Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0078

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
DE LA SCULPTURE POLYCHROME. IRE PARTIE. 35

En 1760, on découvrit à Herculanum une Diane de marbre (Voyez-en le dessin Pl. I,
fig. 5.) dont les cheveux sont blonds. Le vêtement de dessus, ainsi que celui de dessous,
ont la couleur naturelle du marbre blanc ; mais la draperie supérieure a ses bords ornés
d'une broderie de couleurs en trois bandes : la bande d'en bas est d'or ; celle du milieu,
plus large que les deux autres, est couleur de pourpre, et se compose de fleurs ou de
festons qui s'y détachent en blanc ; la bande la plus étroite, celle d'en haut, est simple-
ment couleur de pourpre.

Il ne faut pas, en ce genre, chercher les exemples, tant ils sont nombreux; la seule
considération qui me détermine dans le choix de ceux que je cite, est de pouvoir offrir
au lecteur des autorités faciles à vérifier. C'est pourquoi je ferai encore mention d'un
beau fragment de bas-relief rapporté par Buonaroti (*), et représentant un acteur tragique
dont la tunique était peinte en rouge, et cela, ajoute ce savant antiquaire, selon l'usage
quon avait de colorier les statues de Bacchus.

Les écrivains me fourniraient d'aussi fortes autorités en faveur de la pratique si usuelle
de diversifier, par des accessoires coloriés, les statues et les ouvrages de la sculpture.

Ainsi la statue dont le Corydon de Virgile voulait faire hommage à Diane, devait être
d'un marbre bien poli et avoir des brodequins peints en rouge, Levi de marmore tota
puniceo stabis suras evincta cothurno (2). Le mot tota, dans ce passage de Virgile, serait
encore l'objet d'une observation dont je pourrai faire usage dans un autre paragraphe (3).
Peut-être signifie-t-il que la statue devait être monolythe, et non d'assemblage de marbres
divers, comme on verra qu'il s'en est fait un si grand nombre, tantôt pour le plaisir des
yeux, et tantôt aussi par économie.

Le même poète, dans une épigramme, promet à Vénus l'offrande d'une statue de
IAmour en marbre, dont les ailes seront peintes de diverses couleurs, et dont le car-
quois sera, selon l'usage, orné de peintures (4).

Marmoreusque tibi, Dea, 'versicoloribus alis
In morem pictâ stabit Amorpharetrâ.

J aurai l'occasion tout-à-l'heure, en parlant des procédés de l'encaustique sur les statues
en marbre, de passer en revue beaucoup d'autres monuments existant aujourd'hui, et
dont le témoignage irrécusable confirmera ce qu'on avance sur le goût des anciens en
cette partie. Mais les passages des auteurs sont peut-être encore plus propres à déposer
en faveur dun usage, parce qu'il est à présumer que les écrivains recueillent, sur les
objets d'art, les impressions et les faits qui sont à la portée du plus grand nombre. Virgile
a-coup-sûr n'aurait point imaginé de rapporter, dans le vœu de la statue de l'Amour, des
détails qui n'eussent été que des singularités de caprice. D'ailleurs il nous apprend, par
les mots in morem, que ces détails de couleur étaient d'usage dans les accessoires de ce
dieu.

A l'égard de beaucoup d'autres sculptures, il me semble que les enjolivements dont il
s agit, lorsqu'ils ne résultaient pas, soit des opinions religieuses, soit des habitudes d'un
costume consacré à certaines figures, furent de simples badinages de l'art, et du genre de
ceux, par exemple, qui se trouvent si fréquemment sur les camées.

(0 sopr. alcun. Medagï., pag. 447. Secondo il costume di tignere moite statue di Bacco. — (a) Virgil. Eclog.
VII, v. 3i,—.(3) Voy. Paragr. VII. —(4) Virgil. Catalecta. Virgile de Heyne, vol. V, pag. 219.
 
Annotationen