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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0044

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DE LA SCULPTURE POLYCHROME. IRE PARTIE. 3
bientôt elle s'associa aux figures de relief ou de ronde-bosse. Cette association fut par-tout
l'ouvrage uniforme de l'instinct. La couleur des corps vivants, quelque imparfaite qu on
la suppose, est pour l'œil d'un sauvage ou d'un enfant l'image de la vie. Le mélange
du relief et du coloris leur fait une illusion complète. Là est pour eux le comble de
l'Imitation.

Ce procédé, qui tient au goût irrégulier ou à celui de l'Imitation sans art, dépend si
peu des causes naturelles du climat, auxquelles tant de systèmes attribuent les vices et
les écarts de ce genre, qu'on le trouve d'un pôle à l'autre, enraciné dans les premières
habitudes-de tous les peuples. Il existe chez ceux-là même qui le condamnent le plus;
et dans les sociétés les mieux cultivées par l'étude de la nature et la théorie de l'art,
ce goût trouve encore à se réfugier à l'abri de quelques inclinations vivaCes et indes-
tructibles ; car certains penchants qui viennent de l'instinct ont une force contre laquelle
toutes les puissances de la raison doivent sans cesse lutter; et cela même nous explique-
rait comment celui dont je parle, favorisé dans certains pays par les institutions reli-
gieuses et par l'esprit de routine, s'y est maintenu seul, et y règne encore exclusivement;
comment chez d'autres peuples on n'a pu lui enlever qu'une partie de son empire, et
comment ailleurs encore on ne parvint à le corriger qu'en le modifiant, en transigeant,
si l'on peut dire, avec lui, et en l'associant au système de l'Imitation raisonnée.

Mais ces considérations m'éloigneraient trop de l'objet de ce paragraphe. Je n'ai en
vue ici que de montrer l'origine du goût pour la sculpture coloriée, et de montrer encore,
dans l'universalité de son usage, la puissance du principe qui lui donna l'être. Sur un
point si constamment avoué et reconnu de tout le monde, je me crois dispense de
produire des citations, et d'invoquer le témoignage des voyageurs. S'il est une notion
incontestable, c'est sûrement celle qui s'appuie sur des faits dont l'examen est à la portée
de tout observateur, et dont l'existence se trouve confirmée par l'histoire de tous les
peuples.

Ceux en effet dont nous connaissons le mieux les commencements en fait d'art, parce
que toutes sortes de moyens et de circonstances ont contribué à perpétuer le souvenir
et la tradition de leurs premiers signes figuratifs, sont aussi,ceux qui nous offrent les
vestiges les plus nombreux de l'association de la peinture et de la sculpture dans les essais,
primitifs on les ébauches de l'Imitation.

Si, comme on le pense généralement, le peuple grec dut aux Égyptiens les premiers
rudiments de l'art, en recevant d'eux le plus grand nombre des idoles qui devinrent les
objets de son adoration et les prototypes de ses dieux, il est indubitable que ses maîtres
n'auraient guère pu lui communiquer d'autre goût que celui de la sculpture coloriée.

L'Egypte fut un de ces pays où l'autorité de l'instinct et l'habitude de l'imitation sans
«PS avaient établi l'empire le plus inébranlable. Il suffirait du passage de Platon (0, quand
les ouvrages de ce peuple ne le diraient pas encore plus clairement, pour nous apprendre
que les arts y furent opprimés sous le joug de la routine. Si du temps du philosophe grec
l'imitation se trouvait dans le même état où elle était des milliers d'années auparavant, et
s'il est certain qu'il entend parler plutôt du goût de l'art que de ses procédés mécani-
<P*es, la même observation devra aussi s'appliquer aux ouvrages de la sculpture. Je

(i) Plat, de Lcgibus, lib. II. cxoirâv Se iyptffoî âufdOi W ppioçov koe yeypaftwva, etc.
 
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