On s’occupera en meine temps de consacrer une
salle toute entiere ä une splendide Collection dont le
Louvre vient tout recemment d’heriter et dont nous
aurons peut-etre dans quelque temps l’occasion de
parier longuement ici. Elle se compose d’objets
chretiens, au nombre de quatre vingts environ:
orfevreries d’eglise, bijoux, chapelets, bois, marbres
etc. et certaines pieces sont d’une richesse et d’une
beaute merveilleuses. Ce genereux testateur est Mon-
sieur le baron Adolphe de Rothschild et, dans sa solli-
citude eclairee, il a laisse une grosse somme d’argent
pour permettre, sans grever le budget ordinaire du
Louvre, d’installer convenablement sa collection.
Les dessins que l’on aura eloignes de leur ancien
domaine, occuperont de nouvelles salles plus petites,
mais oü ils ne seront plus exposes ä poste fixe comme
autrefois, mais frequemment renouveles de fagon ä ce
que les plus importants de la collection de plus de
quarante mille que possede le Musee, soient successive-
ment places sous les yeux du public. Ces expositions
temporaires seront completees par l’installation d’un
cabinet de dessins, semblable ä celui de Berlin et oü
les travailleurs et les artistes pourront venir consulter
dans les cartons les oeuvres non exposees. Ainsi
lentement et par degres s’accomplissent les perfection-
nements depuis longtemps desires. Pour un grand
musee il ne suffit par toujours de posseder des oeuvres
d’art remarquables, il faut aussi les classer avec
methode, les placer de la maniere la plus avantageuse
pour en faciliter l’examen et l’etude. On a droit ainsi
a la reconnaissance de tous les amateurs, les savants,
les artistes.