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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0077

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34 LE JUPITER OLYMPIEN.

même divinité (0 , dont le visage seul était enluminé de vermillon, lorsque le reste du
corps était de bois doré.

Une multitude d'exemples semblables, et dont plusieurs trouveront place sous de nou-
veaux points de vue dans la suite de ces recherches, prouveraient de plus en plus qu'il
faut entendre selon le sens le plus littéral le passage de Platon, que j'ai cité plus haut,
sur la peinture des statues. Je crois aussi qu'il faut expliquer de même, c'est-à-dire à la
rigueur du mot, celui de Pausanias, où cet écrivain décrit dans la ville de Thespies (2), un
Bacchus en plâtre, yityoû■weiromjiïvov, et orné de peinture, gwxexb^^o* yp*9«- C'était sans doute
une statue peinte. On ne saurait affirmer cependant qu'elle l'ait été en totalité ; peut- être
n'offrait-elle que des détails ou des parties de couleur. Mais lorsqu'on lit dans Plaute (3),
Signum pictum pulchre videris, il parait bien constant qu'il s'agit d'une statue toute peinte.

On peut citer encore aujourd'hui un grand nombre d'ouvrages antiques et de toutes
les matières, où la peinture et l'application des couleurs n'avaient lieu que par manière
d'ornement, et seulement sur quelques détails.

La dorure, dont on traitera plus au long par la suite, était souvent envisagée dans les
statues comme moyen colorant, ou de parure ; et, sous le premier rapport, on la trouve
employée sur les cheveux. C était de la part du statuaire une façon d'en exprimer ou d'en
signifier la couleur blonde : ainsi, la statue en marbre blanc du Narcisse, décrit par Phi-
lostrate, avait les cheveux dorés,

Toutefois il parait qu'on fit aussi servir la dorure sous un rapport allégorique. Il m'y
a guère moyen d'expliquer autrement l'application qui en avait été faite à la statue du
célèbre astrologue Berose, placée dans le gymnase d'Athènes. Les Athéniens la lui avaient
érigée pour ses prédictions astrologiques, et on lui avait doré la langue (4). Nul doute
que ce ne fût un symbole emprunté de l idée qu'on exprime, dans le langage usuel, par
les mots langue dorée; si l'on n'aime mieux que cette façon de parler ait tiré son origine
de la Sculpture Polychrome.

Personne n'ignore que jadis les femmes savaient déguiser leurs cheveux avec des
poudres de toute espèce, et les teignaient en toutes sortes de couleurs, mais sur-tout de
couleur d'or(5). L'art reste difficilement étranger aux pratiques sociales; et il dut l'être d'au-
tant moins en Grèce, que les artistes trouvaient, dans la plupart des costumes de leur
propre pays, des modèles qui les avaient habitués à en suivre les usages. Pourquoi ne
supposerait-on pas aussi qu'ils en auraient copié ce que nous appellerions aujourd'hui les
modes, et que ces modes étant celles des femmes les plus recherchées dans leur parure,
on les aurait quelquefois appliquées précisément aux figures les plus élégantes ?

Il nous est resté peu de statues auxquelles ce mot convienne mieux qu'à la Vénus de
Médicis. On sait que ses cheveux furent dorés, et qu'on y voit encore des restes de cet
enjolivement; ses oreilles percées annoncent de même un genre de parure réputé être
hors des ressources de l'art, et dont on trouve cependant beaucoup d'exemples dans les
monuments et dans l'histoire.

Les cheveux colorés se voient à une petite Vénus du Muséum d'Herculanum, qui de
ses deux mains presse sa chevelure ; et on en voit de pareils à une statue de femme drapée,
placée jadis dans la cour du même Muséum, et dont la tête est idéale.

(i) Paus. Corinth., Hb. II, cap. a. — (a) Paus. Bœot., lib. IX, cap. 3a. — (3) Plaut. Epidic., Act. V, v. 27. —
(4) In Gymnàsio statuant inauratâ linguâ statuére, Plin., ï. VII, c. 3j. — (5) Ut rutilus esset crinis. Serv. in Virgil.
 
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