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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0045

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4 LE JUPITER OLYMPIEN.

n'ignore pas qu'à l'égard de celle-ci l'on distingue plus d'une manière, qu'on en compte
même trois, celle des anciens artistes jusqu'aux temps où le commerce avec les Grecs put
influer sur le goût de la nation, celle du siècle des Ptolémée, et celle qui correspond à
la domination des empereurs romains. Toutefois , en admettant ces distinctions , qu'en
résulte-t-il? rien autre chose, sinon que l'on découvre, dans l'exécution des mêmes idoles
et des mêmes figures sans art, une exécution plus ou moins soignée. L'outil seul parait
avoir fait quelques progrès. Le fond du savoir, du goût et de l'invention, resta le même.

Les causes morales de cette imperfectibilité de l'Egypte, en matière d'art, ont été
répétées par tout le monde, et je crois en avoir ailleurs développé quelques-unes avec
assez d'étendue (0. J'en veux toucher ici une d'un autre genre, et qui se lie à mon sujet.
Il me semble en effet qu'il ne serait pas difficile de montrer comment l'usage de colorier
les ouvrages du ciseau, lorsqu'il devient dominant et invétéré dans un pays, tend à
arrêter les progrès des deux arts; car alors l'art de la forme et l'art de la couleur, comp-
tant sur leur secours réciproque., sont beaucoup moins forcés de se perfectionner isolé-
ment. La couleur du peintre supplée à la grossièreté de la forme du sculpteur. Celui-ci
à son tour dispense le peintre des véritables qualités de son art, mais sur-tout du dessin
et de la délinéation, qui en sont la base. Je serais tenté de croire que c'est encore la
peinture qui a le plus à perdre dans ce commerce illicite, et c'est peut-être ce qui est
arrivé en Egypte, comme peuvent en convaincre toutes ces figures sculptées et peintes
(ou glyphographiques) dont sont ornés tant au dehors qu'en dedans les temples et les
autres édifices de ce pays (2).

Ce qu'on y admire le plus, et ce qui sans doute y est le plus admirable, c'est la durée
et la conservation de ces couleurs appliquées sur des bas-reliefs de pierre; car leur anti-
quité est telle, qu'on ne connaît pas d'ouvrage d'art plus ancien. Mais ce qu'on y peut
le moins admirer, c'est l'art de la peinture. Telle est même la confusion de ce travail
glyphographique, que l'œil reste indécis entre les contours du sculpteur et les enduits du
peintre; de sorte que les anciens voyageurs (3) appelaient indistinctement ces ouvrages
des noms des deux arts, ce qui donne à connaître qu'ils ne méritent précisément ni l'un
ni l'autre.

Ce jugement porté sur les bas-reliefs de l'Egypte s'applique de soi-même au plus
grand nombre des statues de ce pays, c'est-à-dire, aux simulacres en bois qui y furent
sans doute les plus usuels, comme ils furent sans comparaison les plus répandus et les
plus multipliés au dehors. Il paraîtrait que les sculpteurs égyptiens, je parle de ceux de la
primitive école, n'auraient travaillé la pierre en statues que dans leur propre pays. Les
figures qu'ils faisaient, pour les envoyer au dehors, n'étaient que de bois. Pausanias le
dit formellement (4) de toutes celles qu'on leur attribuait par toute la Grèce, et qu'on
y regardait encore de son temps comme les plus anciens monuments du culte religieux.
Or toutes ces figures de bois, comme on aura l'occasion de le redire par la suite, étaient
coloriées et habillées d'étoffes réelles. Le travail, aujourd'hui bien connu des enveloppes
ou gaines de momies, donne une idée assez exacte de la manière dont s'alliait en Egypte

(1) De l'état de l'architecture égyptienne, etc.

(2) Voyez Descrip. de l'Egypte, etc. Antiq. planche, tome I.

(3) Voyez Paul Lucas, Voyage de la Haute - Egypte, livre V.

(4) Sîoavcc yàp &ï] tots eivai w£*So[*at itavra xoù [Ac&iç-a t« Aiyu^f'*- Pausari., lib. II, cap. iq. ,
 
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